Abstract
Dans Le Discours aux animaux de Valère Novarina (1987), « [u]n homme parle à des animaux, c’est-à-dire à des êtres sans réponse. Il parle à trois cents yeux muets. » L’homme en proie au Discours éructe sa tirade en réaction à des signes obscurs, répond à de sombres instincts, assouvit des besoins, incarne l’idée selon laquelle « ce dont on ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire ». Dans l’interprétation théâtrale, cet homme tétanise le spectateur, précipité qu’est ce dernier au cœur du territoire menaçant et inconnu de l’autre, recevant de plein fouet l’inintelligibilité de logorrhées où affluent pourtant signes identifiables et sens certain. Cet article analyse les anthropoglyphes du Discours aux animaux, points de confluence de l’animal et de l’humain.
Notes
1. Ludwig Wittgenstein. Proposition 7 et dernière, Logisch-philosophische Abhandlung : « Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen. » La traduction de Klossowski est contestée. Dans le dossier du Magazine Littéraire, Le Rider propose celle-ci, plus fidèle à l’allemand: « Sur ce dont on ne peut parler, il faut se taire » (39). Delacampagne en cite une autre, voisine : « Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence » (31).