L’idéologie de/dans l’enseignement des sciences

Résumé

La revue a publié de manière continue et systématique des articles critiques au sujet de l’enseignement des sciences; ce qui a donné lieu à des discussions intenses à propos des enjeux pédagogiques, épistémologiques, éthiques, sociaux et politiques de cette forme d’éducation. Le ton a été donné dès les premiers numéros et cette orientation éditoriale s’est maintenue au cours des 15 dernières années par la parution régulière d’articles et, en particulier, de textes dans la rubrique « Points de vue ». C’est dans cette perspective que je propose une réflexion sur le caractère inévitablement idéologique de tout enseignement des sciences.

Abstract

The Journal has continually and systematically published critical articles on the subject of science teaching; this has led to intense discussions about the pedagogical, epistemological, ethical, social, and political issues related to this form of education. The tone was set in the very first issues of the Journal, and this editorial approach has been sustained over the last 15 years through the regular publication of articles and pieces in the Viewpoint column, in particular. It is with this in mind that I propose a reflection on the inevitably ideological nature of all science teaching.

Notes

¹Il est regrettable que ces deux numéros n’aient pas fait l’objet d’un livre.

²Un discours sera qualifié d’idéologique, selon Fourez (1990), dans la mesure où il décrit le statut et le rôle d’actrices et d’acteurs sociaux, légitime certaines pratiques sociales ou sanctionne une certaine hiérarchie sociale des savoirs et vise à mobiliser les gens, tout en masquant au moins partiellement ses lieux d’origine par le biais de l’énonciation de lieux communs.

³J’utilise le pluriel pour indiquer qu’il y a plusieurs manières d’enseigner les sciences et, d’autre part, que la thèse de l’unité des sciences a été mise à mal dans le cadre de nombreux travaux en histoire et en sociologie des sciences (Galison et Stump, 1996; Knorr-Cetina, 2000).

⁴Or, faut-il le rappeler, relativisme s’oppose à absolutisme, c’est-à-dire à ce qui est dénué de liens, et non au réalisme, à moins que celui-ci ne soit formulé dans un idiome absolutiste (Larochelle et Désautels, 2011).

⁵Les sarcasmes et le sexisme dont Rosalind Franklin a fait l’objet de la part de ses collègues de King's College comme de Cavendish, illustrent bien, pour emprunter à Pestre (2006), les limites de l’indépendance dont se réclament les scientifiques à l’égard des idées et idéologies ambiantes, en deux mots, à l’égard du social. La présente Revue a publié deux récits éloquents sur le sujet, voir Albe (2008) et Amirault (2004).