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Acta Botanica Gallica
Botany Letters
Volume 161, 2014 - Issue 1
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Phytothérapie traditionnelle des conjonctivites en milieu urbain ivoirien : enquête sur les deux marchés aux plantes médicinales d’Abidjan

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Pages 33-45 | Received 04 Apr 2013, Accepted 02 Nov 2013, Published online: 24 Jan 2014

Résumé

Une enquête ethnobotanique semi-dirigée, focalisée sur le traitement traditionnel des ophtalmies, a été menée auprès de 17 vendeuses de plantes médicinales, issues d’ethnies diverses, installées sur les marchés d’Adjamé et d’Abobo, communes du District d’Abidjan (Côte d’Ivoire). Les pathologies oculaires prises en charge sont notamment les conjonctivites telles que le koko ou l’apollo. Les vendeuses citent chacune, en moyenne, l’emploi de cinq plantes utilisées dans ces affections. 44 drogues végétales issues de 36 plantes appartenant à 26 familles botaniques ont été recensées et identifiées. Leur emploi se fait à l’état sec ou frais, sous forme de décoction ou de jus exprimé, pour instillation ou bain oculaire et parfois lavage du visage. Les espèces les plus citées sont Ocimum gratissimum L. (Lamiaceae), Dissotis rotundifolia (Sm.) Triana (Melastomataceae) et Kalanchoe crenata (Andrews) Haw. (Crassulaceae). Les plantes ont été récoltées et l’activité antibactérienne d’extraits aqueux et méthanoliques préparés à partir des drogues végétales sèches a été évaluée vis-à-vis de six espèces bactériennes couramment responsables d’infections oculaires. Les résultats de ce criblage ne montrent pas de corrélation avec la fréquence de citation des espèces.

Extended summary

A semi-directed ethnobotanic survey of the traditional treatment of ophthalmic diseases was conducted among the medicinal plant retailers in the markets of Adjamé and Abobo, in the District of Abidjan (Côte d’Ivoire). Seventeen female informers from five ethnic groups (mostly Baoulé and Malinké), aged from 20 to 60 years (mean 39.1 years) were interviewed about their knowledge of eye diseases. ‘Conjunctivitis’ and ‘redness of the eye’ were frequently cited, sometimes with a precise traditional definition of the ailment (‘koko’, possibly corresponding to allergic conjunctivitis; ‘apollo’, for viral conjunctivitis). Phytotherapy is largely used to treat these specific ailments and symptoms of conjunctivitis: each informer cited an average of five plant species, with no obvious differences related to ethnic origin. Overall, 44 plant parts from 36 species, belonging to 26 botanical families, among which six were from the Fabaceae, were cited (Table 1). These plants were mostly Fabids and Malvids (Figure 2), in contrast with those used in Europe. Disparate phytotherapeutic uses were found (19 plants, i.e. 54%, were cited only once), but consensus existed for several species, the most cited being Ocimum gratissimum (Lamiaceae; 14 citations, 82% of informers), Dissotis rotundifolia (Melastomataceae; 11 citations), Kalanchoe crenata (Crassulaceae; eight citations), Desmodium adscendens (Fabaceae; five citations), Combretum paniculatum (Combretaceae), Manotes longiflora (Connaraceae), Adenia lobata (Passifloraceae) and Phyllanthus muellerianus (Phyllanthaceae) - all four citations each. Several of these plants had been inventoried in the 1970s, have convergent uses in neighbouring countries [e.g. O. gratissimum, Nauclea latifolia (Rubiaceae)], and/or constitute ‘classical’ plants of the Ivorian popular pharmacopoeia [Spondias mombin (Anacardiaceae), Abrus precatorius (Fabaceae), O. gratissimum, Zanthoxylum zanthoxyloides (Rutaceae)]. Interestingly, their main traditional therapeutic indications, as softeners in sore throats or for antiseptic purposes, can be regarded as evocative of the uses inventoried here. Leaves are used in 64.0% of cases. Roots and flowers are poorly (4.4%) and never cited, respectively. Direct use of latex or of sap was mentioned three times (3.7%). Half of the uses of leaves are performed in a fresh form, as expressed juice. Decoction is, however, the main mode of preparation (56%), the extracts being kept for 3–5 days. These traditional herbal drugs are used as ocular instillations or as an eye bath, and less frequently for face wash (Figure 3).

We hypothesized that uses of plants in conjunctivitis could be linked to antiseptic potential, in order to treat the infectious condition, to prevent infection of the injured eye, or to allow conservation of traditional preparations. To test this hypothesis, all plants were harvested in their natural habitats. Aqueous and methanol extracts of dried material were screened for antimicrobial activity, by dilution in solid culture medium, against six bacterial species responsible for ocular infections (Gram-negative bacilli: Escherichia coli, Proteus vulgaris, Pseudomonas aeruginosa; Gram-positive cocci: Enterococcus hirae, Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis). 52.3% of the extracts and 88.8% of plants inhibited bacterial growth of at least one strain (2 mg/ml, 48 h) (Table 2, Figure 5). Seven extracts were active against all bacteria [methanol extracts of Hibiscus asper (Malvaceae), Hoslundia opposita (Lamiaceae), O. gratissimum, S. mombin, Vitellaria paradoxa (Sapotaceae) and Z. zanthoxyloides (bark); aqueous extracts of Piliostigma thonningii (Fabaceae) and S. mombin]. However, there was no correlation between the displayed spectra and the frequencies of citation, except for O. gratissimum, a readily available species for which the antibacterial potential and safety have been largely studied. In contrast, some poorly cited species are known, or can be suspected, to be toxic, as reported in the literature. From a general point of view, investigation of the benefit/risk ratio of these widespread ocular traditional practices should be pursued for promotion and valorization of safe primary care remedies among the inhabitants of Abidjan.

Introduction

D’après l’OMS, près de 80% de la population africaine utilise les plantes pour se soigner. En effet, le recours aux pratiques de soins traditionnels est très ancré dans les habitudes, pour deux raisons. La première est d’ordre culturel: l’itinéraire thérapeutique traditionnel du malade s’inscrit dans un système où il a des repères et auquel il adhère. La seconde est d’ordre économique et infrastructurelle : les services de santé modernes ne sont pas à la portée d’un grand nombre d’Africains, principalement à cause du coût élevé des prestations et des médicaments importés. Cette situation touche aussi bien les populations rurales que celles des zones urbaines. L’OMS reconnait le caractère indispensable de la promotion des soins traditionnels et préconise l’évaluation de leur qualité, innocuité et efficacité, notamment dans le cadre des médicaments à base de plantes (WHO Citation2000). Inventorisation, quantification, validation et sécurisation des usages traditionnels représentent donc des enjeux sanitaires forts.

En Côte d’Ivoire, la prise en charge traditionnelle de certaines affections oculaires est assurée par des tradithérapeutes spécialisés. Ces soins présentent un rapport bénéfices / risques défavorable bien documenté. Par exemple, les guérisseurs de la confrérie des « frères Sidibé » utilisent, pour traiter la cataracte, la « technique de l’abaissement » du cristallin dans le vitré par introduction d’un stylet dans l’œil, sans anesthésie ni asepsie. Les complications observées sont sévères, conduisant fréquemment à la cécité et créant ainsi un véritable problème de santé publique (Elmahjoubi et al. Citation2009; Meda et al. Citation2005; Mariotti and Amza Citation1993). De manière générale, les remèdes traditionnels à visée oculaire sont mal évalués et doivent faire l’objet d’une attention particulière (OMS Citation2010; Meda et al. Citation2005), en raison de leur intérêt en santé primaire, mais aussi de leur iatrogénie potentielle, liée aux plantes entrant dans leur composition ou à leur mode de préparation, de conservation ou d’emploi. Dans ce cadre, nous nous sommes intéressés à la prise en charge traditionnelle des conjonctivites par la population Abidjanaise. Les conjonctivites correspondent à une inflammation de la conjonctive, d’origine bactérienne, virale, allergique, toxique ou mécanique. Ces affections n’affectent généralement pas la fonction visuelle, sauf dans certaines formes sévères. Elles semblent fréquentes, en milieu urbain comme en milieu rural, dans un cadre sanitaire difficile. Cependant leur prévalence n’a pas été objectivée par des études épidémiologiques. Cette étude vise à identifier les espèces végétales proposées par les vendeuses de plantes médicinales sur les marchés d’Abidjan pour le traitement de pathologies impliquant une conjonctivite. Les plantes recensées ont été récoltées et le potentiel antibactérien d’extraits a été évalué, dans un but de compréhension des usages répertoriés.

Matériel et méthodes

Enquête ethnobotanique

L’enquête ethnobotanique a été menée en mars 2009 aux marchés d’Abobo et d’Adjamé. Dix-sept vendeuses connues pour vendre des plantes à visée oculaire ont été choisies. Après avoir été informées de l’objet de l’enquête et avoir accepté d’y participer, elles ont été interrogées aux cours d’entretiens individuels, selon un format semi-directif. L’interrogatoire était focalisé sur les troubles oculaires locaux et leur classification traditionnelle. Les remèdes employés par voie locale dans les problèmes de gène et d’irritation oculaire, les œdèmes palpébraux et les atteintes de la cornée potentiellement liés à des infections bactériennes ont fait l’objet de questions spécifiques, avec un inventaire des plantes employées comme remède.

Récolte et identification des plantes

Les plantes ont été récoltées dans la région de Toumodi (« V-baoulé ») ou dans la savane de Moossou, à Grand-Bassam. Elles ont été séchées à l’air libre, puis broyées. Les espèces récoltées ont été identifiées au Centre National Floristique d’Abidjan où un herbier a été constitué et déposé. Les numéros d’herbier et les lieux de récoltes de ces espèces sont présentés comme Supporting information (Table S1).

Afin de vérifier l’identité des espèces citées au cours de l’enquête, les échantillons obtenus auprès des informatrices ont été confrontés visuellement avec les espèces récoltées dans leur milieu naturel, sous forme fraîche ou sèche selon les cas.

Préparation des extraits

Des décoctions aqueuses (10% m/v; 15 min) ont été préparées à partir de chacune des drogues, puis lyophilisées après filtration à froid. Des extraits méthanoliques (10% m/v; macération; 24h) ont également été préparés, puis évaporés à siccité sous pression réduite après filtration.

Criblage antibactérien

Les souches bactériennes employées sont issues de la Collection de l’Institut Pasteur (CIP) : Staphylococcus aureus CIP 4.83, Staphylococcus epidermidis CIP 53.124, Enterococcus hirae CIP 58.55, Proteus vulgaris CIP 58.60, Pseudomonas aeruginosa CIP 82.118 et Escherichia coli CIP 54.127. Des solutions-mères à 20 mg/mL des extraits aqueux et méthanoliques ont été préparées dans l’eau distillée stérile et dans le DMSO (10%), respectivement. Elles ont été diluées (1:10) dans la gélose Trypticase soja maintenue à 45°C dans un bain-marie et des aliquots de 1 mL ont été introduits en plaque 24 puits. Après solidification, un dépôt de 4 μL de suspension de souche bactérienne (105 CFU/mL) est effectué à la surface de chaque puits. L’inoculum est préparé à partir d’une culture de 24 h des différentes bactéries dans du bouillon Trypticase soja. La lecture des plaques est réalisée après 48 h d’incubation à 37 °C, avec recherche d’une inhibition totale de croissance bactérienne. La gentamicine (10 μg/mL) et les solvants employés ont été utilisés comme témoins.

Résultats

Enquête ethnobotanique

Abidjan couvre une superficie de 422 km2 et sa population est comprise entre cinq et six millions d’habitants. La ville comporte deux principaux marchés aux plantes médicinales: les marchés d’Abobo et d’Adjamé. Les drogues végétales sèches ou fraîches présentes sur les étals (Figure ) sont vendues à des tradipraticiens tout comme à des particuliers. Les plantes proviennent de différentes régions de la Côte d’Ivoire par l’intermédiaire de récolteurs locaux : des femmes, pour les plantes herbacées les plus accessibles – en milieu péri-urbain, notamment – et surtout des hommes, pour les cueillettes plus difficiles, en zone forestière ou de savane. Les réseaux d’approvisionnement du marché sont courts, à l’échelle locale et nationale, avec une traçabilité cependant non assurée et une absence de contrôle (Booker et al. Citation2012). Le commerce des plantes médicinales est une activité informelle tenue essentiellement par les femmes. Elles ne reçoivent pas de formation particulière pour leur exercice et ne figurent dans aucun registre de commerce. Les 17 informatrices retenues pour l’enquête sont connues pour le fait de vendre, entre autres, des plantes à visée oculaire. Elles sont représentatives de la population générale des marchandes de plantes. Elles appartiennent principalement aux ethnies Malinké (neuf) et Baoulé (quatre). Les autres étaient Sénoufo (deux), Lobi (une) et Moré (une de nationalité Burkinabé). Elles étaient âgées de 20 à 60 ans (39,1 ans en moyenne). Toutes sont analphabètes et les plus jeunes n’avaient qu’une connaissance très sommaire des plantes qu’elles vendent. D’une manière générale, ces vendeuses véhiculent un savoir que l’on peut qualifier de populaire.

Figure 1. Vendeuses de plantes médicinales des marchés d’Abidjan [Photographies: M. Adiko].

Figure 1. Plant retailers in the markets of Abidjan. [Photographs: M. Adiko].

Figure 1. Vendeuses de plantes médicinales des marchés d’Abidjan [Photographies: M. Adiko].Figure 1. Plant retailers in the markets of Abidjan. [Photographs: M. Adiko].

L’interrogatoire a d’abord porté sur la sphère ophtalmique, oculaire et péri-oculaire. Diverses affections prises en charge par voie oculaire (maux de tête, vertiges, envoûtements; plantes utilisées pour susciter une réaction en cas de perte de connaissance) ont été évoquées, mais non prises en compte. Les troubles oculaires cités par les informatrices se réfèrent principalement à des rougeurs, des sécrétions conjonctivales et des kystes. Amblyopie et cataractes ne sont pas mentionnées de manière spontanée. Des phénomènes d’ictère, parfois assimilés à la sphère oculaire, sont évoqués. L’enquête s’est focalisée sur les cas d’irritation, de rougeur et de situations inflammatoires. Sont ainsi évoqués les « maux d’yeux », désignant une gène oculaire ou une démangeaison, voire une douleur, souvent associés à une conjonctivite, uni ou bilatérale; la « conjonctivite » ou les « yeux rouges », qui peuvent être associés à un œdème ou à des lésions cornéennes désignées comme des « taches ». Deux autres types de conjonctivites sont distingués : l’« apollo » et le « koko » (ou « koko des yeux »). L’« apollo » est une conjonctivite virale d’apparition soudaine, causée par l’enterovirus 70 (EV70), un variant du Coxsackievirus A24, transmise par contact direct avec les sécrétions oculaires et dont la première épidémie fut décrite en 1969 au Ghana (et attribuée par la rumeur au fait d’avoir scruté le ciel pour apercevoir la capsule Apollo 11) (Huguet et al. 2010; Lévêque et al. Citation2007). Le « koko » est associé dans la tradition populaire à une congestion ou à un phénomène hémorroïdaire et fait référence à un ensemble de pathologies à caractère kystique avec prurit, par analogie avec l’aspect du tubercule de Colocasia esculenta [L.] Schott (Araceae). Au plan ophtalmologique, le « koko » semble correspondre à des conjonctivites allergiques, principalement la Limbo-Conjonctivite Endémique Tropicale (LCET), caractérisée par prurit, larmoiement, photophobie, sensation de corps étranger et de brûlure, apparition de taches brunâtres au niveau de la conjonctive (Hall and Shilio Citation2006). L’atteinte de la cornée entraine une baisse de l’acuité visuelle. L’interrogatoire a ensuite été focalisé sur les remèdes : les informatrices ont en moyenne cité cinq plantes employées dans les conjonctivites sensu lato. Le nombre de réponses croissait généralement avec l’âge des informatrices (de quatre à sept espèces, appartenant à 26 familles d’Angiospermes ont ainsi été répertoriées. Ce sont principalement des Fabids et des Malvids. Les Magnoliids étaient absents et les Monocots, peu représentés (Figure ). Les Fabaceae sont les plus représentées (six espèces; 16,7%) et les plus citées (21 fois; 21,6% du nombre total de citations).

Figure 2. Taxons des plantes employées dans le traitement traditionnel des conjonctivites.

Figure 2. Taxa of plants used for the traditional treatment of conjunctivitis.

Figure 2. Taxons des plantes employées dans le traitement traditionnel des conjonctivites.Figure 2. Taxa of plants used for the traditional treatment of conjunctivitis.

La liste des plantes, leurs indications, leurs modes de préparation et les fréquences de citation figurent dans le tableau . 44 drogues ont été désignées par les informatrices. Les feuilles constituent l’organe le plus fréquemment utilisé. Les racines sont peu employées. Les fleurs, les inflorescences ou les parties aériennes fleuries ne sont jamais citées (Figure ). Les indications proposées traduisent une symptomatologie souvent aspécifique (« conjonctivite » : 10 plantes, 28,6%; « rougeur des yeux » : huit plantes, 22,9%; « maux d’yeux » : cinq plantes, 14,3%). Certaines plantes portent cependant une indication précise (« koko » : huit, 22,9% ou « apollo » : cinq, 14,3%, mutuellement exclusives). Des plantes employées dans les irritations oculaires liées au crachat de serpent sont mentionnées. Différents modes de préparations sont cités, pour une administration en instillation et/ou en bain oculaire, parfois en lavage du visage. Les applications se font deux à trois fois par jour, surtout le matin et le soir. La quantité d’organe conseillée n’est pas uniforme; c’est en général la botte de plante proposée par les vendeuses qui correspond à la dose d’une préparation. Ces préparations sont réalisées dans des canaris en terre cuite et sont conservées et utilisées pendant trois à cinq jours. Le mode d’emploi le plus souvent cité est la décoction (56%). Des « jus » sont souvent exprimés à partir des feuilles fraîches (50% des emplois de feuilles), passées sur la flamme, pour une instillation directe dans l’œil (De Smet 1996). L’instillation de sève ou de latex (Moraceae) est citée dans trois cas. Le bain de vapeur du visage a été cité une fois, mais la fumigation (Kheraro and Bouquet Citation1950; Mohagheghzadeh et al. Citation2006) n’est pas retenue, probablement en raison de son caractère irritant (Figure ). Aucune informatrice n’a mentionné d’effet indésirable ou de contre-indication particulière.

Tableau 1. Plantes médicinales conseillées dans les conjonctivites sur les marchés d’Abobo et d’Adjamé (Abidjan). Table 1. Medicinal plants advised for conjunctivitis in the markets of Abobo and Adjamé (Abidjan).

Figure 3. (a) Parties de plantes employées et (b) modes d’emploi pour le traitement traditionnel des conjonctivites (a) Nombre de drogues végétales citées, pourcentage du total; (b) Nombre de citations.

Figure 3. (A) Plant parts and (B) plant usage for the traditional treatment of conjunctivitis. (A) Number used, percentage of all plant parts cited (bark; leaves; aerial parts; entire plant; twigs; roots); (B) Number of citations (juice; sap; latex; decoction; maceration; steam bath; eye wash; eye instillation; face wash).

Figure 3. (a) Parties de plantes employées et (b) modes d’emploi pour le traitement traditionnel des conjonctivites (a) Nombre de drogues végétales citées, pourcentage du total; (b) Nombre de citations.Figure 3. (A) Plant parts and (B) plant usage for the traditional treatment of conjunctivitis. (A) Number used, percentage of all plant parts cited (bark; leaves; aerial parts; entire plant; twigs; roots); (B) Number of citations (juice; sap; latex; decoction; maceration; steam bath; eye wash; eye instillation; face wash).

Les plantes les plus employées sont Ocimum gratissimum (Lamiaceae; 14 citations, soit 82% des informatrices), Dissotis rotundifolia (Melastomataceae; 11, 65%), Kalanchoe crenata (Crassulaceae; 8, 47%), Desmodium adscendens (Fabaceae; 5, 29,5%), Combretum paniculatum (Combretaceae), Manotes longiflora (Connaraceae), Adenia lobata (Passifloraceae) et Phyllanthus muellerianus (Phyllanthaceae; quatre citations chacune, 23,5%) (Figure ). On remarquera que K. crenata, plante pédiatrique de la tradition, utilisée pour l’entretien du nouveau-né (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1979), est spécifiquement citée dans les conjonctivites néo-natales. Les espèces ne varient pas de manière significative en fonction de l’ethnie de l’informatrice. Par exemple, O. gratissimum est citée par trois vendeuses Baoulé sur cinq, par huit Malinké sur dix, par une Lobi, une Moré, une Sénoufo; D. rotundifolia par trois Baoulés, cinq Malinkés, une Moré, une Sénoufo. Le savoir véhiculé sur les marchés est donc varié (19 plantes ne sont citées qu’une seule fois; 54%), mais apparait dans certains cas consensuel et convergent.

Figure 4. Espèces les plus fréquemment citées, dans leur milieu naturel (a) Ocimum gratissimum; (b) Manotes longiflora; (c) Dissotis rotundifolia; (d) Kalanchoe crenata [Photographies : M. Adiko; dans le « V-baoulé »].

Figure 4. Most cited plants, in their natural habitat. (A) Ocimum gratissimum; (B) Manotes longiflora; (C) Dissotis rotundifolia; (D) Kalanchoe crenata [Photographs: M. Adiko; in the “V-baoulé” region].

Figure 4. Espèces les plus fréquemment citées, dans leur milieu naturel (a) Ocimum gratissimum; (b) Manotes longiflora; (c) Dissotis rotundifolia; (d) Kalanchoe crenata [Photographies : M. Adiko; dans le « V-baoulé »].Figure 4. Most cited plants, in their natural habitat. (A) Ocimum gratissimum; (B) Manotes longiflora; (C) Dissotis rotundifolia; (D) Kalanchoe crenata [Photographs: M. Adiko; in the “V-baoulé” region].

Activité antibactérienne

Un criblage biologique a ensuite été mené. Toutes les drogues végétales proposées par les vendeuses ont été récoltées dans leur milieu naturel, principalement dans la région de Toumodi, à la pointe du « V-baoulé », zone de transition entre la forêt et la savane caractérisée par une distribution en mosaïque et par une grande richesse floristique; on y retrouve aussi bien des végétaux des régions forestières que de savanes (Guillaumet and Adjanohoun Citation1971). Certaines plantes herbacées ont été récoltées dans la savane de Moossou à Grand-Bassam, qui présente un biotope varié et riche, composé de mangroves, de forêts marécageuses, de cocoteraies et de savanes herbeuses. Les plantes récoltées ont été mises en herbier et identifiées. Elles ont été confrontées à des échantillons provenant des informatrices. Des extraits aqueux et méthanoliques ont été réalisés à partir des différentes drogues récoltées, à l’état sec. Les extraits aqueux ont été préparés de manière équivalente à l’usage traditionnel, par décoction. Les extraits méthanoliques, obtenus par macération à température ambiante, différent des formes traditionnellement employées, mais peuvent être potentiellement considérés comme approchant l’emploi sous forme de jus obtenu par expression. L’activité antibactérienne de ces extraits a été évaluée par dilution des extraits dans un milieu gélosé (Cos et al. Citation2006), à forte concentration (2 mg/mL). Six bactéries impliquées dans des infections oculaires ont été employés. 46 extraits, principalement méthanoliques (pour 65% d’entre eux; seuls 18 décoctés sur 44 étaient actifs), issus de 31 drogues, ont montré une inhibition totale de croissance bactérienne à 48 h, pour au moins un germe. Ces données sont répertoriées dans le tableau . Les extraits sont actifs soit uniquement sur les Bacilles à Gram- (Escherichia coli, Proteus vulgaris et Pseudomonas aeruginosa) (cinq extraits; trois drogues), soit sur les Cocci à Gram+ (Enterococcus hirae, Staphylococcus aureus et Staphylococcus epidermidis) (14 extraits; sept drogues), soit présentent un large spectre (27 extraits; 21 drogues) (Figure ). Les extraits méthanoliques d’Hibiscus asper, d’Hoslundia opposita, d’Ocimum gratissimum, de Spondias mombin, de Zanthoxylum zanthoxyloides (écorces) et de Vitellaria paradoxa sont actifs contre toutes les souches, ainsi que les extraits aqueux de Piliostigma thonningii et de S. mombin. Ces espèces ne sont citées qu’une fois par les informatrices, sauf O. gratissimum, plante la plus citée.

Tableau 2. Criblage antibactérien des décoctés et des extraits méthanoliques des drogues végétales recensées Seuls les extraits ayant inhibé la croissance d’au moins une souche sont répertoriés; + indique la sensibilité de la souche (2 mg/mL, 48 h). Table 2. Antibacterial screening of aqueous and methanol extracts of the inventoried plants. Only the extracts that inhibited the growth of at least one strain are reported; + indicates sensitivity of the strain (2 mg/ml, 48 h).

Figure 5. Activité antibactérienne des plantes employées dans les conjonctivites Activité sur au moins une souche; spectre d’activité : (a) Plantes (% du nombre total d’espèces citées); (b) Drogues végétales (% du nombre total de parties de plantes citées); (c) Extraits (% du nombre total d’extraits).

Figure 5. Antimicrobial activities of plants used for the traditional treatment of conjunctivitis – activity spectrum. Activity on at least one strain; (a) plant species (% of all cited species); (b) plant parts (% of all cited plant parts); (c) extracts (% of all tested extracts).

Figure 5. Activité antibactérienne des plantes employées dans les conjonctivites Activité sur au moins une souche; spectre d’activité : (a) Plantes (% du nombre total d’espèces citées); (b) Drogues végétales (% du nombre total de parties de plantes citées); (c) Extraits (% du nombre total d’extraits).Figure 5. Antimicrobial activities of plants used for the traditional treatment of conjunctivitis – activity spectrum. Activity on at least one strain; (a) plant species (% of all cited species); (b) plant parts (% of all cited plant parts); (c) extracts (% of all tested extracts).

Discussion

Les marchés d’Adjamé et d’Abobo représentent les sites les plus importants d’approvisionnement en plantes médicinales pour la population abidjanaise. Ces lieux sont également des zones d’échange et de brassage interethniques. La connaissance des noms vernaculaires des espèces végétales dans les deux langues locales principales (Baoulé, Malinké) est essentielle pour l’inventorisation. A défaut de dénomination spécifique dans ces dialectes, la désignation employée par d’autres ethnies est adoptée (Table S2, supplementary information). Les espèces proposées par les informatrices sont celles qui sont fréquemment employées par les tradipraticiens d’Abidjan, ou qui jouissent de la meilleure réputation dans les affections considérées. On peut être frappé par la diversité des plantes citées et par le consensus s’établissant autour de certaines espèces. Les plus larges inventaires menés précédemment dans la région ivoirienne avaient déjà mis en évidence des espèces employées pour les troubles oculaires (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1979; Bouquet and Debray Citation1974; Kheraro and Bouquet Citation1950). Un certain consensus se dégage : parmi les 30 espèces citées par Adjanohoun (Citation1979) dans ce type d’indications, 33% ont été relevées au cours de notre étude; la convergence est de 13,5% par rapport aux 51 plantes des conjonctivites et ophtalmies citées par Bouquet (Citation1974). Pour ces dernières, on retrouve en particulier Ocimum gratissimum, Dissotis rotundifolia et Phyllanthus muellerianus. En regard de la Pharmacopée « générale » ivoirienne, plusieurs taxons ne sont pas représentés dans notre inventaire (Magnolids, Zingiberales…) et les plantes à alcaloïdes sont peu citées (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1979; Aké-Assi Citation2011; Koné et al. Citation2004). De plus, les espèces ou genres employés dans les soins traditionnels des yeux en Côte d’Ivoire sont parfois communs aux pharmacopées des pays limitrophes (Burkina Faso, Mali, Bénin). On peut ainsi relever une convergence d’usage pour les espèces O. gratissimum et Nauclea latifolia (Bénin); Spondias mombin et Piliostigma thonningii (employées dans l’onchocercose au Mali); Nauclea latifolia (dans les conjonctivites au Bénin et les ictères au Mali; Nauclea sp. au Burkina Faso); Vitellaria paradoxa (dans les ictères au Burkina Faso); Combretum spp. (C. micranthum dans les conjonctivites au Burkina Faso). On notera la présence à Abidjan de tradithérapeutes issus de ces pays. Réputés bien connaitre les vertus thérapeutiques des plantes, ils sont fréquemment sollicités par les ivoiriens. De plus, des femmes Maliennes et Burkinabés sont parfois vendeuses de plantes médicinales sur les marchés ivoiriens (une dans notre enquête, qui cite les deux espèces principales de l’inventaire). Des échanges de savoir ont probablement lieu (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1989; CNRST Citation2004; Forgues and Bailleul Citation2009). Parmi les espèces citées par les informatrices, plusieurs constituent des remèdes « classiques » de la pharmacopée ivoirienne (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1979; Aké-Assi Citation2011; Bouquet and Debray Citation1974), dont les emplois principaux peuvent être rapprochés de potentielles activités « adoucissante » ou antiseptique : ainsi, le jus des feuilles fraîches de Spondias mombin et les feuilles d’Abrus precatorius ont un statut de pectoral adoucissant; Ocimum gratissimum est employée par voie locale dans les angines; Zanthoxylum zanthoxyloides est un antiseptique général, employé en particulier comme vulnéraire (Adjanohoun and Aké-Assi Citation1979; Aké-Assi Citation2011).

Une comparaison peut-être faite avec les médicaments de phytothérapie issus de la tradition européenne. Les plantes pouvant revendiquer l’indication « traditionnellement employé dans les irritations oculaires » (neuf en France) ont une visée principalement adoucissante ou veinotonique et jouissent également d’emplois cutanés ou ORL. Ce sont majoritairement des Campanulids, des Malvids, plus rarement d’autres Rosids, avec surtout des Asteraceae (30%; à mucilage, anthocyanes et sesquiterpènes), ainsi que d’autres plantes à mucilages (Malvaceae, Plantaginaceae) et des plantes à tanins (Hamamelidaceae, Vitaceae) (Agence du médicament Citation1997; Bruneton Citation2009). Les espèces relevées au cours de l’enquête ont probablement d’autres intérêts qu’un caractère adoucissant ou décongestionnant. On peut, de plus, être surpris de la faiblesse des citations pour Hibiscus asper ou Ceiba pentandra (Malvaceae) (Bruneton Citation2009).

Les conjonctivites pouvant avoir une étiologie bactérienne ou faire l’objet d’une surinfection, nous avons cherché à déterminer si les plantes préconisées à Abidjan possèdent un potentiel antiseptique, à l’aide d’un test de criblage adapté aux extraits polaires (Cos et al. Citation2006). Les bactéries utilisées (Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Enterococcus hirae, Proteus vulgaris, Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli) sont impliquées dans des infections oculaires – en particulier Staphylococcus epidermidis, S. aureus et P. aeruginosa, qui appartiennent à la flore microbienne normale de la conjonctive et de la paupière (Denis et al. Citation1999; Sherwal and Werma Citation2008). Une forte concentration d’extrait a été employée, en regard de l’emploi local sur l’œil et la zone péri-oculaire, généralement sous forme de décoctés non dilués en bain, ou de jus instillés en quantité importante. Dans ces conditions, les extraits d’environ trois quarts des espèces (28) et de deux tiers des drogues végétales (31) répertoriées présentent une activité sur au moins une souche bactérienne dans notre modèle. L’évaluation d’extraits obtenus sur du matériel végétal frais, mais aussi de jus exprimés, reste à réaliser. Nos observations, si elles méritent confirmation dans un modèle plus pertinent (Cos et al. Citation2006; Houghton et al. Citation2007), corroborent celles de la littérature (Kablan et al. Citation2008), en particulier pour les feuilles d’Ocimum gratissimum, dont des extraits alcooliques, aqueux et l’huile essentielle ont été largement étudiés (Adebolu and Oladimeji Citation2005; Akujobi et al. Citation2010; Chah et al. Citation2006; Ekwenye and Onwukwe, Citation2008; Ijeh et al. Citation2005; Iwalokun et al. Citation2001, Citation2003; Ngassoum et al. Citation2003; Matias et al. Citation2011; Nweze and Eze Citation2009); Piliostigma thonningii (Akinpelu and Obuotor Citation2000; Koné et al. 2006); Hoslundia opposita (Mujovo et al. Citation2008); Zanthoxylum zanthoxyloides (Ngane et al. Citation2000; Ngassoum et al. Citation2003). Des tests effectués à partir des feuilles de Ficus exasperata n’ont pas non plus montré d’effet antibactérien (Anago et al. Citation2011; Macfoy and Cline Citation1990; Sonibare et al. 2006). Par contre, un effet antibactérien de Buchholzia coriacea, Morinda lucida et Vitellaria paradoxa a été observé par d’autres auteurs (Ajaiyeoba et al. Citation2011; Akinyemi et al. Citation2005; Ndukwe et al. Citation2007). On remarquera que chacune des six plantes présentant le plus large spectre n’a été citée qu’une seule fois au cours de notre enquête, à l’exception d’Ocimum gratissimum, espèce la plus citée, employée à l’état frais, aux larges usages en médecine populaire africaine – potentiellement en raison du potentiel antiseptique lié à son huile essentielle. De plus, l’activité antinociceptive d’un extrait aqueux a été mise en évidence chez le rongeur (Tanko et al. Citation2007). Enfin, cette espèce a fait l’objet de plusieurs études de tolérance chez l’animal (Mahesh et al. Citation2009; Rabelo et al. Citation2003; Orafidiya et al. Citation2004; Osuagwu et al. Citation2004). Abondante, elle apparait comme un excellent candidat pour le développement d’un phytomédicament traditionnel amélioré (WHO Citation2000) à visée oculaire.

Pour ces plantes, il est possible que l’activité relevée justifie les usages, en prévention ou traitement des infections bactériennes de l’œil lésé, voire qu’elles présentent un intérêt dans la conservation des remèdes, dans le cadre de mélanges. On remarquera que le rapport bénéfices / risques de plusieurs des espèces citées peut sembler incertain, malgré le crible de la sélection traditionnelle : l’espèce Zanthoxylum zanthoxyloides (Rutaceae) contient des alcaloïdes isoquinoléiques et indoliques, aux activités biologiques marquées et variées (Dupont et al. Citation2005). Adenia lobata (Passifloraceae) est employée comme poison sagittaire, le genre étant caractérisé par la présence de lectines de type 2, fortement cytotoxiques (Pelosi et al. Citation2005), comme celles des graines d’Abrus precatorius (Dickers et al. Citation2003; Sahni et al. Citation2007). Le latex d’Antiaris toxicaria (Moraceae) est également employé pour empoisonner des flèches – généralement comme adjuvant (Neuwinger Citation1996). Enfin, une Euphorbiaceae est répertoriée, alors que la famille est généralement considérée comme agressive pour les muqueuses et l’œil; Spondias mombin est potentiellement allergisant, comme de nombreuses autres Anacardiaceae (Bruneton Citation2005). Ces espèces ne sont que peu citées (une ou deux fois), mais soulignent l’importance d’une veille en phytopharmacovigilance (WHO Citation2000). Dans l’optique d’une telle surveillance, la problématique des contaminations (par adultération, microbiologique, etc.) des plantes et de leurs préparations ne doit pas être négligée (Sahoo et al. Citation2010; Shaw et al. Citation2012).

Conclusion

Cette enquête ethnobotanique menée auprès de vendeuses d’Abidjan a permis de répertorier 36 plantes utilisées dans le traitement traditionnel des conjonctivites, avec une prédominance des Fabaceae. On observe un consensus limité, avec deux plantes citées plus de 10 fois et six autres espèces quatre fois ou plus. Des décoctés ou des jus exprimés sont obtenus et administrés, généralement en instillation ou en bain oculaire, avec un rapport bénéfices / risques non évalué. Les espèces relevées ne sont généralement pas réputées dangereuses, mais au moins quatre d’entre elles sont notoirement toxiques, et l’emploi de chacune mériterait une évaluation de tolérance. Des extraits aqueux et méthanoliques de plus de 70% des plantes inventoriées ont montré un potentiel bactériostatique sur au moins un germe. Le spectre d’activité n’était pas corrélé à la fréquence de citation, sauf dans le cas d’Ocimum gratissimum, plante la plus populaire, abondante et a priori atoxique, dont l’usage semble recommandable. L’étude de ce patrimoine traditionnel spécifique doit être poursuivie dans une perspective sanitaire de valorisation et de sécurisation des usages.

Authors Biography

M.A. est l’investigateur principal, a contribué à la conception du travail et a participé à la rédaction du manuscrit; S.B. a dirigé les travaux de bactériologie et participé à la rédaction du manuscrit; S.L. a participé aux travaux de bactériologie; T.A.O. a participé aux récoltes et à l’identification botanique; L.A.-A. a réalisé l’identification botanique; B.J.K. a codirigé le travail; P.C. a codirigé le travail et participé à la rédaction du manuscrit

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