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International Review of Sociology
Revue Internationale de Sociologie
Volume 18, 2008 - Issue 1
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Monographic Section: Culture et relations internationales

Projections internationales ou détours vers le local? Les diplomaties identitaires des sikhs (Inde) et des Mohajirs (Pakistan)

Pages 83-106 | Received 07 Jun 2006, Published online: 06 Jun 2008
 

Abstract

Ethnic diplomacy can be characterised as a ‘popular mode of diplomatic action’. As such, it is an illustration of the privatisation of diplomacy, which may involve private actions sponsored by state actors or, on the contrary, private actions with a public outcome in the realm of foreign policy. By attempting to reach out to state actors, international organisations and global NGOs, ethnic diplomats articulate a cultural mode of transnational mobilisation. But these two dimensions of ethnic diplomacy, its ‘culturality’ and its ‘transnationality’, cannot be taken for granted and should be questioned thoroughly. Through this analysis, it appears that long-distance nationalists do not always succeed in transnationalising their activities and that they often end up re-locating themselves in exile. And more than ethnicity or cultural repertoires, it is the political culture of ethnodiplomatic organisations and their relations with the diasporic environments in which they evolve which helps to explain the outcome of these popular modes of diplomatic action.

Notes

1. Nous empruntons cette formule à David Camroux, qui l'a utilisée pour qualifier les usages stratégiques de l'international auxquels s'adonnent les dirigeants malaisiens à des fins de politique intérieure (Camroux Citation1994).

2. Sur ces «localités politiques» inscrites dans des espaces-temps distincts et reliées par les flux transnationaux, cf. Ferguson et Gupta (Citation1992).

3. Entretien avec Harsimran Singh, Anandpur Sahib, 10/03/2001.

4. Entretien, New York, 12/04/2000.

5. Les «5 K» sikhs désignent les principaux attributs identitaires des sikhs orthodoxes: le kesh (cheveux et poil facial non taillés), le kanga (petit peigne retenant les cheveux en chignon, sous le turban), le kara (un bracelet porté au poignet droit), le kirpan (une dague ou sa réplique, portée à la ceinture) et le kaccha (des caleçons courts).

6. Sur la reconversion des khalistanis en lobby ethno-culturel, à partir d'un exemple canadien, cf. Gayer (Citation2000).

7. La communauté sikhe de Londres se concentre essentiellement dans ses banlieues ouest (Southall, Hayes et Harlington, Slough) et nord (Luton).

8. Rappelons qu'en juin 1984, la High Commission indienne à Londres ainsi que le consulat indien et les bureaux d'Indian Airlines à Liverpool furent attaqués par des sikhs protestant contre l'opération Bluestar.

9. Le 22 décembre 1984, Jasbir Singh quitta la Grande-Bretagne pour les Philippines, avec pour objectif de se rendre aux Etats-Unis via le Mexique. Le gouvernement indien convainquit le Président Ferdinand Marcos de livrer le leader de l'ISYF, et un avion spécial arriva le 26 décembre à Manille pour rapatrier le prisonnier.

10. Le jathedar de l'Akal Takht est la plus haute autorité religieuse sikhe, à la tête du «Siège de l'Eternel», cette institution située face au Temple d'or d'Amritsar symbolisant le pouvoir temporel de la communauté sikhe.

11. Le contrôle des gurudwaras est depuis les années 1980 une source de conflits violents entre les organisations sikhes anti et pro-Khalistan et entre ces dernières. En Grande-Bretagne, l'ISYF et le BKI s'affrontèrent à Coventry, alors que le temple de Kent fut le théâtre d'une lutte acharnée entre l'ISYF et une coalition d'organisations qui lui étaient hostiles. La région de Vancouver, et notamment la banlieue de Surrey, a quant à elle été agitée par «l'affaire des tables et des chaises», opposant organisations «modérées» (favorables à la présence de tables et de chaises dans les temples, et notamment dans le langar) et «fondamentalistes» (hostiles à cette entorse à la tradition et généralement pro-Khalistan). En janvier 1997, le temple de Guru Nanak, à Surrey, fut ainsi le théâtre d'une bataille rangée qui impliqua près de 1000 personnes et qui se solda par quatre blessés graves. Dans la plupart des cas, les radicaux finirent par l'emporter.

12. Entretien avec un ancien membre de la KCF, Londres, 22/07/1999.

13. Source: entretiens, Pendjab, mars 2001. Le BKI s'est notamment illustré par un attentat meurtrier contre un appareil d'Air India, en 1985, qui fit plusieurs centaines de victimes.

14. «Sikhs lobby MPs about terror laws», BBC News, 21/11/2001. Disponible sur: http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk/1668152.stm.

15. «British Sikhs find voice in political party», BBC News, 13/09/2003. Disponible sur: http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk/3104948.stm

16. Arrivé aux Etats-Unis en 1958, Bains a fait fortune dans la culture et le commerce des pêches et des orchidées, et il s'est offert un jet privé, qu'il a peint en safran et baptisé «Khalistan One». Bains était mona (il n'arborait ni barbe ni cheveux longs) avant l'opération Bluestar, et il entretenait des relations cordiales avec le Président Zail Singh, membre du Congrès (I). Il s'est retiré de la vie politique à la fin des années 1980 et s'est rendu en visite en Inde en 1998, en tant qu'invité du gouvernement.

17. Shiromani Gurudwara Prabandhak Committee; depuis 1925, cette institution gère l'ensemble des institutions religieuses sikhes du Pendjab indien.

18. En mars 1981, Ganga Singh Dhillon avait également présidé la 54e session de la Sikh Educational Conference à Chandigarh, au cours de laquelle il avait fait adopter une résolution insistant sur le caractère «national» de la communauté sikhe et recommandant la création d'un Etat sikh indépendant.

19. Les premiers cas de lobbying identitaire sikh au Canada remontent à l'affaire Bhinder, du nom de Sardar Karnal Singh Bhinder de Brampton, Ontario, renvoyé de la Canadian Railway Association pour avoir refusé de troquer son turban contre le couvre-chef réglementaire de la compagnie. En 1981, Bhinder reçut un avis favorable de la Commission des droits de l'homme canadienne, mais la CRA fit appel devant la Cour suprême et celle-ci débouta Bhinder dans son jugement 17 décembre 1985. A ce cas fameux succéda celui de Pavitar Singh, employé de la Canadian Pacific Railway à Vancouver, renvoyé dans les mêmes circonstances que Bhinder et également débouté par la Cour suprême. Ces deux cas, comme celui de Ranjit Singh, renvoyé peu de temps après de l'armée dans les mêmes circonstances, mobilisèrent la WSO et la Federation of Sikh Societies in Canada.

20. Sur la campagne de lobbying qui aboutit à l'autorisation des motards sikhs à troquer le casque contre le turban, cf. Bidwell (Citation1987) (MP de Ealing – Southall, Sidney Bidwell défendit les sikhs à la Chambre des communes après avoir été approché par la Sikh Missionary Society en 1994).

21. En Grande-Bretagne, l’Employment Act de 1989 a exempté les sikhs du port du casque sur les chantiers, tout en enjoignant aux employeurs de ne pas refuser d'embaucher des sikhs portant le turban. Cette exemption a cependant été invalidée par la régulation européenne en la matière, que les lobbyistes sikhs britanniques (en particulier Kashmir Singh) ne sont pas parvenus à faire amender.

22. Sur les campagnes de lobbying qui aboutirent à l'autorisation des conducteurs de bus de Manchester, Wolverhampton et Birmingham à troquer la casquette contre le turban, cf. Beetham (Citation1970). On notera qu’à Wolverhampton, où la mobilisation des «turban activists» fut la plus dure, ceux-ci appelèrent en renfort le président de la branche britannique de l'Akali Dal, qui menaça de demander à son parti d'appeler à la grève dans les usines Goodyear du Pendjab si les autorités locales n'autorisaient pas les conducteurs de bus locaux à porter le turban en service. Le père du conducteur autour duquel se mobilisèrent les akalis britanniques retourna par la suite au Pendjab et mit à profit son engagement en faveur du turban de son fils pour se lancer dans une carrière politique.

23. Les policiers sikhs de la municipalité de Toronto furent autorisés à porter le turban à partir de 1986 mais ce droit ne fut reconnu à leurs collègues de la Gendarmerie royale du Canada (les fameux «Mounties») qu'après une décennie d'efforts acharnés de la WSO (Gayer Citation2000).

24. Il s'agit de la première plateforme de groupes armés, formée en 1986 au Pendjab indien.

25. «Aulakh's Capitol Hill mission: lobbyist for Sikhs seen as misleading lawmakers», The Hill, 1/05/2002. L'article recense les plaintes de nombreux staffers contre le Dr. Aulakh, qui leur aurait extorqué illégalement des signatures de soutien.

26. Entretien, Washington D.C., 25/04/2000.

27. Entretien, Williams Lake (Colombie britannique), 17/08/1999.

28. Entretien, Brampton, 12/08/1999.

29. Entretien, Brampton, 12/08/1999.

30. Entretien, Londres, 17/07/1999.

31. Entretien, Alexandria (Virginie), 29/04/2000.

32. Ce départ, quelques mois avant le lancement de l'opération Clean-Up par l'armée pakistanaise dans le Sind, ne s'expliquait pas seulement par des raisons médicales et tout porte à croire qu'Altaf avait été averti qu'une opération se préparait.

33. Dont témoigne par exemple la lettre ouverte adressée en juillet 1999 par Altaf Hussain à un certain nombre de chefs d'Etats, à l'ONU ainsi qu’à Amnesty International et Human Rights Watch afin d'attirer leur attention sur le «génocide de la nation mohajire»; cf. «MQM leader pleads for top world bodies’ attention», The Asian Age, 10/07/1995.

34. Entretien, 28/04/2000.

35. Entretien, 28/04/2000.

36. Entretien, 15/08/1999.

37. Entretien, 15/08/1999.

38. «Altaf Hussain condemns terrorist attacks upon USA», document MQM, 11/09/2001. Disponible sur: http://www.mqm.org/English-News/Sep-2001/news_100901.htm

39. «MQM establishes centres in New York and Washington to direct relief operations for the people of America suffering as a result of the ‘Attack on America’», document MQM, 13/09/2001. Disponible sur: http://www.mqm.org/English-News/Sep-2001/news010913.htm

40. «MQM activities entered into its fourth day in America», document MQM, 16/09/2001. Disponible sur: http://www.mqm.org/English-News/Sep-2001/news010916.htm

41. «Murder of Daniel Pearl was an abhorrent and barbaric act – Altaf Hussain», document MQM, 22/02/2002. Disponible sur: http://www.mqm.org/English-News/Feb-2002/ah_murder_of_daniel_pearl.htm

42. «Mr. Altaf Hussain condemns the terrorists attack upon church in Islamabad, Pakistan», document MQM, 17/03/2002. Disponible sur: http://www.mqm.org/English-News/Mar-2002/ah020317.htm

43. «Mr. Altaf Hussain condemns the terrorist attack upon US consulate in Karachi, Pakistan», 14/06/2002; consultable à l'adresse suivante: http://www.mqm.org/English-News/Jun-2002/news020614.htm

44. En français dans le texte.

45. Entretien avec Samin Ahmad, Montréal, 4/04/2000.

46. En arabe, le terme murid désigne littéralement «celui qui désire». Dans la tradition soufie, le murid est celui qui se soumet à l'autorité de son chef spirituel (pir, murshid, shaikh …), après avoir été admis dans la confrérie au terme d'un parcours initiatique.

47. Sur ce point, cf. Gayer (Citation2004), pp. 505–524).

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