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L’engagement monétaire des joueurs amateurs de poker : analyse sociologique d’une pratique intensive, mais « ordinaire » du jeu d’argent

&
Pages 170-198 | Published online: 17 Mar 2023
 

Abstract

Sans nier les risques de dépendance associés à la pratique des jeux d’argent, notre étude se fonde sur une enquête par questionnaire ethnographique menée auprès de joueurs amateurs de poker ayant une pratique relativement intensive mais limitée du jeu. À travers une analyse approfondie des données de cette enquête, nous avons d’abord cherché à mesurer l’intensité puis l’évolution de leur pratique en termes de mises, en ligne ou en live. Puis, nous avons confronté leur investissement à l’intérieur du jeu aux conditions d’existence et aux ressources dont ils disposent en dehors du jeu, au regard de leur genre, de leur diplôme et de leur catégorie socioprofessionnelle. Observant des disparités importantes dès leur initiation au jeu, nous avons alors découvert que les joueurs interrogés avaient progressivement tendance à réguler leur engagement monétaire en fonction de leurs conditions d’existence et des habitudes de mises de leur communauté de pratique.

Without denying the risks of addiction associated with gambling, the study is based on an ethnographic questionnaire survey conducted among amateur poker players with a relatively intensive but limited gambling practice. Through an in-depth analysis of the data from this survey, the authors first sought to measure the intensity and then the evolution of their practice in terms of betting, whether online or live. They then compared their investment in the game with the conditions of existence and resources available to them outside the game, with regard to their gender, their level of education and their socio-professional category. Observing significant disparities from their initiation to the game, the authors then discovered that the players interviewed gradually tended to regulate their monetary commitment according to their living conditions and the betting habits of their community of practice.

Déclaration

Nous n’avons aucun conflit d’intérêt à déclarer et n’avons tiré aucun bénéfice financier de cette recherche.

Disclosure statement

No potential conflict of interest was reported by the author(s).

Notes

1. Ces estimations sont néanmoins discutables, car il n’existait pas encore d’études à grande échelle sur le sujet.

2. Pour citer quelques articles parus dans la presse quotidienne française : « Les chaînes se piquent au jeu » (Libération, 05/09/2005), « Le poker rafle la mise sur Internet et à la télévision » (Le Monde, 05/01/2006); « C’est la pokermania! » (Le Parisien, 30/09/2006).

3. Notons, à cet égard, que la crise de la COVID-19 semble avoir contribué à une nouvelle recrudescence du poker en ligne, avec une augmentation du nombre de CJA de 53 % entre 2019 et 2020, jusqu’à atteindre 1 840 000 comptes par an : un record depuis l’ouverture du marché en 2010 (ANJ, 2021).

4. L’Autorité nationale des jeux (ANJ) ayant récemment remplacé l’ARJEL, conformément à l’article 137 de la loi Pacte du 22 mai 2019 relatif à la privatisation de la Française des Jeux et à l’ordonnance du 2 octobre 2019 réformant la régulation des jeux d’argent.

5. Aujourd’hui classé parmi les « troubles addictifs » (addictive disorders) au même titre que les « troubles liés à l’usage de substance » (substance-use disorders), le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) parle désormais d’un « trouble du jeu d’argent » (gambling disorder; APA, 2013), même si le terme « jeu pathologique » (pathological gambling) continue d’être employé dans la littérature scientifique ainsi que dans le champ médico-social.

6. En témoigne, par exemple, le précieux travail de vulgarisation et de prévention réalisé par Servane Barrault pour le site du plus important forum destiné aux joueurs de poker francophone : https://www.clubpoker.net/addiction-jeu-prevention-traitement/p-424.

7. Précisons que, selon les critères utilisés, la prévalence du « jeu problématique » chez les joueurs de poker est estimée aujourd’hui entre 2,6 et 9,6 % des joueurs ayant pratiqué ce jeu durant l’année en cours (ODJ, 2020). S’il n’est évidemment pas question de nier les difficultés rencontrées par les joueurs concernés, il faut donc rappeler qu’il s’agit là d’une petite minorité de la population concernée (Brody, 2021a, 2021b).

8. Organisé peu de temps après la légalisation du poker en ligne, ce tournoi qui se présentait à l’époque comme un « championnat de France » du poker, s’est déroulé entre février et mai 2011. C’est donc dans un contexte marqué à la fois par un processus de développement et de normalisation de la pratique du jeu qu’il convient de restituer notre étude.

9. Ces étapes live étaient organisées dans une quinzaine de grandes villes françaises, dont Paris, Lille, Limoges, Strasbourg, Le Havre, Bordeaux, Saint-Étienne, Toulouse, Tours et Marseille (pour ne citer que celles auxquelles nous avons pu participer).

10. Environ une chance sur 8 000 compte tenu du nombre de joueurs qualifiés pour les étapes live.

11. Pour une meilleure compréhension de la démarche des joueurs ayant participé à ce tournoi, nous renvoyons à un précédent article (Brody, 2015c) qui intègre plus directement les propos tenus par les joueurs en entretiens.

12. Suivant une différenciation entre « amateur » et « professionnel » qui se place ici sous le registre de la passion : « Ce qui distingue l’amateur du professionnel, c’est moins sa plus faible compétence qu’une autre forme d’engagement dans les pratiques sociales. Ses activités ne dépendent pas de la contrainte d’un emploi ou d’une institution, mais de son choix. Il est guidé par la curiosité, l’émotion, la passion, l’attachement à des pratiques souvent partagées avec d’autres » (Flichy, 2010, p. 12).

13. Un registre des « passions ordinaires » que Christian Bromberger (1998, p. 26) définit de la façon suivante : « Partagés massivement, assumés individuellement, acceptés moralement, vécus intensément (mais sans abus dangereux), ces engouements sont perçus comme des aspirations légitimes à la réalisation de soi et au réenchantement du monde ».

14. Nous reprenons ici les trois critères proposés par Étienne Wenger (2005) pour définir une « communauté de pratique » (Lave & Wenger, 1991), un concept dont nous avons à plusieurs reprises tenté de montrer l’intérêt heuristique pour décrire la population étudiée (Brody, 2015c, 2021a, 2021b).

15. Par conditions d’existence, nous entendons les conditions matérielles, sociales, culturelles ou symboliques à partir desquelles les individus s’identifient les uns par rapport aux autres et mènent leur vie de façon différente, notamment en fonction des ressources dont ils disposent et qu’ils mobilisent dans un espace social donné (Bourdieu, 1979), comme ici à l’intérieur d’un jeu.

16. Précisons dès à présent que, par souci de discrétion, nous n’avions pas demandé aux joueurs interrogés une estimation de leurs revenus, la question nous semblant pouvoir susciter des réticences dans le contexte particulier d’un tournoi de poker « gratuit » où l’argent possédé par les participants en dehors du jeu n’est pas censé intervenir dans la partie (contrairement à d’autres variantes du poker comme le cash game, où chacun mise l’argent qu’il possède). Par conséquent, le caractère plus ou moins favorable des conditions d’existence des joueurs ne sera pas abordé ici sous un angle purement économique – même si on sait que le genre, le diplôme et la CSP sont étroitement liés aux inégalités de revenus (INSEE, 2020) – mais plus largement sociologique.

17. Déposé sur les chaises des joueurs, ce questionnaire auto-administré d’une page recto-verso a été conçu pour être rempli en moins d’un quart d’heure avant le début du tournoi (cf., Figure A2 en annexe). Les organisateurs de l’évènement nous ont ensuite aidé à récupérer les questionnaires, ce qui a sans doute contribué à inciter les participants à les remplir : « le questionnaire n’est pas obligatoire, mais si vous voulez le remplir il y a un stylo dans le sac » (le directeur du tournoi au micro, le 9 avril 2011 à Tours).

18. En sachant qu’un questionnaire est dit ethnographique, précisément lorsqu’il est utilisé « dans le cours même d’une enquête ethnographique, en posant aux personnes côtoyées sur le terrain (…) des questions construites “sur mesure” pour comprendre ce qui se joue sur ce terrain » (Soutrenon, 2005, p. 121).

19. C’est pourquoi, dans le cadre de cet article, nous avons privilégié l’usage du masculin et utilisé le féminin lorsque notre propos se rapporte plus directement aux « joueuses » (qui représentent donc 7,2 % de notre échantillon).

20. Très rares sont d’ailleurs les joueurs qui, lors des entretiens que nous avons réalisés sur le terrain, ont évoqué d’éventuels problèmes de dépendance liés à leur pratique du poker. Ce fut par exemple le cas d’un joueur se définissant comme « semi-professionnel », au sens où il aspirait à tirer des revenus de sa pratique du jeu sans pour autant parvenir à en faire son activité principale (comme 1,7 % de notre échantillon). Or, si ce joueur de poker se disait effectivement « addict à ce jeu-là » (utilisant ici la notion de dépendance dans un sens assez large), notons qu’il se distinguait aussi bien des joueurs amateurs de ce tournoi que des « joueurs [véritablement] addicts » qui, selon lui, ne sont pas seulement « addicts [au jeu lui-même, mais] à la perte » (Jonathan, le 13 février 2011 à Lille). Pour comprendre ce rapport particulier que les joueurs dits semi-professionnels ou « aspirants professionnels » entretiennent avec la pratique du poker, nous renvoyons ici à une étude les concernant réalisée sur un forum de joueurs francophone (Pastinelli et al., 2010).

21. Il ne s’agit évidemment pas de contester ici la pertinence des études réalisées à partir d’une estimation de la moyenne des dépenses consacrées au jeu (nous nous appuyons d’ailleurs sur plusieurs d’entre elles dans cet article), mais de considérer que, dans le cadre d’une enquête de terrain, ces questions de fait basées sur des expériences précises sont particulièrement adaptées, notamment parce qu’elles sont reliées au contexte dans lequel les joueurs ont été rencontrés (à savoir le tournoi de poker de notre enquête).

22. Ce questionnaire auto-administré ayant été proposé aux joueurs avant le début du tournoi, certains d’entre eux – notamment parmi les retardataires – n’ont pas forcément eu le temps de répondre à l’ensemble des questions. Ici comme ailleurs, nous avons donc soustrait les non-réponses du traitement des données statistiques, ce qui a pour conséquence de réduire la taille de l’échantillon.

23. Une étude de prévalence déjà citée souligne d’ailleurs, à cet égard, que les joueurs de poker en ligne seraient « davantage aux prises avec des problèmes de jeu » que les autres joueurs d’argent en ligne, la prévalence du « jeu problématique » étant estimée à 22,1% pour les uns contre 16,5% pour les autres (ODJ, 2014).

24. Ce qui n’empêche pas ces mêmes auteures de reconnaître le « potentiel addictogène important » du poker en ligne (Barrault et Varescon, 2015), en s’appuyant sur des études réalisées selon des protocoles d’enquête différents (Halme, 2011; Hopley & Nicki, 2010; R. T. A. Wood et al., 2007; Wood, Williams et al., 2009).

25. Sans doute est-ce aussi lié au fait que cette question intervenait avant les autres dans la construction du questionnaire.

26. Même si cela implique de faire abstraction des éventuelles fluctuations pouvant avoir eu lieu entre leur première et leurs dernières parties de poker, ce qui est l’une des limites de notre étude.

27. En effet, contrairement aux questions concernant l’investissement des joueurs lors de leur dernière partie de poker, celle sur leur première partie ne distinguait pas directement jeu en ligne ou en live (cf., en annexe). Toutefois, cette question était indirectement connectée à la précédente qui portait quant à elle sur la façon dont s’était déroulée cette première partie de poker (idem), ce qui nous a finalement permis de différencier les joueurs ayant effectué leur première mise en ligne ou en live.

28. Précisons que la plupart des joueurs interrogés déclarent avoir été initiés au poker dans le contexte d’une partie en live (73,4 %), que ce soit avec des proches (amis, famille, collègues) ou plus rarement dans une association de joueurs (3,6 %), un casino (1,4 %) ou un cercle de jeux (0,3 %). En effet, s’ils sont tout de même 30,7 % à avoir commencé à jouer au poker directement sur internet, ils sont presque deux fois plus à avoir effectué leurs débuts en présence de leurs amis (60,4 %), auxquels viennent s’ajouter ceux qui ont découvert le poker en famille (5,6 %) ou avec des collègues de travail (2,7 %) – en sachant que certains joueurs ont parfois découvert le poker dans un contexte de sociabilité mêlant relation amicale, familiale et professionnelle. Cette initiation entre pairs est d’ailleurs le mode de socialisation au jeu le plus courant parmi l’ensemble des joueurs interrogés, une majorité d’entre eux n’ayant commencé à jouer poker en ligne que dans un second temps. Des résultats qui confirment ce que d’autres études avaient montré sur le mode de socialisation au jeu des joueurs de poker en général (Barrault et al., 2014; R. T. A. Wood et al., 2007), à savoir qu’une majorité d’entre eux auraient « d’abord commencé jouer au poker parce que leurs amis jouaient ou parce qu’ils regardaient le poker sur la télévision » ce dont témoignent respectivement 52,0 % et 33,6 % des joueurs de notre enquête –, puis ont généralement été «[initiés] par des amis lors de parties privées » avant « [d’apprendre] à jouer au poker sur l’Internet avec de l’argent virtuel ou en participant à des tournois “freeroll” [i.e., gratuit], de manière à découvrir le poker et apprendre à jouer sans risque financier » (Barrault et al., 2014, p. 9). Un processus d’apprentissage largement partagé par les joueurs rencontrés lors du tournoi de notre enquête, dont nous avons vu qu’ils étaient 40,0 % à avoir découvert le poker gratuitement, que ce soit en ligne ou en live.

29. Par convention, nous avons intégré, dans les « CSP+ », les catégories ou les « groupes socioprofessionnels » (selon la nomenclature de l’INSEE) dont les conditions d’existence sont considérées comme plutôt favorables (les professions intermédiaires, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, les cadres et professions intellectuelles supérieures) et, dans les « CSP- », celles dont les conditions d’existence sont perçues comme défavorables (les ouvriers, les agriculteurs exploitants et les employés).

30. Ainsi, selon une étude de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) menée dans le cadre du Baromètre santé 2010 auprès d’un échantillon représentatif de la population française (n = 27 653), 7,1 % des hommes auraient dépensé plus de 500 euros dans l’année en jouant aux jeux d’argent, contre 2,5 % des femmes (OFDT/INPES, 2011). Par ailleurs, une étude internationale ciblant plus spécifiquement des joueurs et des joueuses d’argent en ligne (n = 975), a montré que ces dernières auraient tendance à jouer sur internet depuis moins longtemps que les joueurs, qu’elles opteraient pour des sessions de jeu plus courtes et avec des motivations différentes, comme le fait de pouvoir jouer gratuitement ou de dépenser moins d’argent (McCormack & Griffiths, 2012). Des résultats qui vont également dans le sens des entretiens que nous avons réalisés avec certaines joueuses du tournoi de notre enquête (n = 6), celles-ci étant souvent moins focalisées que les joueurs sur la dimension monétaire du jeu, notamment en ligne.

31. Le résultat du test du Chi2 est de 4,16 pour le genre, 0,05 pour le diplôme et 0,25 pour la CSP.

32. Dans l’ordre d’apparition des modalités de la variable « Diplôme » : « Aucun » renvoie aux joueurs sans diplôme; « BEP/CAP » aux détenteurs d’un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ou d’un Brevet d’études professionnelles (CAP); « BAC » aux titulaires d’un baccalauréat; « BAC+2/3 » aux joueurs ayant obtenu un diplôme équivalent à deux ou trois années d’études après le baccalauréat; « ≥BAC+4 » à ceux ayant un niveau d’étude supérieur ou égal à quatre années après le baccalauréat.

33. Dans l’ordre d’apparition des modalités de la variable « CSP » : « AGR » renvoie aux agriculteurs exploitants; « OUV » aux ouvriers; « EMP » aux employés; « INT » aux professions intermédiaires; « ART » aux artisans, commerçants et chefs d’entreprise; et « CAD » aux cadres et professions intellectuelles supérieures.

34. Si le test du Chi2 concernant la variable du genre est un peu moins significatif que précédemment (2,52), il atteint cette fois-ci 5,71 pour la CSP et permettrait donc a priori de rejeter l’hypothèse d’indépendance pour cette variable.

35. Parmi les sept joueurs concernés, quatre se trouvent dans une situation professionnelle plus ou moins précaire : le premier se déclare chômeur, le second sans profession, le troisième moniteur de ski à temps partiel et le quatrième se définit comme un joueur de billard (sans préciser sa situation professionnelle). Les trois autres joueurs ont pour leur part une activité à temps plein, en tant que policier, gérant de société ou agent de voyage.

36. Rares sont les études qui permettent de cerner, plus spécifiquement, le profil sociologique des joueurs de poker concernés par des problèmes de dépendance au jeu (cf., Grzesik, 2020), mais ces dernières confirment en partie les tendances observées plus généralement auprès des joueurs dits problématiques ou pathologiques (ODJ, 2020).

37. Parmi lesquels deux des sept membres du petit groupe de joueurs non-diplômés ayant misé plus de 50 euros lors de leur dernière partie de poker en live (le moniteur de ski à temps partiel et le joueur de billard), évoqués dans une note de bas de page précédente.

38. Ici les joueurs dont le niveau de diplôme est inférieur au baccalauréat.

39. Dont les cinq autres membres du petit groupe de joueurs sans diplôme que nous avons choisi pour illustrer notre propos, le premier ayant d’abord opté pour une partie gratuite (le policier), les trois autres ayant misé entre 0 et 10 euros (le chômeur, l’agent de voyage et le gérant de société) et le dernier entre 10 et 50 euros (le joueur sans profession), pour finalement se tourner vers des mises en live supérieures à 50 euros.

40. Ici les joueurs dont le niveau de diplôme est supérieur au baccalauréat.

41. En sachant tout de même que, si le niveau de revenu des joueurs semble faire partie des « facteurs prédictifs du jeu problématique », la dernière étude de prévalence sur laquelle nous nous sommes appuyés dans cet article montre paradoxalement que celui-ci « n’interfère pas significativement sur le comportement de jeu » (ODJ, 2020).

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