Résumé
L'extrémité abdominale des larves d'Anisoptères porte trois épines caudales qui entourent et ferment l'anus. Ces épines, à trois faces, sont particulièrement bien développées chez les Aeschnidae. On les trouve dans les deux sexes et elles sont généralement écartées. Leur fonction était jusqu'ici inconnue.
Les larves d'Aeschnidae, nourries de larves de Trichoptères, essaient toujours de saisir la proie par le haut, juste derrière la tête. Les mouvements de défense de la proie sont parfois si forts qu'ils font facilement perdre l'équilibre au prédateur. Celui-ci effectue un mouvement pendulaire de l'abdomen, suivi d'un coup brusque de l'extrémité abdominale contre la proie. Ces coups peuvent se succéder plusieurs fois jusqu'à ce que la proie ne se défende plus. Les épines caudales sont alors étroitement fermées et s'enfoncent profondément dans la proie.
Les larves d'Aeschnidae se servent aussi de leurs épines dans le combat intra- et interspécifique au cours duquel elles essaient de s'enfoncer réciproquement les épines caudales dans l'abdomen. Le combat, souvent très violent, ne se termine que lorsque la proie se déchire.
Lors des rencontres occasionnelles ou expérimentales entre deux congénères, une distance minimale de 2 cm environ est respectée et les larves s'orientent de façon télotactique (fig. 2). L'auteur suppose que les larves d'Aeschnidae se reconnaissent et sont capables de perception de la « Gestalt ». Un très précieux travail de Koehler (1924) sur la vision des couleurs chez les larves D'Aeschnidae est cité.