Abstract
The present reflection seeks to establish the chronotope as an operating unit in the act of reading inasmuch as it strives to reconstruct the coherence of the novel's universe and to uncover the essence of things. Of the equal value is the Bakhtinian principle of dialogism, which proves propitious in rendering explicit the connections between different chronotopical units.
Keywords:
Notes
1« Nous appellerons chronotope [ … ] la corrélation essentielle des rapports spatio-temporels, telle qu’elle a été assimilée par la littérature. [ … ] Dans le chronotope de l’art littéraire a lieu la fusion des indices spatiaux et temporels en un tout intelligible et concret. Ici, le temps se condense, devient compact, visible pour l’art, tandis que l’espace s’intensifie, s’engouffre dans le mouvement du temps, du sujet, de l’Histoire. Les indices du temps se découvrent dans l’espace, celui-ci est perçu et mesuré d’après le temps » (Bakhtine 237).
2 La sensation: « Je pourrais d’abord entendre par sensation la manière dont je suis affecté et l’épreuve d’un état de moi-même [ … ] Je sentirais dans l’exacte mesure où je coïncide avec le senti, où il cesse d’avoir place dans le monde objectif et où il ne me signifie rien » (Merleau-Ponty 9). La perception : « Si nous croyons à un passé du monde, au monde physique, aux « stimuli », à l’organisme tel que le représentent nos livres, c’est d’abord parce que nous avons un champ perceptif présent et actuel, une surface de contact avec le monde [ … ] », Merleau-Ponty 241. La sensation se produit à l’intérieur du sujet sentant, tandis que le domaine de la perception est la surface, la pellicule sensible dont le contact avec le monde produit la sensation.
3« Mais au moment où, me remettant d’aplomb, je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent, tout mon découragement s’évanouit devant la même félicité qu’à diverses époques de ma vie m’avaient donnée la vue d’arbres que j’avais cru reconnaître dans une promenade en voiture autour de Balbec, la vue des clochers de Martinville, la saveur d’une madeleine trempée dans une infusion, tant d’autres sensations dont j’ai parlé et que les dernières œuvres de Vinteuil m’avaient paru synthétiser », Le Temps retrouvé 445.
4Par esprit d’analogie, Bakhtine applique le concept de dialogisme au domaine de la création et de la réception des œuvres d’art et y souligne la présence des dialogues: « Dans les limites d’une seule œuvre et de l’art d’un seul auteur, nous observons quantité de chronotopes, et leurs interférences complexes spécifiques de l’œuvre et de l’auteur. [ … ] Ils peuvent s’imbriquer l’un dans l’autre [ … ]. Le caractère général de ces interrelations apparaît comme dialogique » (Bakhtine 392–93).