L'Espace littéraire de Mahi Binebine: pour une esthétique du désenchantement social

ABSTRACT

The Stars of Sidi Moumen (2010) of Mahi Binebine is a francophone Moroccan novel that clearly illustrates the current interest of the Moroccan writers to all aspects of daily life of individuals and society. It is an expression of the writer's citizenship, but also a literary creation and contribution as citizen. It is a text that illustrates the interactions between literature and the lived space of everyday life, knowing that the space referred to in this novel is a space of non-space: a spatial and human chaos of Sidi Moumen slum in Casablanca. It would therefore be interesting to see how the social context, which serves as base to literary works, is reinstated in the context of the imaginary, questioning the definitions that tend to separate literature from the real or the surrounding world and to query the effects of place on individual behaviors and the shaping of identity tensions to the point of making “murderous identities” in the words of Maalouf. Indeed, from the status of children “slum” to that of children suicide bombers “kamikazes,” the reader is faced with a trajectory that reflects human frailty, from simple individual disillusionment to a real disenchantment fed by social criticism.

KEYWORDS:

• bidonville
• espace
• social
• imaginaire
• référentiel
• identité

Notes

1. Gagnant du Prix du Roman Arabe et du Prix Littéraire Mamounia.

2. C'est le nom donné aux enfants du bidonville de Sidi Moumen, notamment le narrateur Yachine et son frère Hamid, Fouad, Nabil, Khalil, et Azzi.

3. Selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2004 au Maroc, réalisé conjointement par le ministère de l'Intérieur et le Haut commissariat au plan.

4. « On ne nait pas martyr... » est le sous-titre du long métrage : Les Chevaux de Dieu sorti en 2012, de son réalisateur marocain Nabil Ayouch, inspiré du roman de Binebine. C'est une transécriture qui réinvite à un pluriel de sens puisque l'espace du bidonville, d'abord lisible, devient visible et affermit ainsi tout ancrage référentiel. Le film a été présenté à Cannes dans la sélection officielle Un certain regard et on a décerné à son réalisateur Le Prix François Chalais.

5. Dans Cannibales, Binebine a aussi dévoilé les différentes motivations qui poussent l'individu à tenter l'immigration clandestine en traversant la Méditerranée, comme issue aux problèmes quotidiens. Tel un visionnaire, il a pointé du doigt ce fléau contemporain qui mobilise aujourd'hui plusieurs pays dans le monde entier, faisant face à l'afflux considérable des réfugiés, fuyant les guerres et la misère en vue d'un asile réconfortant et humain.

6. Il faut préciser que depuis les attentats de 2003, un plan d'action gouvernemental « villes sans bidonvilles » a eu lieu au Maroc en 2004, ayant pour ambition l’éradication des bidonvilles marocains et le relogement de leurs habitants à l'horizon 2012. La résorption n'est cependant pas encore complète malgré l'accélération du processus.

7. Voir Glissant qui montre, dans son essai Introduction à une poétique du divers, comment l'identité doit être conçue plutôt comme un creuset de plusieurs rhizomes qui peuvent s'enrichir mutuellement que comme racine unique obligeant le sujet à se fermer à soi-même : « Comment être soi-même sans se fermer à l'autre, et comment s'ouvrir à l'autre sans se perdre soi-même ? » (23-24).

Additional information

Notes on contributors

Afaf Zaid

Afaf Zaid is a professor of French and Francophone literature at the Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d'Oujda, Université Mohammed Ier, Morocco. She is a researcher and member of the research team on literature of French expression, Laboratory of General and Comparative Literature. She is the author of several articles on Moroccan literature, such as “L’écriture romanesque au Maroc ou le paradigme de la diversité” (Liverpool UP 2013) and “L’Écriture du silence chez Abdellatif Laâbi ou la poétique de l'indicible carcéral” (Cambridge Scholars Publishing 2013).