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« Où sont les super-héros français ? Du Comte de Monte-Cristo à Astérix en passant par Mikros & Photonik »

 

ABSTRACT

Superman, Batman, Wonder Woman, The Fantastic 4, Spider-Man, X-Men, Black Panther (1966, and its filmic adaptation), all the superheroes are American. All? No, there are some since 1938 in France as original French creations and as the translations of the American Superheroes. But who heard about Fantax, Santanax, Misterx? Except for some thousands fans, these x illustrate, even if unwittingly, unknown heroes. The only French known and famous super-heroes in France, and a bit beyond its borders, are Asté rix and Superdupont, that is, parodies of superheroes. In this article, I explain why French superheroes never succeeded in adapting within the Franco-European comics world. I. There are many factors that would explain that absence and they are also intertwined: from the most obvious such as the censorship through the July-1949-Law to protect youth, to factors much less talked about like the absence of BD creators of Jewish origin, the negative connotations of the word ‘superman’ (ubermensch), explicit and tacit anti-americanism, the decline of the French power including in the cultural subfield (cultural geopolitics) and the French cultural policies that were, for too long, elitist, and included the disregard of BD and comics and even more of the genre superhero.…

RÉSUMÉ

Superman, Batman, WonderWoman, Les 4 Fantastiques, SpiderMan, X-Men, Black Panther (1966, et son adaptation filmique de 2018), bref, tous les super-héros sont américains. Tous ? Non, il en existe depuis 1938 en France tant sous forme de traductions-adaptations des superhéros américains, que dans des créations originales françaises. Cependant, qui a entendu parler de Fantax, Satanax, Mister X ? Sauf pour quelques centaines (milliers ?) de fans, ces X illustrent bien involontairement des inconnus. Les seuls super-héros français connus et célèbres en France, et un peu au-delà, sont Astérix et Superdupont, c’est-à-dire des parodies de super-héros. Dans cet article, j’expliquer pourquoi les superhéros français n’ont jamais réussi à s’acclimater dans la BD franco-européenne. Cette absence s’expliquerait par des facteurs multiples et entremêlés, des plus connus comme la censure par la Loi de juillet 1949 sur la protection de la jeunesse, à des facteurs moins évidents et surtout moins discutés comme l’absence de créateurs de bandes dessinées d’origine juive, la mémoire négative du concept de surhomme (Ubermensch), le déclin de la puissance française y compris de sa géopolitique culturelle, l’anti-américanisme explicite et latent, et la politique culturelle française trop longtemps élitiste qui incluait le mépris de la BD et des comics et plus encore du genre super-héros.

Disclosure statement

No potential conflict of interest was reported by the author.

Supplemental material

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Notes

1. Voir Reynolds Citation1992; Coogan 2006; et en français, Delbecque (Citation2016, 107–116) (superpouvoir, nom de code, costume, masque, double identité, mission, motivation, origin story, super-ennemi, …), ce à quoi il faut ajouter la verticalité de la grande ville (qui est caractéristique de certaines villes américaines mais pas du tout des villes françaises).

2. Voir aussi Claude Forest, Du héros aux super héros : mutations cinématographiques, 2014 ; il existe évidemment aussi une multiple d’articles en ligne, y compris quelques-uns, rares, dans des revues académiques et/ou par des universitaires, et de plus en plus de thèses en cours ces 2 ou 3 dernières années.

3. Seules quelques pages sont consacrées aux héros franco-belges (127–129) alors qu’un chapitre est consacré aux ‘super-héros’ japonais (97–104), et en contraste avec 350 + p. consacrées aux super-héros américains.

4. Selon l’ACBD, Delcourt est le 4e ; il a publié d’autres aventures de super-héros dont nous reparlerons en fin d’article.

5. Bush après 2001 avec son « axis of evil », et récemment Trump et sa vision populiste simplificatrice.

6. Le terme « sup’héros » était censé marquer l’originalité des publications superhéroïques françaises.

7. Ainsi aux USA, le déclin du média comic book est dû davantage à la télévision qu’à la commission de 1954.

8. Il suffit juste de lire l’anthologie de Fournier pour, chapitre après chapitre, voir ces échecs.

9. D’autres facteurs ont été donnés pour expliquer cette absence comme la méfiance du masque (Fournier Citation2015, 23).

10. Le même pourrait être dit de la Belgique dans son déclin (relatif) mais certain comme puissance, dès la 1e guerre mondiale, et amplifiée à la fois par la perte du contrôle de ce qui lui donnait un statut international (sa colonie, le Congo), et ses divisions internes (linguistiques et culturelles).

11. Eco cite un texte de Gramsci de 1925 : ‘Quoi qu’il en soit, on peut affirmer que beaucoup de la prétendue “surhumanité” nietzschéenne a comme origine et modèle doctrinal non pas Zarathoustra mais le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas’, Eco (Citation1995,7).

12. Pour la traduction et interprétations des concepts nietzschéens dont celui de l’Ubermensch en France, voir Verbaere (Citation2003).

13. Aux USA, le cas est différent puisque d’une part le concept et le succès du super-héros ont commencé avant la 2e guerre mondiale (et donc avant la systématisation de l’Holocauste et l’association négative du concept de l’Ubermensch), et d’autre part, les Américains étaient plus éloignés vis-à-vis de la philosophie nietzschéenne, tant intellectuellement—étant déjà majoritairement centrée sur la philosophie analytique—et populairement (où les références à la haute culture sont moins prégnantes). A cela on pourrait ajouter un 3e facteur qui est le rôle en partie [in]conscient des nombreux acteurs juifs (auteurs, éditeurs) dans le monde des comics.

14. Pour le rôle de la judaïté dans la création du super-héros, voir Arie Kaplan (Citation2008) parmi d’autres; même si Martin Lund (Citation2017) critique cette interprétation judéo-centriste parfois bâtie sur des anecdotes, coincidences ou des faits encore à construire sérieusement, il ne rejette pas la thèse, mais cherche à la nuancer et à promouvoir plus de rigueur (voir mon compte rendu dans Belphégor).

15. Pour la présence juive dans tous les domaines culturels en France (littérature, peinture, cinéma, …), voir Birnbaum (Citation1991).

16. On sait qu’Astérix peut être interprété comme un résistant à diverses violences, de l’invasion romaine à la l’occupation nazie et à l’impérialisme culturel américain (Rouvière Citation2008).

17. Voir la minisérie américaine Le Grand Charles (2006, 2 ans après l’invasion « américaine » de l’Irak) où de Gaulle est représenté come un échalas rigide et dédaigneux face à la « coolness » des Anglo-Saxons lors des décisions qui sont prises sur le Débarquement du 6 juin.

18. Thèse qui dit que les Français ont tous (plus ou moins) résisté et qui commença à craquer fin des années 60 après une longue période de répression à la fois explicite (gaullienne) et inconsciente, comme l’a montré Rousso.

19. Il n’y aucun article ou même mention de superhéros français dans les études sur la BD par des anglophones, sauf à Superdupont.

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