Résumé
Ce bref exposé ne veut et ne peut être une étude exhaustive qui embrasserait l'histoire complexe de la vie philosophique dans la Compagnie de Jésus. Il s'agit plutôt de mettre en valeur quelques points saillants de cette histoire. Prenant comme point de départ la distinction proposée par K. Popper entre le contexte de la découverte et de la justification, L'A. se propose de montrer que des jésuites ont entrepris des recherches proprement philosophiques même si leurs préoccupations—le contexte de la découverte—furent souvent de nature théologique ou pastorale. Après avoir évalué l'influence de la scolastique espagnole et en particulier de Suarez dans les universités allemandes l'A. examine comment des jésuites ont réagi face à la culture contemporaine. Au début de ce siècle l'Eglise fut secouée par la crise moderniste qui fût aussi une crise philosophique. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'oeuvre du P. J. Maréchal. Voulant éviter le dilemme dogmatisme/scepticisme, il tâche de démontrer que l'ancienne épistémologie ne peut se comprendre que grâce à l'a priori du dynamisme intellectuel. Cette nouvelle approche de St. Thomas contribua non seulement à l'étude de Kant et de Hegel dans les maisons de formation de l'Ordre mais eu des répercussions importantes sur l'élaboration de l'oeuvre théologique de K. Rahner. Le tournant anthropologique que la philosophie a prise en Europe se manifeste aussi dans l'oeuvre des jésuites philosophes contemporains. Il s'avère qu'on ne peut plus parler chez eux d'une ‘philosophia communis’ mais d'une variété d'approches et de modes de penser.