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Editorial

Transformation digitale de la supply chain : caractéristiques, enjeux et voies de recherche futures

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Depuis quelques années, la transformation digitale (TD) ou numérique s’impose comme un phénomène majeur touchant à la fois les sphères publiques et privées. Elle a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs et praticiens de par sa nature dynamique, son impact sur la société et les entreprises, sa complexité et la diversité de ses outils technologiques (Besson et Rowe, Citation2012 ; Vial, Citation2019). La dynamique se manifeste par le caractère évolutif de ce phénomène de la transformation par les technologies de l’information. Celui-ci ne doit donc être considéré comme « un panorama d’états marqués par des différences de plus en plus radicales. » (Rowe, Citation2016, p. 26). L’impact de la TD se fait par le biais de changements profonds que le phénomène opère aussi dans la société (habitudes, comportements, sécurité, vie privée, etc.) que dans l’entreprise (modèles d’affaires, stratégies industrielles, etc.) et entre l’entreprise et son écosystème (fournisseurs, clients organisationnels et finaux, prestataires de services, pouvoirs publics, etc.). La complexité, quant à elle, fait référence à la difficulté à changer radicalement les différents éléments de la structure d’une organisation (Jöhnk et al., Citation2022). Cette complexité s’est encore accentuée suite à l’avènement des réseaux sociaux et de nombreuses technologies digitales émergentes dites de l’industrie 4.0 telles que l’internet des objets (IoT en anglais pour Internet of Things), la blockchain, le Cloud Computing, le Big Data, l’intelligence artificielle (Atificial Intelligence), ou encore les jumeaux numériques (digital twins). L’introduction de ces technologies dans les entreprises, appelée communément digitalisation, entraîne des changements dont l’impact sur les chaînes logistiques reste encore à explorer.

Définir la transformation digitale (TD) de la supply chain

Alors que certains chercheurs continuent à employer les anciennes expressions « changement ou transformation organisationnels qu’entraînent les technologies d’information » ou « transformation organisationnelle par les technologies de l’information » (Besson et Rowe Citation2012; Rowe Citation2016), d’autres préfèrent la nouvelle appellation de « transformation digitale » (Vial Citation2019; Baiyere, Salmela, et Tapanainen Citation2020; Wessel et al. Citation2021). Le concept de la TD a fait l’objet de plusieurs définitions. De nombreux auteurs ont essayé de cerner le concept sans que cela aboutisse à une définition acceptée de façon unanime. Dans une revue de littérature systémique mobilisant un échantillon de 282 travaux académiques, Vial (Citation2019) a répertorié 23 définitions formulées par différents chercheurs dans des contextes distincts. Cette diversité de définitions s’explique par le fait que les auteurs ont des conceptions différentes de ce qu’est le phénomène de la TD. L’étude des définitions a permis à l’auteur de faire trois constats importants : (1) l’omniprésence des organisations qui demeurent les principales structures ou unités d’analyse concernées par la TD ; (2) l’existence de différences quant aux types de technologies utilisées et à la nature de la transformation ; (3) la mobilisation de termes similaires dans les différentes définitions proposées comme par exemple « technologies digitales » ou « digital technologies ». Nous retenons ici la définition de Vial (Citation2019) qui a le mérite d’être formulée à partir d’une analyse sémantique de l’ensemble des définitions existantes tout en respectant les règles proposées par Wacker (Citation2004) pour construire une définition claire et complète : « Un processus qui vise à améliorer une entité en déclenchant des changements significatifs dans ses propriétés grâce à des combinaisons de l’information, de l’informatique, de la communication et de la connectivité » (Vial Citation2019, 121). De cette définition générique, ressortent quatre caractéristiques essentielles de la TD à savoir l’entité, c’est-à-dire l’unité d’analyse concernée par la TD ; la portée, qui fait référence à l’ampleur des changements qui se produisent au sein des propriétés de l’entité cible ; les moyens, qui sont les technologies utilisées pour créer le changement ; et le résultat attendu de la TD.

Dans la supply chain (SC), la digitalisation concerne aussi bien les activités et processus logistiques de l’entreprise que ceux partagés avec les partenaires en amont et en aval. On parle désormais de la SC digitale (Ageron, Bentahar, et Gunasekaran Citation2020). En mobilisant les quatre caractéristiques essentielles de la TD, nous pouvons définir la TD de la SC comme :

Un processus dans lequel les technologies de l’information sont utilisées pour créer de la valeur tout en gérant les changements organisationnels qui affectent les activités et processus logistiques dans et entre les organisations.

L’impact de la transformation digitale sur la supply chain

Les chaînes logistiques sont devenues de plus en plus complexes et dynamiques et s’exposent à de multiples perturbations et risques. A l’ère de l’industrie 4.0 et de la TD, les technologies émergentes, appelées aussi technologies de rupture, entraînent un nouveau paradigme dans la gestion des chaînes logistiques. Ces technologies s’imposent comme une solution majeure pour surmonter les défis des SCs et permettent à ces dernières d’évoluer vers des SCs intelligentes. La notion de la SC intelligente est un nouveau concept qui dépasse les caractéristiques classiques (vendre moins cher, plus vite, en assurant une bonne qualité) et tente de pousser la chaîne logistique à faire face aux nombreux challenges liés notamment à la complexité, l’incertitude et la vulnérabilité de l’environnement des entreprises. Selon Ali et Govindan (2021), la TD soutenue par les technologies émergentes est un moyen efficace pour atténuer les risques opérationnels et les perturbations liées aux événements imprévus. Elle permet de synchroniser la production, de prévenir la distorsion de l’information et de réduire les délais de livraison (Tavana et al. Citation2022). Elle représente un outil efficace pour piloter les flux physiques depuis les lieux de production jusqu’aux points de consommation (Abbad, Lairet, et Mahjoub Citation2022). La TD a un impact positif considérable sur les processus de la SC (Tavana et al. Citation2022).

D’autres chercheurs considèrent la TD comme un moyen pour faire évoluer les SCs traditionnelles en réseaux agiles, flexibles et connectés, axés sur le client et sensibles à la demande (Centobelli, Cerchione, et Ertz Citation2020). En effet, l’un de ses avantages est d’être en capacité de réagir de manière dynamique aux besoins changeants des clients. L’adaptation spécifique au client peut concerner plusieurs processus de la SC comme la production, le développement, la planification et la distribution des produits. Elle permet de concrétiser plus de valeur sur le marché (Affogbolo Citation2022). Les bénéfices des technologies de rupture peuvent également être appliqués au processus de développement de nouveaux produits. En effet, ils permettent aux entreprises de saisir les opportunités sur des marchés en mutation, et cela les conduit à développer des stratégies de SCs ambidextres et à améliorer leur capacité d’innovation (Benzidia, Makaoui, et Subramanian Citation2021).

Le sujet de la TD de la SC a été largement abordé lors de la 7e édition du colloque international PROLOG qui a eu lieu à Nantes du 29 septembre au 2 octobre 2021. Il s’inscrit plus globalement dans la thématique choisie pour le colloque : « Digitalisation des Supply Chains ». À l’issue de cette manifestation scientifique et après un processus d’évaluation rigoureux en double aveugle, huit articles ont été retenus dans ce numéro spécial de la revue Logistique & Management. Ce numéro propose un aperçu représentatif des travaux de recherche traitant des changements induits par la digitalisation de la SC.

Dans son article, Thierry Houé considère la supply chain comme un espace réticulaire pluriel servant la transformation numérique de ses membres. Il tente alors d’expliquer comment une diversité de réseaux existants au sein des chaînes logistiques peut influencer la digitalisation des acteurs. À partir d’un cadre théorique fondé sur le concept de proximité et d’une étude qualitative reposant sur des entretiens avec des managers de vingt-cinq entreprises (industriels, distributeurs et prestataires de services logistiques), il met en évidence l’existence de trois réseaux distincts nommés transactionnel, stratégique et innovant. Dans ces réseaux, la coordination des relations entre acteurs semble jouer un rôle particulier dans la nature des solutions digitales créées et/ou déployées. L’auteur présente ainsi des trajectoires de digitalisation diversifiées dans les chaînes logistiques considérées. Au final, les résultats de sa recherche sont susceptibles d’aider les managers à mieux adapter leur attitude relationnelle envers les autres membres du réseau logistique, et cela, en fonction des objectifs de digitalisation qu’ils se sont assignés.

Les changements des modes de consommation et de distribution se sont accompagnés d’une véritable TD avec le développement de moyens favorisant la transparence et la traçabilité, à l’instar de la blockchain. Meriam Karaa s’intéresse à l’utilisation de cet outil dans le cadre spécifique de la filière huile d’olive. En s’appuyant sur une série d’entretiens semi-directifs menés auprès d’experts et de responsables d’une entreprise tunisienne de conditionnement et d’exportation d’huile d’olive, les résultats de l’étude qualitative aboutissent à l’identification des facteurs d’adoption de la blockchain dans ce cadre (avantage relatif, positionnement de l’entreprise, compétences en interne, etc.), des difficultés rencontrées (réticence des partenaires amont, absence d’accompagnement étatique, problèmes d’ordre technique) et des bénéfices associés faisant référence aux attentes vis-à-vis de « l’idéal type de la traçabilité » (amélioration de l’image du produit, de l’entreprise, du pays ; satisfaction des clients/partenaires ; amélioration de l’organisation interne, etc.).

Ouafae Bahou, Nawfal Bahha et Imane ElKartit abordent le phénomène de la digitalisation dans les ports maritimes. Ils s’attachent plus précisément à montrer les apports de la digitalisation à la gestion des réclamations des conteneurs endommagés au sein d’un terminal à conteneurs au Maroc. La recherche s’appuie sur la triangulation des données secondaires et 12 entretiens semi-directifs. Les résultats de ces investigations empiriques montrent que la digitalisation de la gestion des réclamations au sein du port, apporte plusieurs avantages aux différentes parties prenantes impliquées dans la chaîne portuaire : accélération du traitement des réclamations, simplification du travail et gain du temps, traçabilité des réclamations, évaluation de la performance des traitements, etc. La recherche conclue avec une discussion des contraintes et défis que doit relever la mise en œuvre de la digitalisation dans la gestion des réclamations des conteneurs endommagés.

En restant toujours dans le contexte marocain, Hasna Sabir et Bruno Durand se sont intéressés à l’enseigne Aswak Assalam et, plus précisément à travers elle, aux solutions e-logistiques en cours de déploiement dans le royaume, dans le secteur de la grande distribution alimentaire. Leur étude de cas originale s’intéresse, ainsi, à la possibilité (ou non) de transposer, au Maroc, des alternatives logistiques mises en œuvre chez des e-commerçants français. Les entretiens semi-directifs, menés auprès d’une vingtaine d’acteurs marocains, semblent montrer que le déploiement de ces solutions de distribution en ligne est envisageable avec, cependant, quelques ajustements, car il semble se heurter à deux obstacles principaux : (1) les caractéristiques culturelles des consommateurs et (2) le manque de mécanismes réglementaires de protection des internautes.

Thrycia Tite propose une revue de littérature exploratoire pour approfondir la compréhension de l’impact de la digitalisation sur la durabilité. Son analyse permet de mettre en évidence l’effet positif des technologies digitales étudiées à un double niveau, opérationnel et stratégique. Le Big Data, la blockchain, le cloud computing et l’internet des objets peuvent agir sur la durabilité, à travers la réduction des gaspillages, une visibilité et une transparence accrues, une plus grande coordination entre les acteurs, etc. Cependant, l’auteur identifie plusieurs barrières et défis et suggère des pistes d’améliorations parmi lesquelles des changements stratégiques et organisationnels.

La question de la durabilité dans les organisations est également abordée dans la recherche de Haithem Nagati, Mehdi Nekhili, Ikram Radhouane et Gilles Paché. Ces auteurs se sont focalisés plus précisément sur l’étude du comportement des entreprises familiales en matière d’adoption d’une gestion verte de la chaîne logistique et les enjeux qu’une telle adoption peut induire. En analysant un échantillon d’entreprises françaises cotées de l’indice SBF 120 entre 2002 et 2018, ils montrent que le caractère familial des entreprises n’incite pas particulièrement à une gestion verte de la chaîne logistique. Toutefois, les entreprises familiales opérant dans des secteurs « polluants » semblent manifester un intérêt majeur pour une telle gestion, une façon de soigner leur image, constitutive de leur identité et de leur réputation.

Martin Beaulieu, Jacques Roy, Anne Snowdon, Claudia Rebolledo, Sylvain Landry et Alexandra Wright étudient la gestion des équipements de protection individuelle dans les chaînes logistiques de deux provinces canadiennes lors des premiers mois de la pandémie du COVID-19. Leur article s’inscrit clairement dans le courant de la recherche sur la résilience de la chaîne logistique. Ce sont près de quarante intervenants qui ont été interviewés afin de construire les deux études de cas présentées dans l’article. Le Canada offre un terrain riche, car il combine simultanément un environnement relativement homogène tout en offrant des contrastes appréciables en termes de propagation de la pandémie, d’organisation des chaînes logistiques ou de maturité des systèmes d’information dans les réseaux publics de santé. L’étude formule un modèle intégré de résilience de la chaîne logistique du secteur de la santé. L’une des dimensions de ce modèle rejoint le concept de digitalisation et les études de cas démontrent les limites des systèmes d’information utilisés pour gérer les stocks dans les établissements de santé. Ces limites complexifient la prise de décision en temps de crise en ne permettant de mesurer l’impact réel des mesures prises, mais surtout elles restreignent le contrôle des comportements opportunistes des acteurs de la chaîne logistique.

Enfin, dans le dernier article de ce numéro spécial, Jomana Mahfod-Leroux aborde la gestion de la qualité dans la sous-traitance qui demeure l’une des composantes centrales pour améliorer la satisfaction des clients. Sa recherche s’intéresse aux effets relationnels entre le donneur d’ordre, les sous-traitants et les clients finaux, et à leur impact sur la qualité de service de la sous-traitance. L’ensemble des résultats a été obtenu sur un échantillon de 92 donneurs d’ordres dans le secteur du transport routier de marchandises (TRM) en France. Les résultats de ces investigations empiriques montrent que les relations en matière de sous-traitance nécessitent l’engagement de toutes les parties. Cela contribue à améliorer la qualité de service du donneur d’ordre par la capacité du sous-traitant à répondre à ses besoins et aux besoins de clients finaux.

Transformation digitale de la supply chain et capacités dynamiques : un agenda de recherche prometteur

Le courant des capacités dynamiques (CD) s’impose de plus en plus comme le cadre théorique de référence pour expliquer comment les entreprises construisent et maintiennent un avantage concurrentiel durable (Teece, Pisano, et Shuen Citation1997; Teece Citation2007; Helfat et Raubitschek, Citation2018). Il a été développé afin de remédier aux limites de l’approche ressources (Resource Based Vue ou RBV), notamment en ce qui concerne la notion de l’avantage concurrentiel durable. Les CD agissent directement sur la base de ressources de l’entreprise en lui permettant de la renouveler délibérément et de manière récurrente en vue de préserver son avantage concurrentiel et d’assurer ainsi la pérennité de son activité (Helfat et al. Citation2007). Pour Helfat et al. (Citation2007, 4), les CD traduisent « l’aptitude d’une organisation à créer, étendre ou modifier intentionnellement sa base de ressources ». Cette définition, que nous partageons, met l’accent sur les caractéristiques propres des CD à savoir, la nature délibérée et intentionnelle des processus de changement, le caractère structuré et persistant de ces processus, la finalité de la mise en œuvre des changements qui est la modification des ressources et/ou compétences de l’entreprise. Ayant toutes ses caractéristiques, les CD permettent aux organisations de faire face aux mutations de l’environnement et de maintenir leur croissance en mobilisant trois mécanismes Teece (Citation2007) : (1) identifier une opportunité (sensing), c’est-à-dire l’identification, le développement et l’évaluation des opportunités technologiques en lien avec les besoins des clients ; (2) saisir l’opportunité (seizing), qui signifie la mobilisation de ressources pour exploiter ces opportunités et d’apporter de la valeur au client ; (3) reconfigurer les actifs organisationnels (reconfiguring), qui renvoie à la capacité de l’entreprise à renouveler de manière continue ses processus. Le courant des CD représente un cadre théorique pertinent pour étudier le phénomène de la TD. L’étude de la littérature montre que la transformation par les technologies d’information entraîne des changements et des perturbations dans un marché de plus en plus concurrentiel. La capacité de l’entreprise à développer des mécanismes permettant de s’adapter aux changements induits par l’introduction et l’usage des technologies demeure un sujet intéressant à explorer.

Bien que l’investissement en R&D soit un facteur important pour la création de nouveaux produits et/ou processus, Teece (Citation2007) précise que les activités de R&D ne devraient pas être réalisées seulement en interne. Ces activités devraient aussi solliciter des acteurs externes comme les clients ou les fournisseurs. Elles renvoient donc au rôle des relations inter-organisationnelles (dyades ou réseaux) dans la création et la diffusion de l’innovation technologique. Dans la SC, le potentiel innovateur du prestataire de services logistiques (PSL) est mis en avant par de nombreux auteurs tels que Philipp et Paché (Citation2013), Busse et Wallenburg (Citation2014), Hdidou et Abbad (Citation2018) et Paché, Morel, et Roveillo (Citation2021). L’innovation constitue un élément important dans les stratégies des PSL puisqu’elle leur permet de différencier leur offre par rapport aux concurrents. La capacité d’innovation du PSL représente donc un élément stratégique pour la compétitivité de toute la chaîne logistique. À ce propos, Philipp et Paché (Citation2013, 84) avancent que :

De par son rôle d’interfaçage, par son expérience et par sa démarche multi-client, lui permettant de réaliser des économies d’échelle et d’intégrer les dernières technologies et innovations organisationnelles dans son portefeuille d’offre, le PSL n’est pas seulement capable d’anticiper les besoins du chargeur, mais ceux de la chaîne logistique dans son ensemble. En cela, il participe sans doute à l’émergence d’une véritable vision SCM.

Partant de ces développements, une première piste de recherche consiste à étudier comment les chargeurs (industriels et distributeurs) combinent l’usage des technologies émergentes (par exemple IoT et blockchain) et l’exploitation de la capacité d’innovation (innovations technologique et organisationnelle) des PSL pour réaliser de la valeur.

Aussi, la mise en place de la collaboration entre les acteurs de la supply chain permet non seulement d’identifier et de saisir les opportunités, mais aussi de reconfigurer les processus logistiques (Hdidou et Abbad, Citation2018). En effet, l’accès aux innovations technologiques des fournisseurs (PSL et autres) et aux informations qu’ils détiennent sur les évolutions du marché permet à l’entreprise d’exploiter de nouvelles opportunités et d’adapter son offre aux changements de l’environnement (Hdidou et Abbad Citation2018; Vial Citation2019). Cette adaptation de l’entreprise aux changements, permettant de maintenir la croissance de l’entreprise et sa rentabilité, est tributaire de sa capacité de recombiner et de reconfigurer ses ressources, ses processus et ses structures organisationnelles (Teece Citation2007). La reconfiguration des processus renvoie à la capacité que les technologies offrent pour reconcevoir ou renouveler les processus organisationnels, les procédures et les routines du système d’activités de l’entreprise (Teece Citation2007). Dans un contexte marqué par une rude concurrence et de fortes incertitudes,

une deuxième voie d’investigation invite les chercheurs à essayer de comprendre comment l’usage des technologies de l’industrie 4.0 permettrait de reconfigurer les processus logistiques afin que les acteurs de la SC s’adaptent de façon durable et évolutive aux changements des marchés et de l’environnement.

Ce contexte pousse les chaînes logistiques à refonder leur capacité à surmonter efficacement les différentes perturbations (crises sanitaires, hausses des prix de l’énergie et du transport, etc.) (Zouari, Ruel, et Viale Citation2021; El Baz et Ruel, Citation2021). S’interroger sur le rôle des technologies émergentes dans l’amélioration de la résilience des SCs représente donc une perspective de recherche pertinente. Il s’agit par exemple de voir comment l’articulation des technologies IoT (collecte de données), blockchain (partage de données) et Big Data (exploitation de données) permettent aux chaînes logistiques d’être plus résilientes. Ces trois pistes de recherche devraient nous permettre d’améliorer notre compréhension de la capacité des entreprises à concevoir des mécanismes reproductibles pour s’adapter aux changements causés par la digitalisation de la SC.

Pour conclure, nous tenons à remercier tous les auteurs pour la qualité de leurs contributions et les évaluateurs pour la pertinence de leurs retours.

Déclaration

Les auteurs confirment qu'il n'y a aucun conflit d'intérêt.

Références

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