Abstract
1. — La langue ossète est un objet d'études intéressant pour le linguiste, et cela pour plusieurs raisons. Entourée de toutes parts de langues non indo-européennes, elle a fait preuve d'une force de résistance considérable. Il y a évidemment un certain nombre d'emprunts en ossète, mais beaucoup moins qu'on ne s'y attendrait, et le fond du vocabulaire est resté iranien à ne pas s'y méprendre. Dans la phonétique seules les occlusives glottalisées dénotent une influence directe des langues voisines, la morphologie et la syntaxe sont restées, pour autant que je puis en juger, iraniennes dans une très large mesure. Le verbe n'a rien des bizarreries des langues du Caucase, seul le nom offre quelques particularités qui rappellent ces langues. Chose frappante, ces particularités se retrouvent en partie dans une autre langue indo-européenne qui a été soumise aux mêmes influences caucasiques, à savoir l'arménien. En ossète comme en arménien moderne nous avons un système nominal caractérisé par un grand nombre de cas exprimés par des désinences communes au singulier et au pluriel. Le système arménien est cependant moins riche que le système de l'indo-européen commun, l'accusatif a disparu dans les noms et le locatif subit le même sort dans les dialectes occidentaux. L'ossète seul parmi toutes les langues indo-européennes a un système de cas aussi riche, peut-être plus riche que l'indo-européen commun. L'ossète s'est recréé, sur les ruines du système hérité, un nouveau système très riche, d'une structure originale et, à plusieurs égards, très intéressante.