180
Views
0
CrossRef citations to date
0
Altmetric
Articles

La bibliothèque publique au prisme du vécu des publics et des non-publics : une institution culturelle en mutation?

, &
Pages 46-66 | Published online: 24 Mar 2023
 

Abstract

Cet article s’intéresse au vécu des publics et des non-publics de la bibliothèque Marc-Favreau à Montréal. L’analyse révèle des divergences dans les rapports tout autant que dans les perceptions à l’égard de la bibliothèque. Tant les publics que les non-publics laissent voir des positionnements originaux sur un continuum liant ses aspects documentaires, qui sont associés à une conception traditionnelle, à ses aspects communautaires, qui renvoient à une conception contemporaine. Ce faisant, le texte pointe la prévalence d’une perspective traditionnelle, tout en proposant une compréhension située de la dimension communautaire. Des tensions sont repérées entre ces aspects, interrogeant les aspirations institutionnelles de la bibliothèque « pour tous ».

This article looks at the experiences of the public and non-public at the Marc-Favreau library in Montreal. The analysis reveals divergences in the relationships as well as in the perceptions of the library. Both the public and the non-public disclose original positions on a continuum linking its documentary aspects, associated with a traditional conception, to its community aspects, which refer to a contemporary one. In doing so, the article highlights the prevalence of a traditional perspective, while proposing a situated understanding of the community dimension. Tensions between these aspects are identified, which call into question the institutional aspirations of the library “for all.”

Déclaration

Aucun bénéfice financier n’a résulté de la présente recherche.

Disclosure statement

No potential conflict of interest was reported by the author(s).

Notes

1. Mieux connu sous le nom de « makerspace ».

2. Notons que si le terrain est bien celui de la BMF, certains participants évoquent également la Grande Bibliothèque du Québec, qu’ils considèrent plus largement avoir été précurseur de changements et, de fait, avoir influencé leur vécu à ce sujet.

3. Incluant l’observation de trois activités socioculturelles organisées à la BMF au cours de décembre 2017 : « Mes Coups de cœur culturels », « Vous souvenez-vous? », qui portait sur le patrimoine local, ainsi qu’un atelier de coloriage pour adultes.

4. L’analyse par émergence a consisté à lier des unités de sens à des codes, catégories ou dimensions analytiques émergentes, pour ensuite travailler leur articulation dans une logique de distanciation théorisante (Lejeune, Citation2014).

5. Si elle s’inscrit à contre-courant d’une logique de vérification partant de la théorie vers l’empirie (voir Luckerhoff et Guillemette, 2012), cette approche n’est pas exempte de « moments » hypothético-déductifs, dans la mesure où un retour constant aux données est réalisé suite à l’élaboration de pistes théorisantes dans le but de prendre la juste mesure de la pertinence de celles-ci.

6. Certains parents accompagnaient le participant (alors enfant) dans sa découverte des livres, tandis que d’autres les laissaient seuls.

7. Ce terme désigne la fragmentation de l’espace en micro-zones, partiellement isolées, dont les usages attendus et l’ambiance sont conséquents, et qui contribuent à la cohabitation de différents publics et types d’activités, des plus calmes aux plus animées.

8. Nous précisons « formellement », car si parler, manger ou rire en bibliothèque est par exemple institutionnellement admis à la BMF, un gardien de sécurité est bien venu nous indiquer de baisser le ton alors que nous réalisions un entretien de groupe dans un local fermé.

9. L’Office québécois de la langue française (OQLF) propose la traduction « costumade » de même que cette définition : « Activité axée sur la personnification, qui consiste à se costumer en personnage de fiction, issu d’un jeu vidéo, d’une bande dessinée ou d’un film d’animation, et à jouer en public son personnage en imitant son comportement » (OQLF, Citation2010).

10. Toujours selon l’OQLF, l’expression peut se traduire par « espace sûr » et se définir ainsi : « Lieu explicitement décrit comme dépourvu de discrimination, qui est aménagé afin de permettre aux personnes appartenant à un groupe social marginalisé ou vulnérable d’exprimer librement leur identité » (OQLF, Citation2019).

11. Qui est incidemment une usagère récente.

12. Dans la programmation de la bibliothèque pour la période correspondante à l’automne 2018, la description de l’activité est la suivante : « Revisitez des moments marquants de l’histoire du Québec à l’aide de photographies, d’extraits de livres et de musique. Au programme : l’école à travers le temps » (p. 19).

13. Ces personnes se différencient de celles dont il a été question plus haut qui, elles, appréhendent la bibliothèque en relation avec son aspect documentaire. Ici, on perçoit que l’institution comporte une dimension documentaire, bien que cette dernière ne soit pas mobilisée dans les pratiques.

14. Soulignons que certains volets contributifs, plus indirects, sont présents au sein de l’archétype documentaire, participant à l’établissement d’une certaine forme de démocratie culturelle : de nombreuses bibliothèques permettent aux usagers de proposer des choix de livres, de disques, de films, etc. Une analyse fine des différentes formes de participation et de contribution en bibliothèques demeure toutefois à être réalisée. Voir Deodato (Citation2014) et, plus spécifiquement sur la constitution des catalogues, Tarulli (Citation2012).

15. Bien qu’aucune restriction formelle ne soit a priori présente, rappelons qu’il existe dans tout contexte et toute société certaines pratiques, activités, idées et discours socialement admis et d’autres plus ou moins exclus, ne serait-ce que par intériorisation des schèmes dominants, ainsi que des restrictions a posteriori.

16. Des parallèles intéressants demeurent à dresser avec l’individu qui, dans les environnements numériques, devient à la fois consommateur et producteur de contenu (parfois évoqué dans la littérature sous la figure du prosumer) ou encore usager et producteur (produser). Voir notamment Beaudouin (Citation2011).

17. « La deuxième génération de bibliothèque tiers lieu correspond au modèle de la bibliothèque communautaire prolongeant la maison de jeunes et le centre communautaire. Les bibliothèques de quartier exemplifient cette vision à échelle humaine du tiers lieu, dédiée à l’activation de la sphère publique locale. Celles-ci accordent une superficie généreuse aux espaces sociaux qui remplissent des fonctions communautaires, éducatives ou qui sont reliées à l’exercice de la citoyenneté : salle communautaire, salle de travail en équipe ou collaboratif, salles de programmation pour les organismes communautaires, agora, living room, commons, avec les services et les programmes à l’avenant » (Martel, Citation2018, p. 25).

18. Par exemple, la Vancouver Public Library a créé en 2008 une trousse d’outils pour favoriser l’inclusion qui fait désormais référence au Canada. Voir http://www.vpl.ca/working-together-community-led-libraries-toolkit.

Log in via your institution

Log in to Taylor & Francis Online

PDF download + Online access

  • 48 hours access to article PDF & online version
  • Article PDF can be downloaded
  • Article PDF can be printed
USD 53.00 Add to cart

Issue Purchase

  • 30 days online access to complete issue
  • Article PDFs can be downloaded
  • Article PDFs can be printed
USD 270.00 Add to cart

* Local tax will be added as applicable

Related Research

People also read lists articles that other readers of this article have read.

Recommended articles lists articles that we recommend and is powered by our AI driven recommendation engine.

Cited by lists all citing articles based on Crossref citations.
Articles with the Crossref icon will open in a new tab.