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L'Oubli et la mémoire dans quelques tragédies classiques françaises

 

ABSTRACT

This article explores the dynamic interplay between memory and forgetfulness in three French classical tragedies: Cinna, Andromaque, and Britannicus. Corneille envisages forgetfulness as a political virtue in Cinna: Auguste's clemency represents not only the redemption of the political misdeeds of his enemies but also their conversion from rebellion to submission. Moreover, the emperor's magnanimity conjures the notion of historical myth, his transcendence of guilt, and his profound need to detach himself from his criminal identity. Andromaque highlights, on the contrary, the tragic inability of protagonists to escape the powerful hold of the past on their conscience. Memories of the Trojan War continue to obsess them. Whereas Pyrrhus calls into question his heroic identity and winds up rejecting it, Andromaque takes refuge in the mythic past of Troy and remains forever wedded to the horrific images of the war's carnage. Racine emphasizes the deep-rooted influence of the historical past in Britannicus: Agrippine incarnates the aging matriarch bent on recapturing her glorious past but remains obsessed with the tragic dimension of time, which will result in her ultimate fall from power. Néron exemplifies the would-be virtuous emperor incapable of escaping from the tragedy of genetic determinism. By centering attention on the sheer decadence of Rome and the ignominious reign of the “monstre naissant,” Britannicus stands in direct opposition to Cinna, which clearly belongs to the heroic tradition of French classical tragedy.

Notes

1. Voir J. Scherer, Le Théâtre de Corneille 60. Dans cette perspective, J. Lyons fait ressortir la méfiance d'Auguste à l’égard du passé en tant que modèle conceptuel permettant à l'individu de mieux déterminer ses modes de comportement à l'avenir (Lyons 87).

2. Se reporter à Pommier 148.

3. Voir Racine 236.

4. Voir Racevskis 64. Tobin fait ressortir, à juste titre, le recours constant aux périphrases généalogiques – « le fils d'Agamemnon, » « le fils d'Achille,» « la fille d'Hélène » et « la veuve d'Hector » – par ceux qui s'identifient par rapport à leurs parents (Jean Racine Revisited 44).

5. G. Poulet considère Pyrrhus comme le protagoniste le plus significatif de la pièce, en ce sens qu'il a beau « se soustraire à cette ‘représentation du passé dans le présent’ qui constitue l'enjeu principal d’Andromaque » (108).

6. « … c'est justement le détenteur du pouvoir, Pyrrhus, qui attente à cette religion du souvenir dans laquelle communient (plus ou moins sincèrement) aussi bien les Grecs qu'Andromaque » (Ranger 96).

7. Selon S. Guénon, “… le récit autobiographique de la disgrâce d'Agrippine » met en évidence un souvenir virulent de sa part : « Ce jour, ce triste jour, frappe encor ma mémoire » (Archaïque Racine, Peter Lang [1993], 122).

8. Voir à ce sujet Brody 188.

9. Voir aussi sur ce point J-L. Backès, qui affirme : « Comme celle d'Athalie, la faiblesse d'Agrippine tient au vieillissement; ce qui la gêne, c'est le poids du passé, qu’à tout moment elle rappelle, dont elle ne peut admettre qu'il est révolu » (86).

10. C'est ainsi que J.-C. Ranger envisage le fonctionnement de la mémoire chez l'empereur : « Sa mémoire est une Agrippine intériorisée, qui a le même pouvoir de censure que le surmoi selon Freud » (98).

11. Se reporter ici à Knapp 97.

12. A ce propos, R. Tobin constate justement: « Néron est pris … entre deux temps, le passé et l'avenir » (« Néron et Junie, » 209). « Néron voit en Junie sa dernière chance d’échapper à son passé » (206).

13. Comme on l'a vu, dès que Néron illustre ses dons de cabotin en témoignant d'un amour filial vraisemblable aux yeux de sa mère, celle-ci sombre dans la crédulité (IV, 2 ; V, 3). Faisant semblant de reprendre les conditions proposées pas Agrippine (vv. 1288–1293), Néron prend le parti de pardonner les desseins conspirateurs de Pallas (v. 1299) et s'engage ensuite dans une fausse réconciliation avec son frère.

14. « Par le meurtre de son frère, Néron naissant se crée un passé et rejoint Agrippine dans le sien » (Edwards 140).

15. Dans cette optique, à en croire R. Barthes, “… la passion est une illusion” (88).

16. Dans son souci de calmer Agrippine avant son entretien avec son fils, Burrhus l'encourage à oublier ses offenses (« Ne vous souvenez plus qu'il vous ait offensée, » [IV, 1, v. 1104]).

17. Voir à cet égard R. Barthes (92).

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