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Articles and Essays

L’Intime et l’espace dans le Journal d’Yves Navarre

Pages 523-531 | Published online: 14 Dec 2011
 

Abstract

This article explores the way in which writing relates to space and space to writing in the unpublished Diary of the French writer Yves Navarre, who lived in Montreal for two years (1989–1991) and donated his Journal to the Bibliothèque Nationale du Québec before going back to Paris, where he committed suicide in 1994. A presentation of the diary's striking features is followed by a study of the role played by travels and the comments they generate, leading to an analysis of the links between self-writing and space in Navarre's Journal.

Notes

1. Yves Navarre, qui vécut à Montréal de juillet 1989 à septembre 1991, obtint le Prix Goncourt en 1980 pour Le Jardin d’acclimatation et en 1992, le Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

2. Une bourse pour chercheurs étrangers, décernée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec en 2009, m’a permis de travailler sur le fonds Yves Navarre, composé en particulier du Journal et des agendas de l’auteur. Je remercie vivement les ayants-droit de la confiance qu’ils me témoignent en m’autorisant à en faire usage.

3. Vingt-sept cahiers de 1971 à 1984; dix cahiers appelés Journal illustré, de 1987 à 1989; six cahiers constituant le Journal de Montréal, de 1989 à 1990. L’interruption au milieu des années 80 correspond à une période de maladie et de convalescence.

4. Quelques jours plus tard, on note que le Journal s’étoffe de documents divers: « Je m’étais juré de ne rien coller sur ce nouveau journal. Puis tout afflue. » (11 décembre 1980)

5. Dans une courte notation, l’auteur évoque de manière saisissante le lot de l’écrivain, tel qu’il le perçoit: « Sisyphe devient Icare et tombe. Adieu » (2 novembre 1975). Le suicide est la voie qu’il choisira. Bien qu’il soit délicat d’interpréter ce geste, il semble étroitement lié au fait que l’auteur attendait de la pratique de son art une plénitude impossible à réaliser, tant sa demande était exigeante: pallier à la souffrance existentielle et à la solitude.

6. Deux cahiers sont consacrés à des séjours à l’étranger : le cahier vingt-et-un, sur le voyage en Chine et au Japon (1981) et un tome non numéroté intitulé « le voyage en Allemagne » (1984).

7. Né à Condom, dans le Gers, en 1940, Yves Navarre était fier de ses origines gasconnes et rappelait souvent qu’il était avant tout provincial.

8. Le changement d’appartements parisiens est vécu de façon similaire: le choix d’un nouvel espace permet de reprendre espoir : « Tout préparer pour le changement d’appartement. Tout à refaire. Et à dépenser : un peu d’argent mis de côté. Je veux me faire ce cadeau-là. Anti-suicide. Ré-enracinement » (25 novembre 1973).

9. Le 10 août 1980, l’auteur est à Joucas où il écrit Biographie. Il note : « Seul. Chaleur. Je ne suis pas content du chapitre soixante-sept. Je trébuche. Je me cherche. Je doute de plus en plus de moi et de mon entreprise. […] Le souvenir de [X] me hante. Son ironie aussi. Et cette maison où je me sens enfermé et cloîtré ». Voir aussi l’entrée du 31 mai 1980.

10. Le Journal s’interrompt entre le 22 avril 1989 et le 23 septembre 1989, soit cinq mois correspondant à peu près à la rédaction du livre.

11. Les « Carnets » parus dans Le Devoir de septembre 1990 à septembre 1991, furent publiés sous forme de recueil : La Vie dans l’âme, Montréal, VLB éditeur, 1992.

12. Cette notation est écrite en rouge, ce qui est rare dans le Journal, où seules quelques phrases sont écrites dans une encre d’une couleur autre que le bleu.

13. L’interprétation proposée est soutenue par l’analyse de l’œuvre. Au début des années 90, le ton s’assombrit. Dernier dimanche avant la fin du siècle se termine sur ces lignes : « Où il aurait été suggéré que toute fréquentation humaine entre deux, fût-ce par le truchement de l’artisan et de son œuvre, œuvre dite d’art, donc de demande et d’appel, ne peut aboutir qu’à une frustration encore plus grande, voire une violence, on voudrait toujours en savoir plus, et pourquoi ? » (177).

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