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Research Article

De nouvelles hégémonies autochtones dans l’État pluriculturel de Oaxaca (Mexique) : identité flexible, ventriloquie féministe et citoyennetés multiples

New indigenous hegemonies in the multicultural state of Oaxaca (Mexico): flexible identity, feminist ventriloquism and multiple citizenships

Pages 297-317 | Published online: 14 Jul 2020
 

RÉSUMÉ

Cet article explore les apports de quatre femmes non autochtones au sein du mouvement des femmes autochtones dans trois contextes historiques d’intervention politique, sociale, économique et culturelle à Oaxaca (1968–2008). Cette approche nous permet d’analyzer les politiques indigénistes à partir des expériences vécues de ces femmes non autochtones qui ne sont pas à prendre en compte, dans la lutte des femmes autochtones, les effets de l’identité ethnique en tant qu’agentivité humaine avec la capacité d’agir et de résister. Le premier concerne le sème de la conscience historique des rapports sociaux de production entre des hommes et des femmes non autochtones et la construction de la citoyenneté libérale en communauté. La deuxième partie aborde les accords et les désaccords autour de la participation politique dans les expériences vécues des féministes urbaines et des femmes autochtones, impliquées dans les organizations de base autochtone qui sont à l’origine de l’émergence de l’indianisme néolibéral. Dans le troisième point, nous incluons la dispute par l’hégémonie de la parole entre les femmes métisses féministes urbaines et les femmes autochtones à travers la dénonciation du racisme épistémologique dans les mouvements féministes à l’echelle internationale. Notre point de départ sera l’analyze de la continuité stratégique du côté de l’État pour légitimer la practique juridico-électorale du pluriculturalisme comme moyen de production des nouvelles formes néo-hégémoniques de reproduction du pouvoir institutionnel des hommes et des femmes paysans autochtones.

ABSTRACT

This article explores the contributions of four non-indigenous women who were key figures in the foundation of the indigenous women’s movement within the indigenous movement of Oaxaca. This approach allows us to analyze indigenist policies based on the life experiences of these non-indigenous women who are not aware of the effects of ethnic identity as agency to act and resist, within the struggle of indigenous women. Three different historical contexts are explored during the period of political, social, economic and cultural interventions from 1968 to 2008. The first one relates to raising awareness in social relations between men and women and the construction of liberal citizenship in the community. The second refers to the agreements and disagreements around the interpretation of political participation in the experience of urban feminists and indigenous women involved in civil organization. Naturally, conflict gave rise to the emergence of neoliberal indianism in Oaxaca. Finally, we will address the dispute surrounding notions of hegemony between urban feminists and indigenous women and the denunciation of an epistemology of racism within the international feminist movement. The starting point is to analyze the strategic continuities of the state in legitimizing the legal and electoral discourses of multiculturalism, through the critical concept of “feminist ventriloquism”, as a means of producing neo-hegemonic forms and thereby reproducing the institutional power over indigenous men and women.

Déclaration

No potential conflict of interest was reported by the author.

Notes

1. Sept régions ethniques sont distribuées sur le territoire d’Oaxaca et ils sont représentatives des 16 groupes autochtones. A partir de 1995, la réforme politique-électorale a reconnu la coexistence du systéme de parti politique et le système normatif autochtone pour élire à l’autorité municipale. Ce modèle d’État pluriculturel néoliberal est un sujet important d’analyzer étant donné que nous a permis de contextualiser l’influence des processus ideológiques internationales – comme ce le cas de militantisme féministe – face aux transformations par rapports à la domination et de pouvoir entre des acteurs subalternes – les expériences des femmes autochtones – à un echalle qui interactue au milieu local-global.

2. Pour le cas latino-américain, le mot « indigène » (indígena) remplace le mot « indien » (indio). Le mot « indigène » s’est transformé en « indigénistes » ainsi qu’« indigénisme » qui est défini comme « la politique appliquée par les États américains pour assister et résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les populations indigènes, avec l’objectif de s’ intégrer à la nationalité […] une partie des activités systématisées que font les entités publiques dans le cadre d’un service général afin de maintenir, consolider et développer l’équation du pouvoir correspondant » (Marroquin Citation1972, 13).

3. L’anthropologie critique émerge entre 1960 et 1970 : un moment histórique de questionement, d’un point de vue générationnel, sur l’anthropologie indigéniste appliquée institutionnellement auprès 1910 à 1970 (Caballero Citation2009 ; Sabrina Citation2018).

4. Nous avons récuperé la definition gramscienne de l’hégémonie comme la construction et transmission d’une ideologie qui emploie la classe dominante pour pouvoir se mantenir, en imposant aux secteurs populaires des doctrines économiques, militaire et politiques jusqu’à arriver à une suprematie totalitaire. Pour le cas de cet article, ce qui nous intéresse c’est de mettre en context la lutte pour le pouvoir hégémonitque de « prise de parole » entre le féminisme indigéniste – clase dominante – et les femmes autochtone – la clase subalterne – et en analysant comment les secteurs dominées reproduisent les idées et des modes de agir; et la manière de produire résistance à les stratégies de coercition et consensus de la même hégémonie.

5. Depuis de la Révolution Mexicaine a été le Parti Révolutionaire Instititionale (PRI) qui a monopolisé le pouvoir hégémonique. C’est jusqu’à les années 2010–2016 que, pour la première fois, quatre partis politiques de gauche et de droit ont tissé un pacte d’élite popoulaire contre le parti hégémonique (voir Urbieta Citation2017).

6. Notre travail sur le terrain nous a permis de découvrir le mouvement féministe à Oaxaca. Avant d’explorer la participation politique des femmes dans le sistème normatif autochtone, il était nécesaire de reconstruir la gènesis du mouvement féministe afin de comprendre les politiques indigénistes misent en place au sein des communnautés autochtones.

7. C’est article est résultat de la première partie de ma thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie ainsi que le doctorat en études sur l’Amérique Latine intitulée « Mouvements dans et en Mouvements Autochtone. Genre, Pouvoir et Système Normatif Autochtone à Oaxaca », soutenue entre l’Universidad Autónoma de Madrid et l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à janvier 2016.

8. Margarita Dalton Palomo, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

9. Josefina Aranda, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

10. Il y a, administrativement reconnue à Oaxaca, huit régions ethniques : Valles Centrales, Sierra Norte, Istmo de Tehuantepec, la Cañada, Sierra Norte, Sierra Sur, la Costa y el Papaloapan.

11. Josefina Aranda, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

12. María Eugenia Mata, entretienne personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

13. Rubén Dri a été un théologien argentin et prêtre salésien. Pendant les années 1960, il a commencé à militer dans les Forces Armées Péronistes (FAP) et il a participé à la création du Mouvement des Prêtres pour le Troisième Monde. En 1974, il a arrêté sa vie de prêtre et il est devenu clandestin. Puis, il a fuit au nord de la région du Chalco où il a rencontré la guérilla des FAP : il a travaillé deux ans dans le domaine des frigorifiques, ensuite il s’est exilé au Mexique suite au coup militaire de 1976. Son ouvrage le plus célèbre s’intitule Le Mouvement Anti-Imperialiste de Jésus (El movimiento antiimperial de Jesús). Consultado le 13 juin 2016, voir Palacios, C. Roberto, Jesús, el primer socialista de la historia (entretien avec le théologien Rubén Dri) en Rebelión 13 juillet 2012. http ://www.rebelion.org/noticia.php?id=152749.

14. María Eugenia Mata, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

15. María Eugenia Mata, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

16. María Eugenia Mata, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

17. María Eugenia Mata, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2013.

18. Ana María Hernández, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2011.

19. Ana María Hernández, entretien personnel, dans la ville d’Oaxaca, 2011.

20. Malgré le fait Esteva (Citation2002, 9) assume qu’il existe une notion différente de pouvoir dans les communautés autochtones, lui, ne développe pas ce qu’est la participation communautaire dans la construction de l’autonomie autochtone. Notre recherche suit une approche pour décrire, analyzer et réfléchir autour du ‘sujet ayant du pouvoir’ et leurs rapports explicites entre la communauté et l’État. De plus, on essaie de répondre à travers des cas concrets « qui doivent gouverner et les moyens démocratiques formels et despotiques de construction du pouvoir politique […] où le peuple ne serait pas seulement le titulaire formel du pouvoir politique, mais qu’il puisse aussi avoir, maintenir et exercer le pouvoir ». Cette transition sociale fait partie de la base de la reconnaissance, la légitimation et la représentation du sujet femme autochtone pauvre. L’accès aux espaces sociaux des femmes autochtones fracture les imaginaires politiques de la fabrication de l’identité et la différence « ethnique » dans le processus de reconfiguration de l’État dans leur caractère positiviste multiculturel.

21. Le principe de la citoyenneté à Oaxaca vient de la Déclaration des Droits des Hommes (1789) et la Déclaration des Droits des Femmes (1971). La Révolution française, la Révolution aux États-Unis et la Révolution en Angleterre sont des influences qui ont apportées la légitimité institutionnelle de la construction de l’État- nation et ont situé la citoyenneté libérale en tant qu’espace politique de lutte pour la reconnaissance et la représentation politique.

22. Alors, penser la démocratie libérale signifie reprendre des processus réformistes qui bénéficient à la participation et à la représentation hégémonique des adultes hommes, ouvriers et blancs. Le statut des femmes blanches était subordonné aux espaces domestiques en vertu de la place juridique du mariage (Marshalla et Bottomore Citation1992).

23. En un article précedente on a fait de référence à ce notion de citoyonneté autochtone à partir d’une perpective ethnographique féministe mis en pratique dans une communauté zapotèque située au région de la Sierra Norte de Oaxaca; voir Urbieta (Citation2018).

24. Au Mexique, comme dans d’autres pays d’Amérique Latine, l’expansion de l’économie globale signifie les transformations des règles d’enjeux financiers étant donné que l’« accumulation flexible et la domination du capital financier ont encore accru la dépendance économique […] et plus encore dans le Tiers Monde où les programmes d’ajustement structurel et les moyens d’austérité ont contribué à les réduire » (Abélès Citation2008, 109).

25. Ce modèle d’administration et gestion de l’alterité historique est devenu d’un inspiration économique néolibérale du Canada, des États-Unis et de la France. Ce sont des pays qui ont influencé la production d’un modèle de reconnaissance et de gestion en soulevant la problématique de l’immigration (Amselle Citation1996) prioritaire devant la question du genre et des autochtonie.

26. L’anthropologie juridique en Amérique Latine amène de nouvelles perspectives pour analyzer l’économie de la violence.

Additional information

Notes on contributors

Roque Urbieta Hernández

Roque Urbieta Hernández, Membre du Système National des Chercheurs (SNI-CONACYT). Docteur avec double PhD en anthropologie social et ethnologie, par le Centre de Recherche sur les Mondes Américains dans École des Hautes Études en Sciences Sociales (France) et PhD en études sur l’Amérique Latine, Universidad Autónoma de Madrid (Espagne). Postdoctoral en sciences politiques dans l’Institut of Latin American Studies à la Freie Universität Berlin en partenariat avec Anthropologie Social dans le CIESAS, CDMX. Boursièr de l’Agence Espagnole de la Coopération International pour le Développement, le Ministère d’Education de l’Espagne et de l’EHESS, Paris, France. Cette recherche s’inscrit dans l’anthropologie politique du gendre. Intéressé d’étudier les mouvements sociaux des femmes autochtones dans l’Amérique Latine, la justice sociale, les droits internationaux des femmes et des peuple autochtones, le racisme d’État, l’activisme transnational, la diplomatie autochtone, les politiques du pardon ainsi que la solidarité internationale et la construction de la paix global.

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