Et pourquoi pas une éducation aux sciences qui aborde la participation des acteurs sociaux aux controverses sociotechniques?

Résumé

Dans cet article nous faisons état d’une recherche qui s’est déroulée dans le cadre d’un projet orienté vers une éducation aux sciences citoyennes. Nous présentons la recherche et quelques-uns des résultats qui en sont issus, puis nous prenons position quant à la pertinence d’aborder, en classe de sciences, les questions de la participation citoyenne aux débats sociotechniques et des rôles et capacités des acteurs sociaux concernés.

Abstract

In this article we discuss research that was conducted as part of a project on citizen science education. We present the research and some of the results, and then take a position on the pertinence of examining, in science classes, questions on citizen participation in socio-technical debates and the roles and capacities of the social actors concerned.

Acknowledgments

L’étude que nous avons menée a été supportée financièrement par le FQRSC sous forme d’une bourse doctorale de trois ans (2003–2006). Le projet de recherche dans lequel elle s’inscrivait a été financé par le CRSH.

Notes

À cet égard, quelques études ont tenté de cerner les difficultés rencontrées par des enseignants et enseignantes qui se sont engagés dans la voie d’une alphabétisation technoscientifique qui vise à familiariser les élèves avec la prise de position collective et la participation aux discussions à caractère sociotechnique. Au nombre des difficultés identifiées par les enseignants, on compte la maîtrise insuffisante des contenus et le manque de confiance en soi pour orienter les élèves dans l’élucidation des enjeux relatifs aux problématiques sociotechniques actuelles (Aikenhead, 2006). D’autres études, par ailleurs, ont montré qu’à l’instar des élèves du secondaire (Driver, Leach, Millar et Scott, 1996), les enseignants et futurs enseignants du primaire entretiennent des conceptions naïves de la nature et de la portée des savoirs scientifiques (Tsai, 2007; voir aussi la revue critique des recherches effectuée par Abd-El-Khalick et Lederman, 2000).

L’approche de Callon et al. (2001) peut être considérée comme relevant du domaine de Public understanding of science bien que l’entrée des auteurs soit avant tout sociologique dans la mesure où leurs efforts de réflexion théorique s’inscrivent dans le champ – interdisciplinaire, d’ailleurs – de la critique du modèle déficitaire de compréhension et capacités citoyennes. Cette critique est alimentée et théorisée dans le champ de Public understanding of science. Plusieurs des travaux, y compris ceux de Callon et ses collègues, ont contribué au climat dans lequel a été effectué un des appels pour un dialogue entre le «public» et les représentants des intérêts de ce public ainsi que pour une refonte de la structure de certains dispositifs institutionnels de prises de décision.