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Abstract
Two major factors have contributed to the evolution of French historiography in the history of education in the past 50 years. The first relates to the general orientation of public debate about schools, which has shifted from a paradigm concerning democratisation to one that focuses on student success rates and the efforts to eliminate inequalities of all sorts. The second factor that has affected scholarly orientations lies in changes linked to academic positioning between pedagogy, history, and the educational sciences in the context of increasing university hirings, at least until recently. These two changes in terms of scholarly paradigms and scholarly professional identities have encouraged the development of a certain number of approaches and questions: a reconsideration of the historic role of the State, an interest in a greater diversity of actors in the educational process, and a re-evaluation of the cognitive, cultural and social effects of teaching at all levels. Despite this, the history of education plays a minor role today in France, not only in teacher training but also in debates about the future of schools.
L’historiographie française de l’éducation a évolué depuis un demi-siècle en fonction de deux facteurs. Le premier est la nature des débats publics relatifs à l’école, qui est passé du paradigme de la démocratisation à celui de la réussite de tous les élèves et de la lutte contre les inégalités. Le second est l’évolution des positions institutionnelles de la recherche en histoire de l’éducation, entre pédagogie, histoire et sciences de l’éducation, dans une conjoncture de multiplication des postes universitaires, au moins jusqu’à une date récente. Dans ce contexte, l’historiographie a privilégié quelques problèmes et approches: relativisation du rôle de l’Etat, attention portée à la totalité des acteurs de l’enseignement, réévaluation des effets cognitifs, culturels et sociaux de l’enseignement.
Notes
1 Un bon exemple des conclusions prospectives ou prescriptives d’un travail d’historien est donné par l’ouvrage d’Antoine Prost, qui restera longtemps un manuel classique: L’enseignement en France, 1800–1967 (Paris: A. Colin, 1968); cet ouvrage est dédié “à tous les réformateurs de l’enseignement français, morts sans avoir vu le succès de leurs justes conseils” (p. 6).
2 Succédera à cet ouvrage: La reproduction. Eléments d’une théorie du système d’enseignement (Paris: Editions de Minuit, 1970).
3 C’est notamment le cas d’un important ouvrage édité peu auparavant par l’Institut national d’études démographiques: Alain Girard, La réussite sociale en France. Ses caractères – ses lois – ses effets (Paris: INED, 1961).
4 Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers. Les étudiants et la culture (Paris: Editions de Minuit, 1964), 11.
5 Par exemple, sur l’évolution du niveau en orthographe et en calcul des élèves, sur la genèse des disciplines d’enseignement ou sur les grandes lois fondatrices de l’école contemporaine.
6 Les dépenses consacrées à l’Education nationale représentaient 7.2% du budget de la France en 1952, 15.9% en 1964, 23.7% en 2014 (budget voté).
7 C’est le titre, sur cinq colonnes, d’un article du journal Le Monde, le 4 février 2014.
8 Cette citation d’une sociologue donne le titre, sur quatre colonnes, d’un article du journal Libération, le 19 avril 2014.
9 Les sciences de l’éducation ont officiellement été créées comme section universitaire en 1967.
10 Comité des travaux historiques et scientifiques, Histoire de l’enseignement de 1610 à nos jours (Paris: Bibliothèque nationale, 1974), 900p.
11 Histoire de l’éducation, Numéro spécial, “La recherche en histoire de l’éducation”, 2–3, 1979, incluant un Annuaire des chercheurs, pp. 19–110.
12 Parmi ces laboratoires, on notera de manière non exhaustive: le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA) à Lyon; le Centre d’Etudes des Mondes moderne et contemporain (CEMMC) à Bordeaux; le laboratoire France méridionale et Espagne: Histoire des sociétés du Moyen-âge à l’époque contemporaine (FRA.M.ESPA), à Toulouse; le Centre de Recherches Historiques de l’Ouest (CERHIO) à Rennes; le Centre de Recherche et d’Etudes Histoire et Sociétés (CREHS) à Arras; le Centre d’histoire du XIXe siècle à Paris; l’Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine (IHMC) à Paris.
13 Parmi de nombreuses structures: le Centre Amiénois de Recherche en Education et Formation (CAREF) à Amiens; le Centre d’études et de recherche en sciences de l’éducation (CERSE) à Caen; le centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS) à Paris; le Centre Interdisciplinaire de Recherche Culture, Education, Formation, Travail (CIRCEFT) à Paris.
14 Sur chacun des thèmes et sujets qui seront évoqués ci-après, les très nombreux travaux peuvent être facilement repérés dans la Bibliographie d’histoire de l’éducation française publiée dans la revue Histoire de l’éducation depuis 1978. Cette bibliographie est consultable en ligne pour les années postérieures à 1996. De 1996 à 2012, elle comprend plus de 19,000 références d’articles, ouvrages et chapitres d’ouvrage; un index de plusieurs centaines de mots-clés permet d’identifier rapidement les publications pertinentes. Sont recensés les travaux des chercheurs étrangers consacrés à la France, mais non ceux que les historiens français consacrent aux pays étrangers. Depuis sa création en 1978, la revue Histoire de l’éducation a publié plusieurs bilans de cette production, qui permettent d’en suivre l’évolution. Le dernier en date est: Vincent Alamercery, “L’historiographie française de l’éducation. Essai de cartographie de ses objets et de ses acteurs”, Histoire de l’éducation 117 (2008): 97–116. Un état assez complet des orientations les plus actuelles de la recherche française en histoire de l’éducation est donné par Jean-François Condette et Marguerite Figeac, dir., Sur les traces du passé de l’éducation... Patrimoine et territoires de la recherche en éducation dans l’espace français (Bordeaux: Editions de la Maison des sciences de l’Homme, 2014); il comprend une vingtaine de bilans thématiques.
15 Journal du Dimanche, 11 mai 2014.
16 Paedagogica historica a consacré à ce thème un important numéro spécial dirigé par Dominique Julia: Aux sources de la compétence professionnelle. Critères scolaires et classements sociaux dans les carrières intellectuelles en Europe, XVIIe – XIXe siècles, Paedagogica historica 25, no. 1 (1994), 467 pp.
17 Cf. supra, note 14.
18 De 1977 à 2010, le Service d’histoire de l’éducation, qui jouissait d’une position d’exterritorialité universitaire du fait de son implantation dans l’Institut national de recherche pédagogique, aujourd’hui disparu, s’est efforcé de faciliter les interconnaissances à l’intérieur de l’ensemble du champ. En novembre 2011 s’est créée l’Association transdisciplinaire pour les recherches historiques sur l’éducation, à laquelle n’adhèrent encore que peu d’historiens.