Résumé
Présentation critique des diverses méthodes de conservation des souches de champignons filamenteux et situation de la cryoconservation dans ce contexte. Les traitements de conservation (lyophilisation et cryoconservation) peuvent provoquer des destructions d'ampleurs variables selon l'âge et la vigueur des souches, destructions qui menacent la survie globale dès qu'elles ne sont plus masquées par l'effet de masse: le conditionnement préalable des thalles est donc un élément déterminant de la survie.
Les quelques informations disponibles indiquent que la lyophilisation et la cryoconservation, correctement réalisées, n'accroissent guère la fréquence des mutations, mais ne bloquent pas la dérive des souches, au moins lorsqu'elle s'exprime dans le sens de la dédifférenciation (pléomorphisme du Trichophyton rubrum). Au niveau d'une variation biochimique réversible observée chez le Trichoderma viride, le traitement de cryoconservation se révèle être, contrairement à la lyophilisation, déstabilisant pour les spores mûres. La cryoconservation, au spectre d'application très large, semble donc n'être véritablement fiable, en l'état actuel des expérimentations, que si elle est appliquée à des éléments à forte stabilité épigénique: articles en cours de différenciation, spores jeunes. Dans la zone de ce spectre d'application où la lyophilisation est utilisable (champignons à spores munies de parois épaisses ou à sclérotes), celle-ci reste préférable à la cryoconservation.
Summary
The analyse of the results obtained by different methods is reported here. The processings of preservation may induce some variable destructions according to the age and the strength of the strains. Important destructions may provoque the death of the mycelium. But the lethal effect may be compensed by the number of reviviscent mycelial elements. The physiological state of the treated material is an important element for the survey. It appears today that freeze-drying and cryopreservation (in liquid nitrogen) correctly performed do not increase the frequence of mutations. They don't stop the variation of the strains as far as it is a matter of dedifferenciation (Trichophyton rubrum pleomorphism). Cryopreservation seems to be reliable if it is used for elements with high epigenic stability, as differenciating compartments of mycelium or young conidia. It may induce reversible biochemical variations on mature conidia (Trichoderma viride). Freeze-drying does not. So it appears that, when it is possible (spores with heavy walls or sclerotia) freeze-drying is better than cryopreservation.