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L'introuvable révolution scientifique. Francesco Redi et la génération spontanée

Pages 431-455 | Published online: 26 Mar 2010
 

Summary

The Italian naturalist F. Redi established in 1668 that insects are not produced by the way of equivocal generation, contrary to what was affirmed since the Antiquity. For that reason, many historians of sciences acknowledge his experiments, like those of Galileo, Boyle or Huygens, contributed to the scientific revolution that emerges in the seventeenth century in Western Europe. Based on the commentaries sparked off by the works of Redi, in his time and today, our contribution shows on the contrary that nothing at all in his approach reveals such an intention. Questioning without arrogance the knowledge and the authority of the Ancients, careful interrogation of the literariness of the Scriptures, adoption of an experimental reasoning still dependent on the scholastic argumentation, those are the main characteristics of his work. But those also could be the ones of Harvey, Borelli or Swammerdam's works. To defend the idea of a scientific revolution in the life sciences similar in its conditions and tempo to the one described in the history of the physical sciences would be a mistake, not to say an anachronism.

Notes

1La bibliographie sur la révolution scientifique est immense. Parmi les études récentes, on peut mentionner Margaret J. Osler (dir.), Rethinking the Scientific Revolution (Cambridge, 2000) ; Paolo Rossi, La naissance de la science moderne en Europe (Paris, 1999) ; Michel Blay, La naissance de la science classique au XVII e siècle (Paris, 1999) ; Steven Shapin, La révolution scientifique (Paris, 1998) ; H. Floris Cohen, The Scientific Revolution. A Historiographical Inquiry (Chicago, 1994). Cf. aussi le livre de Margaret C. Jacob, The Scientific Revolution. A Brief History with Documents (Boston–New York, 2010).

2Par exemple, aucun des trois articles « Continuité », « Révolution scientifique » et « Rupture » du Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences (Paris, 1999), qu'a dirigé Dominique Lecourt, ne puise le moindre exemple dans les sciences du vivant. Cf. toutefois Mirko D. Grmek, La première révolution biologique. Réflexions sur la physiologie et la médecine du XVII e siècle (Paris, 1990) et Joseph M. Levine, « Natural History and the History of the Scientific Revolution », Clio. An Interdisciplinary Journal of Literature, History, and the Philosophy of History, 13 (1983), 57–73.

3Cf. Simone Mazauric, Fontenelle et l'invention de l'histoire des sciences à l'aube des Lumières (Paris, 2007), 214–20 et conclusion, et I. Bernard Cohen, « The Eighteenth-Century Origins of the Concept of Scientific Revolution », Journal of the History of Ideas, 37 (1976), 257–88.

4Pas seulement vivants d'ailleurs, puisque certains auteurs, jusqu'au XVIIe siècle, pensent que les « fossiles »—entendre tout matériau (minerais, cristaux, outils préhistoriques, fossiles stricto sensu, etc.) présent dans le sol—peuvent également apparaître de cette manière. Sur la question de la génération spontanée, lire notamment Dag N. Hasse, Urzeugung und Weltbild. Aristoteles, Ibn Ruschd, Pasteur (Hildesheim–Zurich–New York, 2006) ; Henry Harris, Things Come to Life. Spontaneous Generation Revisited (Oxford–New York, 2002) ; John Farley, The Spontaneous Generation Controversy from Descartes to Oparin (Baltimore, 1977) et Jean Rostand, La genèse de la vie. Histoire des idées sur la génération spontanée (Paris, 1943).

5Devin Henry, « Themistius and Spontaneous Generation in Aristotle's Metaphysics », in Oxford Studies in Ancient Philosophy, David Sedley (dir.), 24 (2003), 183–207 ; James G. Lennox, « Teleology, Chance, and Aristotle's Theory of Spontaneous Generation », in id., Aristotle's Philosophy of Biology (Cambridge, 2001), 229–49 ; David M. Balme, « Development of Biology in Aristotle and Theophrastus : Theory of Spontaneous Generation », Phronesis. A Journal for Ancient Philosophy, 7 (1962), 91–104.

7 Lucrèce, De la nature, II, V, v. 807–813.

6Lucrèce, De la nature, II, v. 1153–1156.

11F. Redi (note 10), p. 4. Cf. aussi la naissance d'animaux dans le limon du Nil décrite par Ovide, puis par Pline, Plutarque, Élien et Macrobe.

8Dag N. Hasse, « Spontaneous Generation and the Ontology of Forms in Greek, Arabic and Medieval Latin Sources », in Classical Arabic Philosophy. Sources and Reception, Peter Adamson (dir.) (Londres, 2007), 150–75 ; Maaike Van der Lugt, Le ver, le démon et la vierge. Les théories médiévales de la génération extraordinaire. Une étude sur les rapports entre théologie, philosophie naturelle et médecine (Paris, 2004).

9Sur Redi, lire notamment Walter Bernardi et Luigi Guerrini (dir.), Francesco Redi. Un protagonista della scienza moderna. Documenti, esperimenti, immagini (Florence, 1999) ; Walter Bernardi (dir.), Francesco Redi. Esperienze intorno alla generazione degli insetti (Florence, 1996) ; Jay Tribby, « Club Medici : Natural Experiment and the Imagineering of “Tuscany” », Configurations. A Journal of Literature, Science, and Technology, 2 (1994), 215–35 ; Paula Findlen, « Controlling the experiment : rhetoric, court patronage and the experimental method of Francesco Redi », History of Science, 31 (1993), 35–64.

10Francesco Redi, Expériences sur la génération des insectes et autres écrits de science et de littérature (Louvain, 1970) (traduction, introduction et notes par André Sempoux). Illustré de 12 gravures sur cuivre dans le texte et de 29 autres hors-texte (dont quelques-unes semblent empruntées à la Micrographia (1665) de Robert Hooke), le mémoire de Redi porte en épigraphe un proverbe arabe : « Celui qui fait des expériences accroît le savoir ; celui qui est crédule augmente l'erreur », et un passage de Pline : « La nature n'est tout entière nulle part davantage que dans les êtres les plus petits [*]. C'est pourquoi je prie les lecteurs, malgré le mépris dans lequel ils tiennent beaucoup d'entre eux, de ne pas condamner déjà avec dédain les faits que je vais rapporter ; dans la contemplation de la nature rien ne peut paraître superflu. » * Natura maxime miranda in minimis : c'est dans ses plus petites choses que la nature est la plus grande, devise, depuis lors, des entomologistes.

12Redi est l'auteur, en 1664, d’Osservazioni intorno alle vipere (Observations sur les vipères) dans lesquelles il établit que le venin de vipère n'est dangereux que s'il est inoculé dans les tissus et, partant, dans le sang. Il y explique aussi les « pluies » de grenouilles.

13Son bestiaire est particulièrement fourni : mammifères (veau, cheval, mouton, taureau, cerf, âne, buffle, lion, tigre, chien, chevreau, agneau, daim, lièvre, lapin, souris), poissons (barbeau, thon, ombrine, espadon, lamie, sole, mulet, brochet, tanche, anguille), oiseaux (pigeon, poule, coq-d'Inde, oie, canard, caille, perdrix, loriot, moineau, hirondelle, martinet, chapon), mais aussi serpents, grenouilles, homards, écrevisses, crabes, moules.

14F. Redi (note 10), pp. 13–4. Le rhéteur et grammairien grec Athénée (IIe siècle ap. J.-C.) rapporte dans Les déipnosophistes (3.84 d–f) une expérimentation qui fait déjà appel à des témoins. Mais Mirko D. Grmek, Le chaudron de Médée. L'expérimentation sur le vivant dans l'Antiquité (Le Plessis-Robinson, 1997), 124–5, qui cite le texte d'Athénée, doute de l'authenticité du fait (cf. aussi Eugene S. McCartney, « A Control Experiment in Antiquity », Classical Weekly, 36 (1942), 5–6).

15Les détails de cette ponte font l'objet de débats au XVIIe siècle. Certains pensent que les mouches produisent directement des vers vivants et non des ???ufs. D'autres, comme le père jésuite Honoré Fabri (1607–1688), considèrent au contraire que les mouches pondent toujours des ???ufs et jamais de vers. D'autres encore, tel le médecin allemand Johann Sperling (1603–1658), jugent que les vers naissent, non de mouches qui les auraient pondus, mais de leurs excréments. Redi, s'appuyant sur ses observations—des dissections de l'appareil reproducteur des mouches notamment—et ses expériences, estime que tous ces auteurs se trompent et que certaines « races » de mouches pondent des ???ufs et que d'autres produisent des vers.

16F. Redi (note 10), p. 25.

17 F. Redi (note 10), p. 25.

20Article « Animalité », Supplément à l'Encyclopédie (Amsterdam, 1776), I, 436–8 (437–8). L'idée qu'il n'existerait pas de caractère distinctif de l'animalité est répandue au XVIIIe siècle. Elle ressort aussi du « Parallèle des plantes et des animaux » que brosse le naturaliste suisse Charles Bonnet (1720–1793) dans sa Contemplation de la nature (1764) : « Retranchez de la notion du Chat & de celle du Rosier toutes les propriétés qui constituent dans l'un & dans l'autre l'Espèce, le Genre, la Classe, pour ne retenir que les propriétés les plus générales, qui caractérisent l'Animal ou la Plante, & il ne vous restera aucune marque vraiment distinctive entre le Chat & le Rosier. » Et Bonnet de conclure : « Les Plantes & les Animaux ne sont donc que des modifications de la Matiere organisée. Ils participent tous à une même essence, & l'attribut distinctif nous est inconnu. » (Charles Bonnet, Contemplation de la nature [1764], in ???uvres d'histoire naturelle et de philosophie (Neuchâtel, 1781), IV, 2e partie, 176–7 et 180).

18Cf. Pascal Duris, « Classer l'Hippocampelephantocamélos. Histoire des limites d'une nature illimitée », Cahiers Art et Science, 6 (2000), 12–21 et François Delaporte, Le second règne de la nature. Essai sur les questions de la végétalité au XVIII e siècle (Paris, 1979).

19Cité dans Thierry Hoquet (dir.), Les fondements de la botanique. Linné et la classification des plantes (Paris, 2005), 179. Cf. aussi l'abbé Jacques-François Dicquemare (1733–1789) qui, dans sa « Dissertation sur les limites des Règnes de la Nature », explique : « Sentir, discerner, agir, travailler, c'est être animé. Être insensible, mais croître & se reproduire, c'est végéter. Recevoir par juxtaposition l'accroissement, une figure accidentelle ou régulière, sans organisation, sans sensibilité, sans faculté générative, c'est le propre du minéral. » (Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts, 8 (1776), 371–6 (373)).

21F. Redi (note 10), p. 74.

22 F. Redi (note 10), p. 55.

23Kircher, dont l’???uvre explore tous les domaines du savoir, a fait l'objet d'une abondante littérature : cf. Hiro Hirai, « Interprétation chymique de la création et origine corpusculaire de la vie chez Athanasius Kircher », Annals of Science, 64 (2007), 217–34 ; Paula Findlen (dir.), Athanasius Kircher. The Last Man Who Knew Everything (New York–Londres, 2004) ; Joscelyn Godwin, Athanasius Kircher. A Renaissance Man and the Quest for Lost Knowledge (Londres, 1979).

26F. Redi (note 10), p. 67. Redi étudie particulièrement les vers des fruits (cerise, aveline, noisette, prune, pêche, poire).

24F. Redi (note 10), p. 67. Sur la conception qu'a Liceti de la génération spontanée, cf. Hiro Hirai, « Ame de la terre, génération spontanée et origine de la vie : Fortunio Liceti critique de Marsile Ficin », Bruniana & Campanelliana, 12 (2006), 451–69 et Carlo Castellani, « Le problème de la generatio spontanea dans l’???uvre de Fortunio Liceti », Revue de synthèse, 89 (1968), 323–40.

25Sur Gassendi, lire Hiro Hirai, « Le concept de semence de Pierre Gassendi entre les théories de la matière et les sciences de la vie au XVIIe siècle », Medicina nei Secoli. Arte e Scienza, 15 (2003), 205–26. Et aussi Everett I. Mendelsohn, « Philosophical Biology vs Experimental Biology. Spontaneous Generation in the Seventeenth Century », in Topics in the Philosophy of Biology, Marjorie Grene et Everett Mendelsohn (dir.) (Boston–Dordrecht, 1976), 37–65.

27 F. Redi (note 10), p. 67. Redi étudie particulièrement les vers des fruits (cerise, aveline, noisette, prune, pêche, poire), pp. 70–1. Et de rappeler les positions en la matière de Démocrite, Pythagore, Platon, Anaxagore, Empédocle, Plotin, etc.

28 F. Redi (note 10), p. 67. Redi étudie particulièrement les vers des fruits (cerise, aveline, noisette, prune, pêche, poire), pp. 70–1. Et de rappeler les positions en la matière de Démocrite, Pythagore, Platon, Anaxagore, Empédocle, Plotin, etc, p. 74.

29Cf. par exemple celles exprimées par le naturaliste anglais Martin Lister (v. 1638–1712) dans les Philosophical Transactions, 6 (1671), 2254–7. Conscient à la fin de sa vie qu'il n'est parvenu à convaincre personne de l'existence de cette âme végétative, Redi confesse à un de ses correspondants : « Il me paroît que vous ne goûtez point mon opinion sur l'Ame des Plantes, à laquelle j'attribue la production des Insectes qui se trouvent dans les galles du Chêne, comme je l'ai dit dans mes Expériences sur la génération des Insectes : il est vrai que j'ai laissé échapper ce trait de ma plume presque par force ; mais si j'ai du tems j'espere m'exprimer plus clairement dans de nouvelles observations auxquelles je travaille. » (Lettre au médecin et anatomiste italien Giuseppe Lanzoni (1663–1730) en date du 20 février 1693, citée par Charles Bonnet, La palingénésie philosophique [1770], in ???uvres d'histoire naturelle et de philosophie (Neuchâtel, 1783), VII, 289 n. I).

30Les galles du chêne (aussi appelées cécidies) sont bien des excroissances végétales provoquées par la ponte d'un insecte hyménoptère (le cynips) dans les rameaux ou les bourgeons du chêne.

31F. Redi (note 10), p. 69 (et p. 75).

32 F. Redi (note 10), p. 87. Redi projeta d’écrire un livre sur ce sujet intitulé Histoire des différents fruits et animaux qui naissent des chênes et autres arbres (Storia de vari, e diversi frutti, ed animali che dalle quercie e da altri alberi son generati) pour lequel il avait fait dessiner de nombreuses illustrations. Mais ce livre ne vit jamais le jour.

33Maurice Caullery, « La biologie au XVIIe siècle », XVII e siècle, 30 (1956), 25–45 (39). Selon lui, le travail de Redi prend appui sur « une expérience cruciale du type le plus moderne » (38).

34Sur les quelque cent-cinquante ouvrages scientifiques affichant en titre la « nouveauté » de leur contenu publiés au XVIIe siècle (avec un pic dans les années 1670), il n'y en a que quelques-uns en botanique (par exemple Robert Morison, Plantarum Umbelliferarum Distributio nova (1672) ou John Ray, Methodus plantarum nova (1682)) et quasiment aucun en zoologie : cf. Lynn Thorndike, « Newness and Craving for Novelty in Seventeeth-Century Science and Medicine », Journal of the History of Ideas, 12 (1951), 584–98, et aussi S. Mazauric (note 3), p. 196 n. 1, et pp. 211–14. Remarquons ici que défendre la nouveauté d'une thèse scientifique au XVIIe siècle ne signifie pas que son auteur est un « novateur » car ce terme qualifie exclusivement ceux ayant innové en matière de religion (Zwingle, Luther, Calvin notamment). Etre un novateur, au XVIIe, c'est donc être un dangereux hérétique. Mais, précisément, les partisans des anciens, jouant sur les mots, se livrent à des analogies que déplore un Malebranche : « la vérité et la nouveauté ne peuvent pas se trouver ensemble dans les choses de la foi [dit-on]. Car les hommes, ne voulant pas faire de discernement entre les vérités qui dépendent de la raison et celles qui dépendent de la tradition, ne considèrent pas qu'on doit les apprendre d'une manière toute différente. Ils confondent la nouveauté avec l'erreur, et l'antiquité avec la vérité. Luther, Calvin et les autres ont innové, et ils ont erré : donc Galilée, Harvey, Descartes, se trompent dans ce qu'ils disent de nouveau. L'impanation de Luther est nouvelle et elle est fausse : donc la circulation d'Harvey est fausse, puisqu'elle est nouvelle. C'est pour cela aussi qu'ils appellent indifféremment du nom odieux de novateur les hérétiques, et les nouveaux philosophes. Les idées et les mots de vérité et d’antiquité, de fausseté et de nouveauté ont été liés les uns avec les autres : c'en est fait, le commun des hommes ne les sépare plus, et les gens d'esprit sentent même quelque peine à les bien séparer. » (Nicolas Malebranche, De la recherche de la vérité. Où l'on traitte de la Nature de l'Esprit de l'homme, & de l'usage qu'il en doit faire pour éviter l'erreur dans les Sciences [1674], in ???uvres (Paris, 1979), I, 213, souligné par lui).

35Sur cette querelle, qui n'a pas seulement agité les mondes littéraire et artistique européens des XVIIe et XVIIIe siècles, comme nous le montrerons dans un prochain travail, lire par exemple La Querelle des Anciens et des Modernes, XVII e –XVIII e siècles (Paris, 2001). Cf. aussi Joseph M. Levine, « Ancients and Moderns Reconsidered », Eighteenth-Century Studies, 15 (1981), 72–89.

36Charles Perrault (1628–1703), qui lance la Querelle en France avec son poème sur Le siècle de Louis le Grand (1687), évoque rapidement dans le tome 4 de son Parallèle des Anciens et des Modernes (Paris, 1697) (2e édition), les découvertes de quelques autres médecins comme Gaspare Aselli (1581–1626), Jean Pecquet (1622–1674), Thomas Bartholin (1616–1680), Nicolas Sténon (1638–1686), Marcello Malpighi (1628–1694) ou encore Richard Lower (1631–1691) (244–5) (sur l’???uvre de ces différents auteurs, lire Pascal Duris et Gabriel Gohau, Histoire des sciences de la vie (Paris, 1997), 242–5).

37William Harvey, De motu cordis [1628] (Paris, 1990), 43. En 1543, déjà, Vésale souhaitait que les médecins « finissent par ajouter plus de foi à leurs yeux et à leur raison agissante qu'aux écrits de Galien » (André Vésale, Préface à Charles-Quint, La fabrique du corps humain [1543] (Arles, 1987), 39).

38F. Redi (note 10), p. V et p. 90. Ailleurs il écrit : « j'ai toujours pris toutes les précautions possibles pour que mes yeux, en particulier, aient d'abord pleine satisfaction à la suite d'expériences bien menées et continues, et qu'ils fournissent alors les matériaux au travail de l'esprit. » (2)

39Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9).

41 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), pp. 58–9.

40F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 91).

42 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 44.

43 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 95.

44 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 94. C'est le microscope dont R. Hooke donne la figure dans sa Micrographia (1665) qui constitue alors la référence (cf. Journal des sçavans, 7 juin 1677, 142–3).

45 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 94. C'est le microscope dont R. Hooke donne la figure dans sa Micrographia (1665) qui constitue alors la référence (cf. Journal des sçavans, 7 juin 1677, 142–3), pp. 61–2.

47 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 94. C'est le microscope dont R. Hooke donne la figure dans sa Micrographia (1665) qui constitue alors la référence (cf. Journal des sçavans, 7 juin 1677, 142–3), p. 44.

46 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 94. C'est le microscope dont R. Hooke donne la figure dans sa Micrographia (1665) qui constitue alors la référence (cf. Journal des sçavans, 7 juin 1677, 142–3), p. 43.

48 F. Redi (note 10), p. 90. Tous ne sont pas comme Redi, et Thomas Moufet (1553–1604), médecin et entomologiste écossais, souligne-t-il, « ne voulant pas accuser d'inattention le grand philosophe, […] a préféré écrire, en se creusant la cervelle, que… » (Cf. par exemple cette magnifique image d'un navet monstrueux présentant l'aspect d'une femme nue assise sur ses pieds publiée dans le Journal des sçavans—organe presque officiel de la République des Lettres—du 15 février 1677 : « Les Botanistes trouveront dans cette observation un ample sujet de philosopher, & d'examiner comment l'humeur abondante & copieuse de cette plante a pû prendre la figure de toutes ces parties si differentes. » (47–8). De nombreux autres exemples sont donnés dans Jacques Roger, Les sciences de la vie dans la pensée française du XVIII e siècle. La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie [1963] (Paris, 1993) (par exemple 186–9), p. 94. C'est le microscope dont R. Hooke donne la figure dans sa Micrographia (1665) qui constitue alors la référence (cf. Journal des sçavans, 7 juin 1677, 142–3), p. 8.

49Tony Volpe, Science et théologie dans les débats savants de la seconde moitié du XVII e siècle. La Genèse dans les Philosophical Transactions et le Journal des savants (1665–1710) (Turnhout, 2008) ; David C. Lindberg et Ronald L. Numbers (dir.), God and Nature. Historical Essays on the Encounter Between Christianity and Science (Londres–Berkeley–Los Angeles, 1986).

50Sur les différentes stratégies (conciliation, concession, distanciation, négation, etc.) dont les naturalistes usent aux XVIIe et XVIIIe siècles pour s'extraire du paradigme créationniste, voir Pascal Charbonnat, Matérialismes, créationnismes et histoire naturelle : variations et critiques de l'idée de création au XVIII e siècle en France, Thèse de doctorat de philosophie, Université Paris X—Nanterre, 2008.

51Galilée, Leçons sur l'Enfer de Dante (Paris, 2008), 37. Ces textes sont restés ignorés jusqu'au milieu du XIXe siècle.

52 Galilée, Leçons sur l'Enfer de Dante (Paris, 2008), 37. Ces textes sont restés ignorés jusqu'au milieu du XIXe siècle., p. 65.

53Isaac Newton, Écrits sur la religion (Paris, 1996).

54Carl von Linné, « Discours sur l'accroissement de la terre habitable », in L’Équilibre de la nature (Paris, 1972), 29–56 (30).

55Cf. encore Tobias Swinden, Recherches sur la nature du feu de l'enfer et du lieu où il est situé (1728), et les nombreuses cartes géographiques du Paradis, dont celle illustrant le Traitté de la situation du Paradis terrestre (1691) de l’évêque d'Avranches Pierre-Daniel Huet (1630–1721).

56Jean de La Bruyère, Les caractères ou les m???urs de ce siècle [1688], in ???uvres complètes (Paris, 1951), 472–3.

57Volontiers convoqué sous la plume des penseurs de l’époque, le ciron est le plus petit animal visible à l’???il nu. Jusqu’à l'utilisation du microscope, cet arachnide, qui se développe dans le fromage et la farine (on l'appelle pour cette raison « acarien du fromage »), incarnait, réellement ou métaphoriquement, ce qu'il y a de plus petit au monde.

58«tous les animaux qui paroissent venir ou de pourriture ou de poussière humide et échauffée, ne viennent que de semences que l'on avoit pas apperçues. On a découvert que les macreuses se forment d’???ufs que cette espèce d'oiseau fait dans les Isles désertes du Septentrion ; et jamais il ne s'engendra de vers sur la viande où les mouches n'ont pu laisser de leurs ???ufs. Il en va de même de tous les autres animaux que l'on croit qui naissent hors de la voie de génération. Toutes les expériences modernes conspirent à nous désabuser de cette ancienne erreur, et je me tiens sûr que dans peu de temps il n'en restera plus le moindre sujet de doute. » (Bernard Le Bovier de Fontenelle, De l'existence de Dieu [1724], in ???uvres complètes (Paris, 1989), III, 165). Cf. Alain F. Corcos, « Fontenelle and the Problem of Generation in the Eighteenth Century », Journal of the History of Biology, 4 (1971), 363–72.

59Philippe Hamou, La mutation du visible. Essai sur la portée épistémologique des instruments au XVII e siècle (Lille, 1999) et id., La mutation du visible. Microscopes et télescopes en Angleterre de Bacon à Hooke (Lille, 2001).

60N. Malebranche (note 34), p. 57. Malebranche, qui possède le mémoire de Redi dans sa bibliothèque, confirme ses résultats : cf. Henri Gouhier, La vocation de Malebranche (Paris, 1926), 68.

61 N. Malebranche (note 34), p. 57. Malebranche, qui possède le mémoire de Redi dans sa bibliothèque, confirme ses résultats : cf. Henri Gouhier, La vocation de Malebranche (Paris, 1926), p. 56.

62 N. Malebranche (note 34), p. 57. Malebranche, qui possède le mémoire de Redi dans sa bibliothèque, confirme ses résultats : cf. Henri Gouhier, La vocation de Malebranche (Paris, 1926), p. 429. Malebranche pense de même que, « passer toutes les nuits pendu à une lunette pour découvrir dans les cieux quelque tache ou quelque nouvelle planète, perdre sa santé et son bien, et abandonner le soin de ses affaires pour rendre [régulièrement] visite aux étoiles, et pour en mesurer les grandeurs et les situations, […] c'est oublier entièrement et ce qu'on est présentement et ce qu'on sera un jour. »

64Jean-Baptiste Van Helmont, Des Principes de Physique, in Les oeuvres de Iean Baptiste Van Helmont, traittant des principes de médecine et physique, pour la guerison assurée des Maladies (Lyon, 1671), 104. Sur Van Helmont, cf. André Pichot, Histoire de la notion de vie (Paris, 1993), 223–90.

63Carolyn Merchant, « “The Violence of Impediments”. Francis Bacon and the Origins of Experimentation », Isis, 99 (2008), 731–60 ; Christian Licoppe, La formation de la pratique scientifique. Le discours de l'expérience en France et en Angleterre (1630–1820) (Paris, 1996).

65F. Redi (note 10), p. 15 et p. 59 (voir aussi p. 62). Descartes, qui acceptait la génération spontanée—« Cùm igitur tam pauca requirantur ad animal faciendum, profectò non mirum est, si tot animalia, tot vermes, tot insecta in omni putrescente materiâ sponte formari videamus » [puisqu'il faut si peu de chose pour faire un animal, il n'est assurément pas étonnant que tant d'animaux, tant de vers, tant d'insectes, se forment spontanément sous nos yeux dans toute matière en putréfaction], écrit-il (René Descartes, Primæ cogitationes circa generationem animalium, in ???uvres de Descartes (Paris, 1986), XI, 506)—, pensait au contraire que Kircher était « plus Charlatan que savant » (René Descartes, Correspondance (Paris, 1951), V, 251 (lettre à Huygens du 14 janvier 1643, qui d'ailleurs partageait son avis)).

66 «Muscarum cadavera collige, eaque prius aquâ mellitâ nonnihil macerata supra laminam æneam impone, deinde laminam chymico more supra cinerem aut arenam calore lento, carbonibus suppositis, aut etiam simo equino tepefactam expone, & videbis primò [s]microscopii ope insensibiles quosdam vermiculos nasci, deinde alis assumptis sensibiliter in muscillas, & tandem ad sensum crescentes in perfectas muscas animari. » (Athanasius Kircher, Mundus subterraneus, in XII Libros digestus (Amsterdam, 1665), I, livre XII, section II, chapitre IV (Experimentum I. Genesis Muscarum), 361).

67F. Redi (note 10), p. 15.

68«Prends des serpents de la race que tu voudras, fais-les rôtir et réduis-les en miettes ; sème celles-ci dans une terre grasse que tu arroseras légèrement d'eau de pluie et que tu laisseras ensuite exposée au soleil du printemps. Huit jours plus tard, tu verras cette terre grouiller de petits vers ; ceux-ci, nourris d'un mélange de lait et d'eau, grossiront et deviendront des serpents parfaitement formés qui, s'unissant ensuite entre eux, pourront se multiplier à l'infini. J'ai appris cela en découvrant dans la campagne un serpent mort rempli et entouré de vers dont quelques-uns étaient très petits, d'autres plus grands, et dont certains enfin avaient très évidemment pris forme de serpents. Le plus étonnant était qu'aux petits serpents se mêlaient des espèces de mouches qui, selon moi, étaient nées des semences contenues dans les aliments dont le serpent s’était nourri. » (cité par Redi, F. Redi (note 10), p. 42)

69 «Prends des serpents de la race que tu voudras, fais-les rôtir et réduis-les en miettes ; sème celles-ci dans une terre grasse que tu arroseras légèrement d'eau de pluie et que tu laisseras ensuite exposée au soleil du printemps. Huit jours plus tard, tu verras cette terre grouiller de petits vers ; ceux-ci, nourris d'un mélange de lait et d'eau, grossiront et deviendront des serpents parfaitement formés qui, s'unissant ensuite entre eux, pourront se multiplier à l'infini. J'ai appris cela en découvrant dans la campagne un serpent mort rempli et entouré de vers dont quelques-uns étaient très petits, d'autres plus grands, et dont certains enfin avaient très évidemment pris forme de serpents. Le plus étonnant était qu'aux petits serpents se mêlaient des espèces de mouches qui, selon moi, étaient nées des semences contenues dans les aliments dont le serpent s’était nourri. » (cité par Redi, F. Redi (note 10), p. 42), p. 43.

70 «Prends des serpents de la race que tu voudras, fais-les rôtir et réduis-les en miettes ; sème celles-ci dans une terre grasse que tu arroseras légèrement d'eau de pluie et que tu laisseras ensuite exposée au soleil du printemps. Huit jours plus tard, tu verras cette terre grouiller de petits vers ; ceux-ci, nourris d'un mélange de lait et d'eau, grossiront et deviendront des serpents parfaitement formés qui, s'unissant ensuite entre eux, pourront se multiplier à l'infini. J'ai appris cela en découvrant dans la campagne un serpent mort rempli et entouré de vers dont quelques-uns étaient très petits, d'autres plus grands, et dont certains enfin avaient très évidemment pris forme de serpents. Le plus étonnant était qu'aux petits serpents se mêlaient des espèces de mouches qui, selon moi, étaient nées des semences contenues dans les aliments dont le serpent s’était nourri. » (cité par Redi, F. Redi (note 10), p. 42), p. 16.

71Ces débats semblent spécifiques aux sciences du vivant. Dans le domaine de la physique mathématique, au contraire, le XVIIe siècle dépasse la distinction aristotélicienne entre « nature » et « art ». Les produits de l'art humain sont considérés par les modernes comme fondamentalement similaires à ceux de la nature : leurs expériences rendent compte bel et bien du cours naturel des choses.

72Jacques Roger, « La conception mécaniste de la vie », in id., Pour une histoire des sciences à part entière (Paris, 1995), 170–91 (179).

73P. Rossi (note 1), pp. 262–3. A l'inverse, et curieusement, l'article « Génération spontanée » du Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences (note 2), ne mentionne à aucun moment le nom de Redi.

74Paula Gottdenker, « Francesco Redi and the Fly Experiments », Bulletin of the History of Medicine, 53 (1979), 575–92. Le mémoire de Redi fait l'objet d'un compte rendu détaillé dans les Philosophical Transactions, 5 (1670), 1175–6.

75Jean Swammerdam, Histoire générale des insectes. Ou l'on expose clairement la maniere lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres, & ou l'on decouvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur prétendue transformation [1669] (Utrecht, 1682), 49–50.

76René-Antoine Ferchault de Réaumur, « Premier mémoire. De l'histoire des insectes en général ; Et des vûës selon lesquelles on se propose de la traiter dans cet ouvrage », Mémoires pour servir à l'histoire des insectes (Paris, 1734), I, 27–31. Le livre auquel Réaumur fait allusion est celui de Giuseppe Maria Vidussi, Motivi di dubitare intorno la generazione de’ viventi sensitivi secondo la commune opinione de’ Moderni (Venise, 1717).

77 Mémoires pour l'histoire des Sciences & des beaux Arts (ou Journal de Trévoux), 35 (1735), 1116–37 (1118).

78 Mémoires pour l'histoire des Sciences & des beaux Arts (ou Journal de Trévoux), 35 (1735), 1116–37 (1118), p. 1119.

81R.A. Réaumur (note 79), p. XXVIIJ.

79René-Antoine Ferchault de Réaumur, « Préface, Où l'on donne une idée génerale des Mémoires qui composent ce Volume, & quelques supplemens à ceux du Volume précedent », Mémoires pour servir à l'histoire des insectes (Paris, 1736), II, XVJ–LJ.

80Buonanni, qui devient en 1698 conservateur des collections de Kircher à Rome, est indiscutablement un fervent partisan de cette thèse. Auteur en 1681 d'un ouvrage dans lequel il défendait l'idée que les fossiles naissent par génération spontanée, il s’était déjà attiré les foudres d'un rédacteur des Philosophical Transactions : « And not at all acquiessing in, neither confuting, the reasoning and experiments of Steno, Redi, or Lyster, he imbraces the old and antiquated opinion of their being equivocally produced out of putrefaction, for which he brings little proof besides the well known reasons, and Authority of Aristotle. » [Et ne soutenant, ni ne réfutant en rien, le raisonnement et les expériences de Sténon, Redi, ou Lister, il embrasse l'opinion vieille et désuète de leur existence produite de manière équivoque de la putréfaction, pour laquelle il apporte peu de preuve en plus des raisons bien connues, et de l'autorité d’Aristote. »] (Philosophical Transactions, 14 (1684), 507).

82R.A. Réaumur (note 76), p. 31.

83R.A. Réaumur (note 79), p. XXVIJ (et aussi p. XXXVIIJ).

84Et nous ne parlons même pas ici de ce que P. Findlen (note 9), notamment, a très bien mis en évidence, à savoir que ce sont les circonstances politiques et culturelles qui règnent à la Cour des Médicis qui déterminent le plus souvent l'idée et la mise en ???uvre des recherches menées par Redi. Pour autant, nous ne partageons évidemment pas le point de vue suivant de A. Rupert Hall : « In the eyes of those who regard science as a body of theory explaining the universe, rather than as a theoretically organised body of knowledge about the universe, the history of biology until the nineteenth century lacks significant cohesion ; natural history was a merely Baconian compilation of facts » (From Galileo to Newton 1630–1720 (Londres, 1963), 176–7).

85Claire Salomon-Bayet, L'institution de la science et l'expérience du vivant. Méthode et expérience à l'Académie royale des sciences, 1666–1793 [1978] (Paris, 2008), 434 et 437. Dans l'introduction de son livre, l'auteur constate avec humour : « L'objet de la science détermine l'histoire de la science : lorsqu'il s'agit du vivant, l'histoire de la science ne peut sans doute pas s’écrire comme s’écrit celle des sciences physiques, que spontanément l'historien des sciences, comme par exemple T. Kuhn, se donne pour modèle (il y a aussi des paradigmes pour l'histoire des sciences !). » (14).

86Charles Bonnet, La palingénésie philosophique, ou idées sur l’état passé et sur l’état futur des êtres vivans (Genève, 1770), I, 380–2 (souligné par lui).

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