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Research Article

Des soignants parachutés en France occupée : la résistance médicale au-delà des frontières

Pages 129-156 | Received 31 Aug 2022, Accepted 04 May 2023, Published online: 28 Jun 2023

RÉSUMÉ

Cet article reconstitue le parcours de trois soignants parachutés en France occupée pendant la Seconde Guerre mondiale pour y contribuer à la résistance médicale : José Aboulker, français juif d’Algérie décitoyennisé par Vichy, délégué sanitaire de la France libre dans l’hexagone à partir de la fin 1943 ; Geoffrey Parker, chirurgien de Londres, parachuté par les services britanniques pour soigner les maquisards de l’Ain ; et Meyer Sassoon, issu d’une famille juive de l’empire britannique, engagé volontaire dans la France libre, envoyé derrière les lignes ennemies avec une unité française aéroportée. Leurs trajectoires montrent l’extraordinaire diversité des engagements qui composent les résistances intérieure et extérieure françaises et révèlent les contours d’une clandestinité médicale peu évoquée dans l’historiographie. Au-delà de leurs histoires singulières, il s’agit d’interroger les dynamiques transnationales et transimpériales qui marquent la résistance de leur empreinte en contribuant à une histoire des circulations au sein de l’alliance, dont les enjeux sont tant humanitaires que politiques.

ABSTRACT

This article follows the journey of three doctors parachuted into Occupied France during the Second World War to contribute to the medical resistance: José Aboulker, a French Jew from Algeria who lost his citizenship under the Vichy regime and was sent as Free France health delegate to the metropolitan territory at the end of 1943; Geoffrey Parker, a surgeon from London, parachuted in by the British services to treat wounded resisters of the Ain department; and Meyer Sassoon, born and raised in a Jewish family of the British Empire, who volunteered to join the Free French Forces and was sent behind enemy lines with a French airborne unit. Their trajectories show the extraordinary diversity of the commitments to the French internal and external resistances; they also reveal the contours of a clandestine medicine that has received little attention from historians. Beyond their individual stories, the aim is to examine the transnational and trans-imperial dynamics that marked the resistance and to contribute to a history of circulations within the alliance, whose stakes are both humanitarian and political.

Introduction

Né à Londres en 1902, le Britannique Geoffrey Parker est chirurgien à l’hôpital français de Londres lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale et volontaire au service médical d’urgence intervenant en cas de bombardement depuis 1939.Footnote1 José Aboulker, né à Alger en 1920, faisant fonction d’interne en chirurgie à Alger, a été appelé sous les drapeaux en mai 1940; démobilisé par Vichy en février 1941, il rejoint les rangs de la résistance algéroise.Footnote2 Quant à Meyer Sassoon, né à Alexandrie en 1915, docteur en médecine, il est assistant au Hadassah University Hospital de Jérusalem de décembre 1940 à juin 1941,Footnote3 date à laquelle il rejoint les Forces Françaises libres (FFL) du Levant en compagnie de son frère Philippe, dentiste à Beyrouth. Outre leur vocation professionnelle et leur statut de volontaires, les trois hommes ont en commun un parcours singulier dans ce conflit : tous sont envoyés en France occupée pour y servir la cause de la résistance médicale.

Cette dernière s’entend ici au sens large : elle désigne tout acte médical qui défie l’autorité du régime de Vichy et de l’occupant, recouvrant notamment les soins apportés aux résistants blessés ou malades qui ne pouvaient être pris en charge autrement que dans le secret, en raison de leurs blessures par armes ou explosifs ou de leurs identités lorsqu’ils étaient recherchés. Elle se définit donc moins par le combat contre l’ennemi que par le soutien proposé par les soignants, au risque de leur vie – même si elle n’exclut pas la prise d’armes et peut se fondre dans d’autres activités résistantes, tant elle mêle motivations humanitaires et politiques. Elle est d’abord le fruit d’un engagement individuel, mais prend corps au fil de la guerre au sein d’organisations qui se spécialisent dans le soin clandestin, progressivement coiffées par le Comité Médical de la Résistance (CMR), qui se fixe pour objectif de coordonner leur action.Footnote4 Si l’aide apportée par les professions médicales aux persécutés, par exemple en les hospitalisant pour les soustraire à la déportation, pourrait entrer dans cette définition, il n’en sera pas question ici car cette activité ne concerne aucun de nos trois parachutés. Au-delà, la résistance médicale inclut aussi, plus largement, les politiques sanitaires pensées par les résistants de l’intérieur et la France libre en exil par opposition aux pratiques de Vichy, en vue de la Libération et de la chute du régime; elle a, dans cette acception, une dimension politique déterminée, comme le montre la trajectoire de José Aboulker.

Celui-ci est déposé en France par navette aérienne en 1943 pour aider à structurer les organisations de la résistance médicale et confirmer leur ralliement au général de Gaulle ; il agit donc en qualité d’envoyé du Comité Français de Libération Nationale d’Alger (CFLN), puis de son successeur le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), deux organes issus de la France libre qui ont vocation à poser les jalons d’une future démocratie sous la bannière gaullienne. Geoffrey Parker est quant à lui parachuté dans l’Ain le 6 juillet 1944 par le Special Operations Executive britannique (SOE), comme chirurgien et conseiller médical des maquis.Footnote5 Meyer Sassoon est parachuté en Bretagne le même mois, au sein du groupe Alsace du 2e Régiment de Chasseurs Parachutés (RPC), une unité régulière opérant derrière les lignes ennemies sous commandement français, au sein du Special Air Service britannique (SAS).Footnote6 Si leurs cheminements ne sont pas les mêmes, ils soulèvent un ensemble de questionnements communs sur les motivations de leur engagement, ses modalités et leur expérience de la clandestinité médicale. Quel parcours les mène à l’armée des ombres ? Quels sont les enjeux de leur présence aux yeux des différents acteurs de la guerre ? Quels projets humanitaires et politiques portent-ils ? Que révèlent leurs guerres de la place occupée par la résistance médicale hexagonale dans l’alliance ?

Au-delà de leurs trajectoires singulières, cette approche croisée de leurs parcours offre une entrée dans les arcanes de la clandestinité médicale : s’accoutumant peu à peu à une résistance intérieure qu’ils s’étaient représentée différente, les trois hommes portent d’abord sur elle un regard distancié avant d’y trouver pleinement leur place. Ce décentrement du regard fait l’intérêt des archives et ego-documents relatant leurs missions, riches d’informations sur la médecine clandestine, ses pratiques et ses organisations. Or, ce champ est resté largement ignoré de la recherche : malgré les importants renouvellements historiographiques impulsés depuis les années 1990, qui ont conduit à délaisser une histoire longtemps héroïsante de la résistance au profit d’approches sociologiques et anthropologiques, sa dimension médicale a été peu explorée. Des travaux fondateurs font exception : ceux d’Anne Simonin sur le CMR,Footnote7 ou, au détour d’études plus larges, ceux de Bénédicte Vergez-Chaignon sur les internes des hôpitaux de ParisFootnote8 et de Roderick Kedward sur les soignants des maquis.Footnote9 Souvent cependant, en cette matière restée largement négligée par les historiens, les médecins ont pris le relais, dans des écrits issus de leur expérience résistante, des ouvrages d’histoire de la médecine, ou encore des publications à visée mémorielle célébrant les sacrifices de leur profession. Bien des aspects en demeurent toutefois méconnus ; suivre trois de ses acteurs répond en partie à ces silences.

Leurs parcours sont, au vrai, inhabituels : la très grande majorité des soignantes et soignants de la résistance sont présents dans l’hexagone quand commence la guerre de l’ombre ; leur place dans la société leur sert souvent de couverture jusqu’à l’été 1944 voire jusqu’à la fin de la guerre, sauf lorsqu’ils appartiennent aux catégories jugées indésirables par le régime de Vichy, auquel cas ils peuvent être entrés en clandestinité de plus longue date. Si ce groupe compte des étrangers, des apatrides, ou encore des soldats coloniaux évadés des camps de prisonniers, les parachutages de soignants sont exceptionnels. La France libre et ses alliés britanniques et américains ont certes parachuté en France occupée quelques milliers d’hommes et quelques dizaines de femmes, en majorité à l’été 1944, mais il s’agit avant tout d’agents et de soldats.Footnote10 On peut cependant mentionner deux autres médecins envoyés dans l’arrière-pays marseillais,Footnote11 et il y en eut sans doute quelques autres : les SAS parachutés en France ont compté d’autres médecins militaires que Meyer Sassoon et peut-être certains groupes opérationnels de l’Office of Strategic Services américain ont-ils été accompagnés de soignants. Notons enfin que, si certaines agentes envoyées par les services alliés étaient qualifiées comme infirmières, elles n’ont pas été parachutées en cette qualité mais pour remplir d’autres fonctions ; aussi ce propos, centré sur des sources consacrées à l’action de trois hommes dans la guerre ou produites par eux, traitera-t-il peu de la résistance féminine. La question du genre traverse cependant cette histoire, qui donne à voir, de manière secondaire, différentes facettes des masculinités en guerre et la façon dont le brouillage des fonctions soignantes et combattantes a pu les interroger.

La présence de ces quelques soignants parachutés rappelle également que la résistance appartient à une alliance reposant sur un écheveau de liens ténus tissés par ces envoyés du ciel. Au-delà – ou plutôt en deçà – des projets élaborés par les institutions qui les mandatent, ces parachutés construisent des relations solides avec leurs compagnons en clandestinité. En ce sens, leurs parcours témoignent aussi de l’extraordinaire diversité des engagements qui composent les résistances intérieure et extérieure, qu’elles soient ou non médicales, en même temps qu’ils révèlent des logiques transnationales aujourd’hui mises au jour par l’historiographie.Footnote12 La résistance transnationale, indiquent Robert Gildea et Ismee Tames, consiste en une trajectoire individuelle qui implique d’entrer en résistance en dehors de son pays d’origine, d’y interagir avec diverses nationalités, et recouvre une expérience qui transforme l’individu, ses pratiques et sa manière de penser.Footnote13 Ces trois caractéristiques se retrouvent chez Parker et Sassoon, dans des proportions différentes, tandis que l’on pourrait, en transposant cette définition, évoquer une résistance ‘transimpériale’ dans le cas d’Aboulker. Retrouver leurs guerres invite à repenser la résistance et à la départir de sa majuscule, pour évoquer la multitude des choix individuels et des destinées qui convergent dans cette entité sacralisée, ainsi qu’à reconstituer les mille étapes qui font l’engagement et la manière dont il transforme ceux qui s’engagent.

À une autre échelle, leurs parcours montrent que la résistance médicale, quelque isolée qu’elle puisse être, entretient des relations avec la France libre comme avec ses puissants alliés britanniques et américains. Longtemps occultée au nom de la mémoire dominante d’une France libérée ‘par elle-même’, cette appartenance contribue aux circulations humaines et techniques qui traversent l’alliance, en même temps qu’elle inscrit la résistance médicale dans les luttes de pouvoir qui traversent le camp allié. Car il s’agit, à tous égards, d’une ‘alliance asymétrique’,Footnote14 dans laquelle France libre et résistance intérieure cherchent toujours à compenser leur statut de ‘petit allié’ dépendant des Britanniques et des Américains.Footnote15 La résistance médicale en est aussi le reflet : si elle appartient finalement au camp des vainqueurs, son histoire reste, la guerre durant, celle des pénuries et de la traque ennemie, loin du triomphe technique et organisationnel des services médicaux alliés.Footnote16 Si Mark Harrison a démontré que, dans le cas britannique, la victoire se fonde sur la réactivité des services de santé portée par un commandement ayant saisi l’importance du soin dans une guerre d’attrition,Footnote17 ce raisonnement ne saurait cependant s’appliquer à la résistance intérieure, dans laquelle les moyens insuffisants et le déséquilibre des forces ne permettent pas la mise en place de protocoles systématiques et limitent l’accès aux soins techniques. Aussi l’histoire de la résistance médicale est-elle aussi celle de la constante recherche de moyens et des espoirs placés dans les livraisons en provenance de Londres et d’Alger, dont les limites sont source de tensions. Elle est, enfin, celle d’un ralliement de circonstance à la France libre, qui n’exclut pas des négociations permanentes entre les organisations de résistance intérieures et extérieures, exacerbées par l’approche de la Libération et de ses enjeux politiques.

La période envisagée s’ouvre en octobre 1943, avec l’arrivée de José Aboulker dans l’hexagone, et se clôt avec le décès de Meyer Sassoon, mort pour la France le 10 janvier 1945.Footnote18 À cette date, José Aboulker est délégué de la Résistance d’Algérie à l’Assemblée consultative provisoire de Paris,Footnote19 tandis que Geoffrey Parker a quitté la France et résilié ses fonctions d’agent.Footnote20 Si la résistance médicale est en permanente (re)structuration, elle n’en est toutefois plus à ses débuts dans cette période : des organisations ad hoc ont été créées qui cherchent à pallier le manque d’accès aux soins.Footnote21 Leurs archives sont éclairantes,Footnote22 de même que celles des institutions algéroises et londoniennes qui tentent de maintenir des liens et d’apporter leur aideFootnote23 – notamment pour organiser les livraisons de matériel médical.Footnote24 Incarnant cette interface, les trois hommes qui nous occupent ici ont rédigé des rapports au cours de leurs missions.Footnote25 Leurs dossiers personnels,Footnote26 écrits scientifiques,Footnote27 mémoiresFootnote28 et parfois les archives et témoignages issus de leurs familles,Footnote29 ont aussi représenté des ressources précieuses pour comprendre leurs guerres. Il a fallu parfois, à l’inverse, recourir à des archives plus générales pour mieux saisir leurs cheminements : ainsi des études menées par la France libre sur l’antisémitisme en Afrique du Nord française.Footnote30 Parfois contemporaines des événements, parfois postérieures, ces sources montrent aussi comment des parcours singuliers ont été, au-delà des faits, relus à l’aune d’événements ultérieurs. Elles ont, enfin, leurs biais : ainsi des mémoires et témoignages, bien représentés dans ce corpus, qui constituent certes une documentation partiale, mais dont bien des historiennes et historiens ont montré la valeur, en particulier pour une approche sociale et culturelle de la guerre.Footnote31

Ces sources nombreuses n’en demeurent pas moins inégales et parfois lacunaires. Leur dispersion représente un défi : elles ne révèlent que des bribes, tributaires du regard que ces trois hommes et leurs institutions portent sur l’armée des ombres, de leur propension à témoigner, ainsi que de leur rang respectif qui détermine le volume des archives institutionnelles. Les missions de José Aboulker, compagnon de la Libération dès octobre 1943, envoyé de confiance de la France libre, ont laissé bien des archives : tous ses rapports ont été soigneusement collectés pendant la guerre et l’Ordre de la Libération a constitué un dossier fourni à son nom, recueillant également ses témoignages ultérieurs. Geoffrey Parker s’est quant à lui montré prolifique dans ses écrits d’après-guerre – et le dossier du SOE sur sa mission contient des rapports éclairants. Au contraire, Meyer Sassoon, dont la destinée illustre aussi, nous le verrons, les dysfonctionnements de l’alliance, n’a pas eu le loisir de raconter sa guerre et son rang hiérarchique n’a pas permis de compenser ce manque : contrairement à Aboulker, il n’assume pas une mission centrale au plan politique et les dossiers institutionnels qui le concernent sont très peu fournis. Une contextualisation attentive permet toutefois de surmonter en partie ces lacunes.

Aussi cet article se propose-t-il de contribuer à l’histoire méconnue de la clandestinité médicale au travers de ces trois parcours individuels, en s’inscrivant dans une histoire décloisonnée de la résistance et en interrogeant ces expériences particulières de l’humanitaire. En se penchant sur des trajectoires, des motivations et des activités trop complexes pour s’inscrire dans une mémoire nationale simplificatrice de la résistance, il s’agit d’en retrouver la dimension humaine, au-delà des images stéréotypées qui en sont demeurées. Un premier point montrera que, même si le parachutage de soignants dans la résistance reste un phénomène minoritaire, l’engagement de ces envoyés du ciel témoigne d’une dimension transimpériale, voire transnationale marquée, et de leurs motivations humanitaires et politiques, voire guerrières. Un second point traitera plus précisément de leurs missions dans la clandestinité, de leur progressive adaptation à celle-ci, et de leur rôle précieux d’intermédiaires entre l’armée des ombres et les lointaines capitales londonienne et algéroise. Les objectifs politiques de ces missions à l’échelle de l’alliance, qui s’expriment avec force dans la période de la Libération, seront traités dans un dernier point.

La médecine au-delà des frontières ? Des engagements à mi-chemin entre la carrière médicale et la lutte armée

Le rattachement à une cause commune trouve ses racines dans des histoires familiales, communautaires, politiques, nationales propres à chacun de ces trois hommes, et sur lesquelles il faut revenir pour comprendre les modalités de leur engagement. C’est, classiquement, la volonté de mettre ses fonctions de soignant au service de l’effort de guerre national qui est mise en avant dans les mémoires du Britannique Geoffrey Parker : quoiqu’il n’ait pas été mobilisé en 1940, il soigne alors des soldats français et belges évacués de Dunkerque, à la demande du War Office et malgré les protestations du directeur vichyste de l’hôpital français de Londres. Si certains de ses patients ont ensuite regagné la France occupée, il estime après coup que nombre d’entre eux ont choisi les rangs de la France libre. Il rapporte avoir rencontré de Gaulle, après cet épisode, pour apporter ses conseils dans la mise en place du service de santé de la France libre, tâche à laquelle il a consacré quelques semaines : le général l’avait prévenu qu’il serait remplacé, dès que possible, par un Français.Footnote32 Parker rejoint le Royal Army Medical Corps en qualité de médecin-major en mai 1941. D’après ses mémoires, mécontent d’une première affectation trop éloignée de l’action, il s’initie au maniement des armes et au saut en parachute, avant d’être affecté à sa demande à une unité chirurgicale de campagne, structure qui l’habitue certainement à travailler près du front et dans une grande indépendance.Footnote33 Il prend part aux dures campagnes de Tunisie et d’Italie,Footnote34 expérience dont il tire un traité sur le traumatisme abdominal publié en 1944Footnote35 dans le but d’aider les soignants des armées appelées à poursuivre leur campagne en Europe.Footnote36 Il rapporte avoir été contacté par le SOE à l’occasion d’une permission pour maladie : le chef de maquis Henri Romans-Petit avait demandé de l’aide pour prendre en charge 200 blessés dans l’Ain ; le SOE, n’ayant à cette date recensé que 35 médecins français en Grande-Bretagne, dont cinq déjà enrôlés dans la France libre, a plusieurs raisons de se tourner vers Parker, qui parle français et s’est formé au saut en parachute.Footnote37 C’est ainsi qu’il est envoyé dans la résistance, où Romans lui donne pour nom de guerre Parsifal.

De l’armée au SOE, l’engagement de Parsifal se lit d’abord au service de son pays sur le plan institutionnel : la dimension transnationale de son expérience de guerre se joue dans les liens qu’il créée avec ses patients de l’alliance dès 1940, puis avec les combattants de l’ombre, au gré de ses affectations. Ce n’est pas de cas de Meyer Sassoon, dont le parcours de vie et l’engagement transcendent d’emblée les frontières : ce sujet britannique, élevé en Egypte et au Liban, a étudié la médecine à Beyrouth puis travaillé à Jérusalem. En 1941, décidés à rejoindre les Forces Françaises Libres, Meyer et Philippe Sassoon passent ‘clandestinement […] la frontière palestinienne’ puis ‘s’engagent tous les deux, à Damas, comme légionnaires de 2e classe dans la 13e Demi-Brigade de Légion Etrangère’.Footnote38 Il existe une étape entre ces deux moments : d’après le dossier de Philippe, l’engagement des deux frères dans les FFL a été acté le 28 juin 1941 à Quastina, en Palestine.Footnote39 Le dossier de Meyer ne remonte qu’à sa promotion comme sous-lieutenant du service de santé, le 12 août 1941.Footnote40 Si le cadet n’a pas vécu assez longtemps pour témoigner de ses motivations, son frère aîné a indiqué après-guerre avoir rejoint la France combattante pour la ‘lutte contre le nazisme’.Footnote41 Même si la chronologie exacte de leur voyage reste incertaine, il est probable que les mesures antijuives de Vichy, promulguées au Liban entre le 26 mars et le 23 avril 1941, aient participé de leur décision. Ils avaient aussi nécessairement assisté aux débats, relayés dans la presse, qui avaient suivi l’application de ces mesures en Afrique du Nord dès l’automne 1940 et le projet de les mettre en place au Levant.Footnote42

Le choix des FFL plutôt que de l’armée britannique cependant interroge ; tout en retenant leur appartenance libanaise, la mémoire familiale y voit la preuve de la francophilie de Philippe et Meyer,Footnote43 dont la scolarité s’était déroulée dans des établissements français.Footnote44 En mars 1949, le journal France Soir relate en ces termes la jeunesse des deux frères : ‘Ils apprennent la France à travers les mots de leurs professeurs, tentant d’imaginer des paysages, des rivières […] Ils apprennent à lire dans La Fontaine, sont nourris de Racine, de Molière’.Footnote45 Britanniques par leur père, Libanais d’adoption et Français de cœur d’après la mémoire familiale, Philippe et Meyer Sassoon illustrent la dimension transnationale de l’engagement des juifs étrangers dans la résistance française.Footnote46

Ce n’est pas le cas de José Aboulker, Français juif d’Alger, dénaturalisé par l’État français, qui s’engage au sein de la France libre et aux côtés des Alliés contre le régime de Vichy et l’occupation. Mobilisé en mai 1940, il reste attaché aux hôpitaux militaires d’Algérie jusqu’au 4 novembre 1940. Il est alors envoyé au Chantier de Jeunesse de Cherchell et rayé des cadres, probablement en application de la loi du 30 juillet 1940 qui transforme la mobilisation en service civil obligatoireFootnote47; il est libéré de ses obligations civiques le 6 février 1941.Footnote48 À son retour règne l’ordre de Vichy : lui et les siens ont été dénaturalisés, ou plutôt ‘décitoyennisés’Footnote49 par abrogation du décret Crémieux le 7 octobre 1940 – abrogation qui fait une rare exception pour ‘les juifs indigènes des départements de l’Algérie, qui, ayant appartenu à une unité combattante pendant la guerre de 1914–1918 et de 1939–1940, auront obtenu la Légion d’Honneur à titre militaire, la médaille militaire ou la Croix de guerre’ : avoir été mobilisé ne suffit pas.Footnote50 En outre, la fonction publique hospitalière est désormais interdite à cette famille dans laquelle la profession de médecin se transmet de père en fils : depuis le 17 juillet 1940, il faut être français pour travailler dans une institution publiqueFootnote51 et, s’il fallait déjà être français pour exercer la médecine depuis 1933,Footnote52 il faut également être de père français depuis le 16 août 1940.Footnote53 Henri Aboulker, le père de José, ancien combattant de 1914–18 et professeur à la Faculté de Médecine d’Alger, n’a pas bénéficié des rares exemptions au mérite accordées à sa professionFootnote54 : il est renvoyé de sa chaire et de l’hôpital.Footnote55 José entre en résistance au lendemain de son retour de CherchellFootnote56 et rejoint en mars 1941 le réseau de résistance dirigé par Henri d’Astier de la Vigerie,Footnote57 pour lequel il coordonne la résistance d’Alger au moment du débarquement allié du 8 novembre 1942.Footnote58

Victorieux en Algérie, les Alliés libèrent en théorie les trois départements français du régime de Vichy. Mais c’est une victoire en trompe l’œil : avec l’aval des autorités alliées qui voient un intérêt à cette stabilité,Footnote59 les élites issues du régime continuent à régner sur l’Algérie. Les lois antijuives ne sont pas abolies et le décret Crémieux, pas rétabliFootnote60 : ‘La journée du 8 novembre fut la journée des Dupes’ se souvient amèrement Henri Aboulker après-guerre.Footnote61 Lorsque Darlan, l’homme de Vichy auquel les Alliés ont accepté de confier l’administration de l’Afrique du Nord, est assassiné à la Noël 1942, une série d’arrestations s’ensuit dans les milieux résistants : José Aboulker est interné dans le Sud de l’Algérie.Footnote62 Il est libéré en février 1943, à la demande des Américains.Footnote63

Si l’antisémitisme institutionnel est présent en Algérie française avant Vichy,Footnote64 la rupture provoquée par le régime est cependant d’une grande violenceFootnote65 : elle touche l’homme et les siens, par deux fois, dans leur appartenance nationale et professionnelle. Aussi la critique des institutions passées de la République à la collaboration puis tardivement intégrées à l’alliance est-elle vive chez Aboulker, comme chez bien des résistants.Footnote66 Libéré de l’internement, il demande à rejoindre les FFL de Londres, probablement par refus de rejoindre l’armée d’Afrique anciennement aux ordres de Vichy et finalement amalgamée à l’alliance, sur laquelle il porte à plusieurs reprises un jugement sans concession, et dans laquelle l’antisémitisme reste en effet virulent. En novembre 1942 encore, l’ordre de mobilisation de cette armée exclut les juifs, de peur que le statut d’ancien combattant ne leur permette de recouvrer leur citoyenneté; seul le Corps franc d’Afrique, ‘carrefour des réprouvés’,Footnote67 leur est alors ouvert.Footnote68 Si son engagement procède aussi de la blessure que représente cette mise au ban, José Aboulker hésite dans ses témoignages ultérieurs sur le sens à lui donner. Fidèle à la tradition républicaine des juifs français qui voient dans l’universalisme et l’égalitarisme une voie d’émancipation,Footnote69 il affirme ainsi quand on l’interroge a posteriori sur l’importance de la résistance juive : ‘C’est Vichy qui comptait les juifs. Moi, je comptais les combattants’Footnote70 – soulignant que l’engagement venait aussi sceller l’appartenance à la communauté nationale.Footnote71 Dans un autre entretien, il ajoute toutefois : ‘on dit qu’il y a eu une résistance juive à Alger … les juifs ont été effectivement très nombreux dans la Résistance, ce n’est pas la peine d’expliquer pourquoi’.Footnote72 Évoquer la résistance des juifs plutôt que la résistance juive a son importance, comme l’a montré Renée Poznanski : c’est refuser une homogénéisation simplificatrice et souligner que les résistants juifs forment autant de composantes d’une résistance nationale dont la motivation principale est le patriotisme,Footnote73 mais qui résulte pour chacun d’une conjonction de facteurs.Footnote74 Aux ‘manières variées, volontaires ou forcées, de se dire “Juifs”’,Footnote75 répondent diverses façons de se dire résistant. Dans le cas d’Aboulker, le contexte impérialFootnote76 et le brutal retour à la condition indigène imposé par Vichy participent aussi de l’entrée en résistance comme, au demeurant, de ses prises de position ultérieures contre les violences et les guerres coloniales.Footnote77 Ce qui s’y joue relève enfin en partie du fort privé, d’un rapport personnel au pouvoir, à l’État, à la République, à la nation, de l’impact enfin du politique sur l’individu : l’entrée en résistance peut être lue comme le moyen de rejoindre une contre-société dans laquelle les réprouvés de Vichy sont à leur place.Footnote78 La résistance fait irruption au foyer, bouleversant la vie familiale, pour la plus grande crainte d’Henri Aboulker, veuf, qui a déjà perdu un enfantFootnote79 : on résiste d’abord avec ses intimes, avant de rejoindre une organisation ou un mouvement.Footnote80

Dans les trois cas, l’engagement au service de la cause alliée est premier : c’est dans un second temps qu’ils rejoignent la résistance médicale, en raison de leurs compétences particulières. On pourrait ici parler d’identités stratifiées au gré des affectations : ainsi Parker est-il avant tout un chirurgien puis un médecin-officier, José Aboulker d’abord un chef de la résistance armée algéroise et Meyer Sassoon, un engagé volontaire dans la France libre. Ces parcours révèlent les identités complexes des soignants dans la guerre, tout particulièrement quand elle est clandestine. Soignants de profession, combattants de circonstance, passés ou non à l’armée des ombres, les trois hommes oscillent entre ces différentes fonctions et revendiquent – ou voient revendiquer pour eux – tantôt l’appartenance au monde combattant, tantôt leur extériorité. Ainsi de Meyer Sassoon, engagé volontaire comme soldat de 2e classe dans la Légion étrangère avant d’être réaffecté comme médecin des armées à la demande de la hiérarchie – tout comme son frère Philippe. Son dossier militaire mentionne pourtant sa profession de médecin, son diplôme d’État français et ses ‘aptitudes particulières’ : la médecine interne, la petite chirurgie et la chirurgie d’urgenceFootnote81; il indique aussi un grade de médecin militaire dès le 28 juin 1941, sans qu’il soit possible de dire s’il a été ajouté a posteriori.Footnote82 Toujours est-il que la volonté de s’engager comme soldats du rang représente un élément important dans la mémoire des deux frères. Lorsque France Soir leur consacre un article, c’est encore leur courage physique qui est mis en avant, comme le veulent la tradition militaire et les assignations de genre. C’est en ces termes que le journal évoque l’action de Meyer en Bretagne à l’été 1944 : ‘En cas d’urgence, il n’était guère difficile à trouver : il suffisait d’aller chercher l’extrême pointe du combat d’où il revenait en maugréant, le temps de l’intervention qu’on réclamait de lui’.Footnote83 Si l’on en croit ce portrait, Meyer Sassoon était donc combattant au moins autant que soignant.

Tout au long de ses mémoires, publiés pour la première fois en 1968, Parker met lui aussi en avant un désir d’action conforme aux attentes de son temps, mais souligne le poids que ces attentes font peser sur ses épaules – illustrant en cela une masculinité ‘tempérée’ construite par opposition à l’hypermasculinité nazie.Footnote84 Rapportant sa rencontre avec les recruteurs du SOE, parmi lesquels Maurice Buckmaster, il conclut ainsi :

Il était bien sûr plus facile de répondre ‘oui’ que ‘non, merci’ à ces trois hommes actifs qui me regardaient en silence en attendant ma décision. À vrai dire, il m’aurait fallu plus de force morale que je n’en possédais pour dire ‘non’.

Ces remarques révèlent la difficulté à assumer des fonctions non-combattantes en temps de mobilisation nationale, quelques indispensables à l’effort de guerre qu’elles soient. Dans ses écrits, Parker se remémore qu’au moment de son départ pour la France, Buckmaster lui a fait cadeau d’un poignard – comme à chacun de ses agents masculins ; il en tire a posteriori cette conclusion : Il s’agissait bien, maintenant, de parler de la Convention de Genève et de toutes ces turlutaines …’.Footnote85

L’ensemble est cohérent avec les habitudes du SOE, connu pour développer l’agressivité de ses agents dès l’entraînement.Footnote86 Sur ce point, Meyer Sassoon, décidé à en découdre, a vraisemblablement reçu une préparation similaire avant de rejoindre les SAS : saut en parachute, maniement des armes, combat rapproché, tir, et maniement des explosifs.Footnote87 Jean Paulin, opérateur radio parachuté comme Meyer en Bretagne par le SAS, se rappelle encore en 1948 à quel point cette formation l’avait ébranlé, concluant sur ce commentaire rare :

Un parachutiste, ce n’est pas un homme que nulle crainte n’ébranle, c’est un garçon qui au bord de l’abîme a peur comme il a peur dans son petit lit de camp certains soirs de cafard, de dépression, à la pensée de ce qui l’attend.Footnote88

Destiné à celles et ceux qui doivent être parachutés derrières les lignes ennemies,Footnote89 cet entraînement n’épargne pas les quelques soignants concernés. Aboulker n’aurait pas, de son côté, sacrifié à ses attentes genrées : à la case ‘cours paramilitaires’, son dossier indique ‘ne semble pas montrer beaucoup d’intérêt’.Footnote90 Notons qu’il a alors déjà amplement fait ses preuves : il n’est pas entré en résistance en qualité de soignant mais d’organisateur de la lutte armée en 1941 et 1942.Footnote91 Cité à l’ordre de l’armée, décoré par les Américains, il a été, après son internement, employé par la branche des opérations spéciales de l’état-major interallié en Afrique du Nord : c’était suffisant sans doute pour traiter l’entraînement paramilitaire avec légèreté. Arrivé au Royaume-Uni le 29 avril 1943, il est incorporé aux Forces Françaises Combattantes (FFC) en qualité de médecin-lieutenant le 9 juin 1943 et affecté à la réserve du service de santé des troupes coloniales,Footnote92 avant d’être recruté comme émissaire du général de Gaulle par le BCRA. Il part pour la France occupée en octobre 1943Footnote93 : c’est sa seconde immersion dans la clandestinité, la première en métropole.

Une adaptation progressive à la clandestinité au nom de missions humanitaires d’urgence

Aucun entraînement ne peut cependant pleinement préparer les parachutés au choc de l’arrivée dans la résistance, fort éloignée de l’image idéalisée qu’ils s’en sont fait. L’adaptation aux conditions de la vie clandestine est rude : comme pour les résistants, leur engagement représente d’abord une ‘violence faite à soi-même’Footnote94 – en particulier pour Parker, qui n’a ni l’expérience résistante d’Aboulker, ni celle des forces spéciales comme Sassoon. Parsifal va donc de choc en choc, qu’il s’agisse de l’obligation de laisser ses blessés à la garde de villageois lorsque ses services sont requis ailleurs,Footnote95 des sentiments mêlés que suscitent chez lui le châtiment des traîtres par les maquisards,Footnote96 de la mort cruelle que l’ennemi réserve aux blessés du maquis, de la sécurité jamais acquiseFootnote97 ou encore de l’improvisation qui régit la résistance, dont il souligne régulièrement la ‘pagaille’.Footnote98 La faim, la soif, la vermine et les vicissitudes physiques de la vie clandestine deviennent son quotidien, à tel point qu’il se dit ‘épouvanté’ la première fois qu’il se trouve face à un miroir.Footnote99 L’épreuve du feu fait partie de ce quotidien éprouvant. À peine arrivé au maquis, Parker, pris dans une embuscade, se souvient d’avoir uriné sur lui avant de riposter.Footnote100 Quelques temps plus tard, la clandestinité l’a changé : il répugne à se déplacer sans arme.Footnote101 Quant à Meyer Sassoon, il est présent aux côtés des maquisards et des SAS durant le tragique épisode de Saint-Marcel, en Bretagne et, au moment de leur dure retraite, en soigne les rescapés.Footnote102

Dans cette expérience partagée de la clandestinité se forgent de solides liens avec les résistants, qu’il s’agisse ou non de patients. Si les chefs de la résistance n’accueillent pas tous les parachutés avec enthousiasme, les résistants du rang, pourrait-on dire, leur savent gré de leur présence à plusieurs titres. D’une part, l’arrivée de parachutés matérialise l’appartenance à une alliance puissante, rompant l’isolement résistant, et laisse espérer l’amplification des livraisons d’armes et de matériel. D’autre part, la présence de médecins soutient le moral des valides comme des blessés : ce qui est vrai aux arméesFootnote103 l’est davantage encore dans la résistance où le soutien de ces notables confère davantage de légitimité aux clandestins traqués, ce que les écrits de soignants mettent volontiers en avant.Footnote104 De leur côté, les parachutés s’attachent à leurs compagnons en résistance : en septembre 1944, deux mois après son arrivée, Parker affirme ainsi ‘Les centaines de maquisards étaient mes amis et mes camarades … contre les Allemands barbares’.Footnote105 Il recommande d’ailleurs Paulette Mercier, pharmacienne et infirmière improvisée des maquis de l’Ain, pour l’Ordre de l’empire britannique.Footnote106 Parmi les infirmières qui travaillent avec lui dans l’Ain, c’est la seule qui fasse l’objet d’une telle attention,Footnote107 indéniablement pour les grands services qu’elle a rendus à la résistance médicale, mais peut-être aussi parce que son statut de veuve de la guerre clandestine, mère de quatre enfants, ajoute pour ses contemporains à la valeur de son engagement. À son image, de nombreuses femmes jouent un rôle capital dans la résistance médicale : dans la clandestinité, qui remet peu en cause les assignations de genre, elles assument majoritairement des fonctions non-combattantes, dans lesquelles le soin est bien représenté ; travaillant cependant, le plus souvent, à des fonctions subalternes, elles ont peu de place dans les sources qui nous occupent ici, souvent polarisées par les médecins ou par les chefs de la résistance.

Comme Parker, Aboulker tisse dans la clandestinité des liens très forts. Dans un écrit d’après-guerre, il évoque les difficultés rencontrées avec les responsables de la résistance médicale, dont il déplore les arguties politiques, la coopération avec la France libre n’allant pas de soi, mais mentionne aussi la solide amitié qui le lie à deux d’entre eux : Paul Milliez et Maurice Mayer.Footnote108 Ces solidarités clandestines précipitent l’adaptation des envoyés de Londres et d’Alger à leur nouvel environnement. Les messages d’Aboulker traduisent ainsi entre les lignes l’arrachement initial que représente le départ pour la France occupée : à l’hiver 1943–44, il essaye plusieurs fois de quitter la France, temporairement, pour venir faire ses rapports en personne. Mais, à la fin du mois de mars 1944, il écrit : ‘Je crois que mon retour n’aurait maintenant que des inconvénients […] il m’est impossible d’abandonner maintenant une organisation aussi avancée.’Footnote109 En avril, il refuse la navette aérienne qui lui est proposée, écrivant désormais :

N’ayant reçu aucun ordre de rentrer, j’interprète la priorité que vous m’envoyez pour cette lune comme une simple possibilité de retour si je le crois utile; je crois au contraire indispensable de rester maintenant. Voulez-vous donner de mes nouvelles à mon père.Footnote110

Les parachutés prennent donc toute leur place dans la résistance : ils s’y adaptent, devenant des clandestins en même temps que des intermédiaires indispensables avec Londres et Alger.

José Aboulker effectue sa première mission en métropole du 21 octobre 1943 au 6 juillet 1944, en qualité de ‘Délégué du CFLN en France pour les questions sanitaires’, sous le pseudo de Trompette. Il n’est pas un simple exécutant : c’est lui qui a suggéré cette mission.Footnote111 Sa tâche est triple : sur le plan militaire, il est chargé d’organiser le service de santé des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), mais aussi de prévoir l’aide qui devra être apportée aux services médicaux des armées alliées débarquées.Footnote112 Sur le plan ‘civil’, de la ‘mise en place sur l’ensemble du territoire national d’une organisation destinée à assurer aux populations civiles les secours médicaux au moment de la Libération et à maintenir en France l’équilibre sanitaire menacé par les événements de guerre’.Footnote113 La tâche est immense : aider à organiser la résistance médicale pour assurer les soins des combattants de l’ombre, dans l’immédiat et pendant la libération ; pourvoir aux besoins sanitaires de la population française, éprouvée par la guerre et les réquisitions, en déterminant à la fois ses besoins généraux et ses besoins spécifiques en cas d’insurrection. Ce n’est en rien le travail d’un homme seul, mais le fruit d’un travail commun avec le CMR, qui fédère diverses organisations de la résistance médicale, compose la Commission de santé du Conseil National de la Résistance (CNR), et dirige sur le terrain le Service de Santé de la Résistance (SSR).Footnote114 Le 5 mai 1944, Trompette édicte une série de consignes pratiques résultant de ces négociations, adressées aux responsables départementaux et régionaux du CMR et établies en accord avec ses chefs. Elles définissent les pouvoirs et les responsabilités de chacun, tout en rappelant les médecins français à leur devoir patriotique : obéir au secret médical prescrit par la loi française, malgré l’obligation édictée par l’occupant de dénoncer toute blessure par balle ou par explosif. Ces consignes recommandent l’usage d’un brassard à Croix Rouge scellé de la croix de Lorraine ou encore la mise en place d’un service médico-social dès la Libération, annoncent la mobilisation de tous les personnels de santé à la Libération et prévoient l’épuration de ces personnels.Footnote115 Notons enfin que l’aide aux armées alliées débarquées y arrive en bonne place, le « petit allié » entendant faire la preuve de ses ressources le moment venu.

De son côté, Parker remplit dans l’Ain une mission de soin locale immédiate et urgente : la seule rumeur de son arrivée fait affluer blessés et malades.Footnote116 Lui non plus n’agit pas seul : dès son arrivée, il peut compter sur une demi-douzaine d’infirmières recrutées par un maire complice. Ses compétences de chirurgien lui sont par la suite utiles, mais son expérience en Italie rarement, faute d’une structure dans laquelle opérer les traumatismes abdominaux et de stocks suffisants d’antiseptiques et d’anesthésiants.Footnote117 En une occasion, il opère un maquisard pour une blessure à l’abdomen à l’hôpital d’Oyonnax, avant la libération de la ville : l’opération se fait sous bonne garde dans un bloc réquisitionné par la résistance. Parker a vu tomber ce blessé et le compte au nombre de ses amis. Lorsqu’un surveillant de l’hôpital tente de s’opposer à l’opération, Parsifal le passe à tabac, affirmant dans ses mémoires avoir été prêt à le tuer pour l’empêcher de donner l’alerte : la vie d’un maquisard vaut alors davantage à ses yeux que celle de ce délateur potentiel.Footnote118 Il est évident que cette réflexion publiée après les faits a valeur de justification, mais aussi que ses convictions ont évolué depuis le départ d’Angleterre.

Parker apporte une aide précieuse dans les rudes combats de la Libération. Il met successivement en place trois hôpitaux clandestins dans une école d’Oyonnax, puis à Nantua et enfin dans une ferme de la région : à chaque fois que l’ennemi approche, il faut évacuer.Footnote119 En août 1944, il parvient à évacuer des blessés vers Genève avec l’aide de la Croix-Rouge suisse puis, plus tard, vers Lyon libérée.Footnote120 Il peut compter sur la résistance médicale lyonnaise et son confrère Renaud, un vieil ami rencontré avant-guerre à l’Association Internationale des chirurgiensFootnote121 : les réseaux personnels et professionnels du temps de paix sont réinvestis à plein. S’ils témoignent des dynamiques transnationales à l’œuvre dans la résistance, il ne s’agit pas pour autant de s’en faire une représentation idéalisée ; certes, Parker soigne ou côtoie dans la résistance des Français, des Britanniques, des Canadiens, des Américains, des Russes, des Yougoslaves, des Algériens, des Suisses. Mais les préjugés ne tombent pas pour autant : ainsi accable-t-il dans ses rapports les soignants originaires d’Europe centrale, affirmant que les étudiants français de 4e année sont meilleurs et considérant avoir affaire à

un ramassis de ‘Mittel Europe’, qui sont au maquis autant pour sauver leur peau que par conviction nationale ou politique. Ils appartiennent pour la plupart à une race qui n’est pas connue pour son courage dans la bataille, et en conséquence ils ne bénéficient pas de la confiance des chefs. C’est là, toutefois, le matériel dont nous disposons et cela fonctionne assurément mieux maintenant.Footnote122

Rejoindre les maquis représente en effet dans certains cas la seule solution pour les Européens de l’Est présents dans l’hexagone, traqués par Vichy, en particulier quand il s’agit de juifs citadins, exerçant des professions qui leur confèrent de l’influence, comme la médecine.Footnote123 L’appartenance commune à la résistance n’efface visiblement pas, chez Parker, un fort sens de la hiérarchie professionnelle qui s’alimente à ses préjugés.

Il arrive enfin à Parker d’assumer des fonctions inattendues à la demande des maquisards. Il évoque dans ses souvenirs de guerre un épisode dans lequel on lui aurait demandé d’examiner une femme venue demander justice après avoir été violée par un Allemand. Il l’examine avec Paulette Mercier et conclut n’avoir trouvé aucune preuve physique des faits ; ses mémoires gardent le silence sur le sort qui a été fait à cette inconnue en l’absence de confirmation de son statut de victime.Footnote124 De tels procédés, rarement évoqués dans les sources, révèlent toute l’ambiguïté des relations entre maquisards et populations locales, pour lesquelles les premiers peuvent être des protecteurs ou des vengeurs,Footnote125 mettant en place une justice parallèle qui suscite tantôt la crainte, tantôt la satisfaction des ‘civils’. Les soignants des maquis peuvent être associés à ces pratiques justicières ou appelés à les prévenir. Ainsi Parsifal relate-t-il dans ses mémoires le cas d’un confrère qui, terrorisé par la répression, se refuse à soigner les blessés de la résistance, et que les maquisards furieux envisagent d’abattre. Romans-Petit envoie Parker rendre visite à ce médecin, auquel il conseille de quitter la région le temps que les esprits s’apaisent.Footnote126 Ces interventions ponctuelles montrent la confiance accordée aux soignants de la résistance en même temps que les pouvoirs qui ont pu leur être délégués, loin de leurs fonctions premières.

L’aura des parachutés tient aussi à ce qu’ils établissent un lien précieux avec Londres et Alger, matérialisé par les livraisons obtenues. Aboulker par exemple relaie inlassablement au GPRF les demandes des régions à destination de la population civile et des résistantsFootnote127 : organiser les livraisons de matériel figure dans son ordre de mission.Footnote128 Entre fin octobre 1943 et fin mars 1944, les archives mentionnent a minima 11 télégrammes envoyés par Trompette, ainsi qu’une valise entière de documents en févrierFootnote129 et des rapports en novembre, mars et avril, sans compter le rapport final rédigé à son retour en juillet.Footnote130 Les demandes sont établies au prix d’un énorme travail de synthèse, difficile et risqué, effectué par les organisations de la résistance médicale et par Aboulker lui-même au cours de son ‘tour de France des terrains’. Elles traduisent une fine connaissance de l’état sanitaire de la France et des besoins de la résistance. En mars par exemple, Aboulker envoie une longue liste des produits de première nécessité qui font défaut en raison des réquisitions allemandes : instruments chirurgicaux et radiologiques, matériel de pansement, insuline, ‘parce que les Allemands réquisitionnent les pancréas frais dans les abattoirs’, stupéfiants, sérum anti-diphtérique et sulfamides – qui servent désormais à fabriquer ‘des brouillards artificiels anti-DCA’.Footnote131

De la même façon, mais à échelle locale, Parker demande et obtient des livraisons de matériel médical dans l’Ain. Il faut dire que ce département est une plaque tournante des parachutages et même des atterrissages clandestins : les maquis de Romans bénéficient d’une solide connexion avec Londres. Dans son rapport du mois d’août 1944, Parsifal souligne que les ‘colis de premiers secours sont inestimables’ et recommande tout particulièrement certains contenus à destination des maquis ne disposant que d’infirmiers.Footnote132 Tout comme les résistants de l’intérieur, les envoyés du ciel oscillent entre la gratitude pour les livraisons reçues et la colère face à des volumes trop restreints, dirigée tantôt contre le GPRF, tantôt contre les Alliés : chaque livraison ratée ou insuffisante alimente l’impression que les décideurs londoniens et algérois négligent les risques considérables encourus par les combattants de l’ombre. De fait, les services chargés des livraisons doivent se contenter des moyens que les états-majors réguliers consentent à leur laisser, notamment en matière d’appareils et d’équipages, ce qui complique considérablement leur tâche. Les échanges des parachutés avec leurs hiérarchies éloignées témoignent de leur incompréhension, en même temps qu’ils montrent leur évolution au sein de la clandestinité : ils adoptent progressivement les représentations communes à la résistance intérieure, dans laquelle l’usure des nerfs conduit fréquemment à dénoncer l’inaction des stratèges en chambre de Londres et d’Alger. Les rapports d’Aboulker en témoignent ; voici ce qu’il écrit en avril :

[…] après le travail que nous effectuons depuis 6 mois de ‘normalisation’ de l’équipement existant en France, après avoir fait répartir partout les stocks inutilement accumulés près de Paris, après avoir envoyé à chacun de nos responsables départementaux de quoi donner des soins de première urgence à 2000 blessés, après avoir kidnappé des réserves accumulées par des grossistes ou des fabricants trop malins, après avoir récupéré des stocks de l’armée oubliés par les Allemands, après avoir, dans plusieurs cas, repris à l’ennemi le matériel qu’il nous avait volé, après avoir utilisé au profit des maquis les ressources des chantiers de jeunesse, après avoir, avec notre misérable budget d’un million augmenté de quelques dettes, fait du marché noir de pansements et de la contrebande de stupéfiants à travers la frontière suisse, après avoir vraiment fait en la matière tout ce qu’il était illégalement possible de faire et exploité à l’extrême les moyens du bord […] nous vous demandons : EN FAIT DE SECOURS IMMÉDIATS pas même le poids d’une mitraillette, environ deux kilos d’INSULINE SÈCHE EXACTEMENT, QUARANTE MILLIONS D’UNITÉS INTERNATIONALES qui constituent la consommation normale française de 6 mois […].Footnote133

Le double sentiment d’urgence et d’abandon qui tend régulièrement les relations entre résistance intérieure, France libre et Alliés, se lit dans ce rapport plein de colère contenue. Malgré cette identification progressive à leurs compagnons en résistance, les parachutés incarnent aussi l’institution qui les a mandatés, cristallisant parfois les griefs qui peuvent être formulés contre elle.

Des émissaires aux objectifs politiques plutôt que sanitaires ? Rivalités politiques et diplomatiques au sein de la résistance médicale

Ils représentent, en ce sens, des relais d’influence de moins en moins acceptés à mesure que la Libération approche, marquant le retour des désaccords politiques au sein de la résistance et de l’intérêt national au sein de l’alliance. C’est tout particulièrement vrai pour José Aboulker, délégué du CFLN, puis du GPRF en France occupée. Sa mission comprend un volet politique affirmé : contribuer à l’unification de la résistance médicale au sein du CMR – bien avancée à son arrivée – et assurer son plein ralliement à de Gaulle et aux institutions qu’il préside. C’est un rôle comparable à celui de Jean Moulin, mais à l’échelle restreinte des organisations de la résistance médicale, consistant à assurer le contrôle gaullien sur la résistance en vue de la transition des pouvoirs qui s’annonce. Cette fonction, on s’en doute, ne lui vaut pas un accueil unanime des organisations de résistance médicale et du CMR, lui-même traversé de tensions et de rivalités politiques. Son arrivée fait pencher la balance du côté des gaullistes, ce que les communistes n’apprécient guère. Il est, de plus, jeune et peu avancé dans la carrière, tandis que le CMR, surnommé le ‘Jockey Club de la résistance’, rassemble de grands patrons parisiens – comme le rappelle Anne Simonin.Footnote134 Si toutes les parties se félicitent du travail effectué, elles tentent aussi de tirer leur épingle du jeu, de crainte qu’Aboulker ne serve davantage les intérêts de l’une ou l’autre. La Commission Nationale du Service de Santé du CNR écrit par exemple à Alger : ‘Nous avons reçu avec satisfaction la visite du chargé de mission […] il nous paraît néanmoins désirable que l’un de nous puisse discuter sur place des problèmes sanitaires qui se posent dans la métropole […]’.Footnote135 De son côté, Aboulker déplore régulièrement les rivalités politiques qui entravent l’action, indiquant en avril : ‘après quelques mois de paix armée, le CMR subit la loi inéluctable des comités de la résistance : désaccords, propositions par les uns de motions inacceptables par les autres’, mais concluant ‘par l’heureux contraste qu’apportent les progrès constants de l’organisation sanitaire régionale, que cela n’a aucune importance’.Footnote136

Politique, la mission d’Aboulker l’est aussi en ce qu’elle pose les bases du projet sanitaire de la France libre, à la fois pour la période de la Libération et pour la France libérée. Le régime de Vichy a mis en péril la population française en acceptant les réquisitions allemandes, qui l’ont affaiblie et privée de produits médicaux indispensables. Les rapports d’Aboulker documentent précisément ces atteintes qui accréditent la mise en cause de l’État français : sous-alimentation, pénuries de médicaments, mise en veille des hôpitaux militaires, propagation de la tuberculose favorisée par le rationnementFootnote137 – bref, ‘l’apparition de toute une pathologie des restrictions’.Footnote138 Le CFLN puis le GPRF entendent pallier ces manquements du régime maréchaliste, confortant dans un même mouvement leur légitimité et leurs projets pour la France libérée. Le délégué sanitaire inscrit d’ailleurs ses recommandations dans une politique à long terme, indiquant ‘Au point de vue Organisation de la Santé Publique, il n’est pas exagéré de dire qu’elle n’existe pas et que la France est à cet égard en retard de vingt ans sur les pays voisins’, concluant ‘il n’est même pas besoin d’être révolutionnaire car il n’y a rien à changer : tout est à construire’.Footnote139 Ses suggestions concernent aussi le rôle des pouvoirs publics dans une refondation des professions médicales espérée à la libération. Ainsi, les consignes qu’il édicte conjointement avec le CMR pour les soignants de France ne cachent-elles pas leur mépris pour l’Ordre des médecins, créé par Vichy, demeuré silencieux lorsque l’occupant avait voulu contraindre sous peine de mort les personnels soignants de France à dénoncer les combattants de l’ombre blessés. Si ce silence vaut désaveu,Footnote140 il demeure insuffisant aux yeux des organisations de la résistance médicale. Les consignes de mai, tout en soulignant que la majorité des médecins a ignoré cette menace, rappellent que ‘le crime de trahison en temps de guerre est puni de la peine de mort’.Footnote141 C’est bien l’épuration de la profession qui se profile, même si celle-ci reste finalement très limitée, l’Ordre des médecins continuant après-guerre à régner.Footnote142 Plus dur dans les documents qui n’engagent que lui, Aboulker use, en mars, de cette formule lapidaire au paragraphe ‘Service de Santé de l’Armée’ : ‘personnel supérieur à fusiller sauf rarissimes exceptions’.Footnote143 Sa brève affectation au Val de Grâce en 1945 amenderait peut-être ce jugement.

Aboulker ne rechigne donc pas à porter le projet politique du GPRF. Il s’y consacre même dans une seconde mission, qui a cette fois laissé peu de traces dans les archives : un ordre du 25 août 1944 l’envoie à Toulouse, Montpellier et Limoges pour transmettre les instructions du GPRF aux Commissaires de Régions.Footnote144 À la fin de la guerre, il est également chargé de plusieurs missions politiques ponctuelles : à partir de novembre 1944, il est délégué de la résistance d’Algérie à l’Assemblée Consultative Provisoire ; anglophone, apprécié des Alliés, il est, le même mois, l’envoyé du GPRF aux Etats-Unis,Footnote145 puis à Londres en janvier 1945 pour une mission d’étude.Footnote146 Il est, enfin, envoyé deux fois à Alger, l’une à la fin de 1945, l’autre à une date incertaine, pour y représenter le ministère de la Santé.Footnote147 Il prend cependant progressivement ses distances avec le GPRF en dénonçant les violences coloniales, enquêtant personnellement en 1945 sur le massacre de Sétif, avant de prononcer un long discours pour ouvrir un débat sur ces événements à l’Assemblée Provisoire.Footnote148 Démobilisé en février 1946,Footnote149 il rejoint le Parti Communiste Français dans les mois suivants,Footnote150 mais se consacre ensuite à sa carrière médicale : après avoir soutenu en 1945 une thèse de médecine consacrée à sa première mission en France occupée, il gravit les échelons de la carrière hospitalière parisienne, depuis l’internat jusqu’à la chaire de neurochirurgie de l’hôpital Beaujon.Footnote151 Il fait jouer en une occasion ses contacts à l’Ordre de la Libération : pour obtenir une maîtrise de conférence dans son service sous-doté, en 1978.Footnote152 Soignant de formation et homme politique de circonstance, il est, finalement, revenu à sa vocation première.

Il en va de même pour Geoffrey Parker : démobilisé en avril 1946 après une dernière affectation dans un hôpital de campagne en Belgique, il reprend son activité d’avant-guerre.Footnote153 Comme Aboulker, il s’est heurté aux projets politiques divergents des organisations de résistance, même si sa propre mission est avant tout d’ordre médical.Footnote154 Ainsi les chefs de la résistance médicale locale se sentent-ils menacés par son arrivée. Il travaille certes main dans la main avec le docteur René GuilletFootnote155 et sous les ordres directs du chef de maquis Henri Romans-Petit : tout confirme cette bonne entente évoquée dans ses souvenirs de guerre, d’ailleurs préfacés par Romans. Mais tous ses confrères de la résistance médicale ne voient pas son arrivée d’un bon œil. Ainsi de Jacques Guttières, qui note dans ses mémoires : ‘Le 8 juillet, un chirurgien Commandant Anglais a débarqué d’un “Dakota” et dès son arrivée, il a manifesté le désir d’assurer la direction du Service de Santé; je m’y suis opposé en rappelant que j’avais été nommé à cette direction par l’État-Major régional de Lyon.’Footnote156 Parsifal indique quant à lui ‘sur ma suggestion, le Colonel Romans a nommé [Guillet] à la tête de l’administration […] du point de vue du moral français, il était préférable qu’un Français mène la danse, tandis que je restais dans les coulisses […]’.Footnote157

La crainte qui anime les chefs de la résistance est double. D’une part, la présence d’un agent peut servir telle ou telle personnalité ou organisation plutôt qu’une autre, notamment par le biais des approvisionnements. À l’été 1944, la libération se profilant, il s’agit pour chacune d’entre elles d’assurer ses projets pour la France libérée. Dans l’Ain, le cas de Romans est parlant : fort de la première mission interalliée envoyée au maquis à la fin de 1943, il dispose d’un contact direct avec Londres,Footnote158 qui l’autorise à s’affranchir des hiérarchies résistantes : il commande ses maquis à sa guise. Guttières redoute probablement un processus similaire dans les organisations médicales. D’autre part et surtout, l’été 1944 marque le retour de l’intérêt national : tant les organisations de la résistance intérieure que le GPRF craignent, désormais, la possibilité d’un contrôle allié sur la France. Dès juin 1944, le Mouvement de Libération Nationale fait passer par deux fois des consignes de défiance à l’égard des agents alliés présents dans l’hexagone,Footnote159 tandis que l’agent français Jean Rosenthal, affecté en Haute-Savoie, déplore une xénophobie grandissante au sein des organisations de résistance.Footnote160 S’il a été fait justice de la volonté alliée d’administrer la France libérée, les craintes françaises, bien réelles, expliquent ce revirement.Footnote161

Parker répond toutefois à un ordre de mission médicalFootnote162 et son influence reste limitée. Il fait certes plusieurs séjours à Lyon auprès de l’état-major régional du service de santé. Son dossier personnel laisse d’ailleurs entendre qu’il a vocation à intervenir dans l’organisation de ce service, puisqu’il conclut en septembre ‘je crois que ma mission ici est terminée, que ce soit comme chirurgien ou comme ‘démêleur de pagailles’”Footnote163 – une dernière activité qui n’a rien de secret, les services de la France libre recevant copie de ce rapport. En outre, Parsifal ne se montre pas intéressé par des fonctions plus politiques à l’état-major régional, proposées par Renaud : il indique à sa hiérarchie préférer opérer au maquis.Footnote164 L’hypothèse que l’on peut émettre, c’est que le SOE souhaite avoir des agents influents dans les grandes régions de maquis au cas où la concurrence des pouvoirs, à la Libération, tournerait mal, pour assurer le dialogue entre chefs locaux et GRPF. La mission de Parker, exceptionnelle, pourrait s’inscrire dans un tel projet : ses fonctions de soignant lui assurent l’aura nécessaire. Il joue d’ailleurs ponctuellement ce rôle : lorsque Romans est mis aux arrêts de rigueur dans l’Ain, il lui rend visite et intervient en sa faveur auprès du général Koenig, commandant en chef des FFI.Footnote165 À plus long terme enfin, la popularité des parachutés dans les rangs de la résistance permet, aux yeux du SOE, de poser les jalons de la future relation diplomatique avec la France libérée.

Malgré cet horizon, la coopération connaît une brutale remise en question. On se souvient qu’Aboulker devait aussi organiser en amont l’aide médical à apporter aux armées débarquées : il s’agit bien de mettre en avant la contribution française à l’alliance. La livraison de matériel médical prend elle aussi un tour très politique : Trompette recommande que les livraisons alliées s’effectuent a minima après la Libération. Alors que de nombreux documents attestent la nécessité absolue de ces envois, le CMR déconseille, à partir de juillet 1944, d’en demander davantage, probablement dans un sursaut de fierté nationale ; sur le terrain, la consigne demeure visiblement ignorée.Footnote166 Ces rivalités ont cependant des résultats parfois dramatiques : elles entraînent par exemple de décès de Meyer Sassoon. Celui-ci avait survécu aux campagnes de Syrie et au massacre de Saint-Marcel en Bretagne, mais avait été blessé pendant la campagne de Belgique. Voici ce que France Soir rapporte de son décès en 1949 :

[…] il a eu les deux pieds cassés […]. On l’a traîné pendant des jours d’ambulance en formation sanitaire, refoulé de l’une à l’autre. Personne de chez nous ne voulait prendre en charge ce major en uniforme du 2e parachutiste, engagé dans les Forces Françaises Libres depuis 1940, à cause des complications administratives : ‘sujet britannique’, il devait aller se faire soigner dans un hôpital britannique. Tel était le règlement … . Double pneumonie. Gangrène. Voilà comment est mort pour la France le docteur ‘Ben Sassen’ des Bataillons du Ciel.Footnote167

Qui plus est, le frère de Meyer, Philippe, quoique Compagnon de la Libération, doit reprendre ses études de médecine pendant un an et repasser des examens en 1947 : il lui faut compenser son doctorat étranger pour exercer en France.Footnote168 Ainsi s’achève l’épopée des frères Sassoon. Le journal France-Soir, fondé par des résistants, conclut son article sur l’intégration réussie de Philippe Sassoon, sa naturalisation, et ‘l’image merveilleuse qu’il se faisait de son nouveau pays’, sans dissimuler tout à fait l’amertume des résistants d’hier face à des mesures de sortie de guerre qui les dépossèdent de leur victoire.Footnote169

Conclusion

Dans l’ensemble, il faut retenir de ces exemples la complexité de l’engagement dans la résistance médicale : loin de l’image strictement humanitaire que l’on peut en avoir, il recouvre des considérations politiques et militaires interrogeant autant l’éthique des soignants que la pratique improvisée de la médecine à laquelle ils sont contraints, chacun d’entre eux répondant différemment à ces questions. À ce titre, les différentes organisations de la résistance médicale, de même que la politique sanitaire de la France libre, méritent, elles aussi, une étude approfondie. Les parcours de ces trois hommes, inégalement renseignés, témoignent également de la diversité des engagements qui convergent dans la résistance médicale. Au travers de leurs trajectoires hors-normes, l’histoire de ces parachutés laisse aussi entrevoir les épreuves propres à l’exercice de la médecine clandestine et la difficulté à en rendre compte. Elle montre enfin comment se construit, par la force des choses, un habitus de la clandestinitéFootnote170 à l’origine de solidarités durables, qui parfois rebat les cartes des hiérarchies professionnelles et sociales, parfois au contraire les conforte. Ces éléments, communs aux pays occupés, jettent les bases d’une histoire européenne des résistances médicales, fondée sur les expériences de guerre davantage que sur les récits nationaux. Au-delà, cette histoire décloisonnée du soin dans la guerre irrégulière ouvre, à terme, sur la comparaison avec d’autres conflits, notamment en contexte d’insurrection et de contre-insurrection.

Si dans cet article les femmes n’apparaissent que de façon secondaire, il invite, en interrogeant les assignations de genre, à chercher ce qu’a été leur place dans ce monde résistant, souvent combattant, dans lequel les médecins sont très majoritairement des hommes, et qui pourtant se repose sur des aidantes apportant leur concours de mille façons à la résistance armée, notamment quand elles sont infirmières, plus rarement docteures, et/ou épouses de médecins. Que l’on songe à Paulette Mercier, aux autres infirmières des maquis l’Ain restées anonymes, ou encore à la future épouse de José Aboulker, évoquée dans ses interviews : sa lointaine cousine, Andrée Aboulker, fille de médecin, engagée dans un réseau de renseignement de la France libre puis déléguée à l’Assemblée provisoire, qui poursuit ensuite sa carrière de médecin.Footnote171 Si les résistantes ont fait l’objet d’un nombre croissant d’études depuis plusieurs décennies,Footnote172 leur engagement médical, ou encore leur transgression des assignations de genre dans la clandestinité, n’ont été que peu étudiés – tout comme, au demeurant, les masculinités en résistance. L’historiographie invite pourtant à interroger les identités de genre et leur redéfinition, ou non, par l’expérience résistante.Footnote173

C’est aussi la dimension transnationale de la résistance que ces histoires singulières contribuent à éclairer. Elles indiquent une circulation des soignants qui implique une circulation à vaste échelle des techniques et des savoirs médicaux dans l’alliance et les pays qu’elle libère. La question reste ouverte de savoir quelles sont les pratiques spécifiques apportées par ces trois hommes, acquises dans les hôpitaux britanniques et français du Royaume-Uni, les hôpitaux civils et militaires d’Alger, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth ou encore le Hadassah University Hospital de Jérusalem. Il est certain par exemple que les protocoles mis au point par le traumatologue catalan Josep Trueta pour soigner les fractures ouvertes pendant la guerre civile espagnole, qu’il avait enseignés à l’armée britannique à la suite de son expatriation en Angleterre, ont été mis à profit par Parker dans sa médecine du maquis.Footnote174 De son côté, le chirurgien britannique laisse des recommandations pour les soignants des guérillas à venir, qu’il publie dès 1946 dans le Journal of the Royal Army Medical Corps.Footnote175 De tels écrits invitent à réintégrer l’étude de la résistance médicale à un espace et une temporalité plus vastes pour mettre au jour les pratiques héritées d’autres espaces et conflits et ses apports propres,Footnote176 ainsi que le réinvestissement ultérieur des savoir acquis sur le terrain – même si la brusque fermeture de la Libération incite davantage à parler d’un moment transnational de la résistance que d’une dynamique durable. Cette brutale ‘désalliance’, marquée par le retour de l’intérêt national, a contribué à façonner une mémoire de la résistance à la charge de ses alliés d’hier, auxquels est reprochée l’insuffisance des moyens accordés aux combattants de l’ombre : le souvenir d’une alliance asymétrique et des rigueurs du combat clandestin se combinent dans cette réinterprétation.

Mentionnons enfin les lectures et relectures mémorielles variées auxquelles ces engagements individuels ont donné lieu. Dans le cas des frères Sassoon, le journal France Soir hésite entre l’histoire d’une intégration réussie et la critique d’une fermeture institutionnelle qui a tué Meyer et en partie privé Philippe de la reconnaissance qui lui était due. La mémoire collective cependant a célébré Meyer, sous le nom de Ben Sassen, au travers du roman de Kessel puis du film Le Bataillon du Ciel : dans une certaine mesure, l’héroïsme sied davantage aux morts qu’aux vivants. Si les trois hommes sont tous décorés, Aboulker, pourtant compagnon de la Libération, peine après-guerre à faire reconnaître les services qu’il a rendus à la résistance entre février 1941 et juin 1943 : un courrier atteste qu’il n’obtient cette reconnaissance qu’en novembre 1980, lorsque, la retraite approchant, il se décide à en faire la demande.Footnote177

Les deux survivants enfin mobilisent leurs souvenirs de la résistance et de la Seconde Guerre mondiale au service de différentes causes ; ces réinterprétations, quoique personnelles, invitent à interroger plus avant les mémoires de la résistance dans leur diversité et leur évolution. Prônant au sortir de la guerre une ‘association’ avec les Algériens,Footnote178 Aboulker s’oppose à la guerre d’Algérie, écornant au passage l’image des officiers pro-Algérie française. Si l’indépendance était alors devenue inévitable à ses yeux, explique-t-il en 1990, c’est aussi parce que la dénaturalisation des juifs avait prouvé aux Algériens que l’assimilation était révocable – un raisonnement qui, sans être unanime, avait des racines anciennes, parfois gommées par les guerres de décolonisation et le conflit israélo-palestinien.Footnote179 Aboulker milite aussi pour l’association médicale franco-palestinienne, créée en 1974, qui apporte son aide aux populations des territoires occupés par Israël.Footnote180 La filiation avec son engagement résistant est revendiquée ; à la fin des années 1990, interrogé sur sa ‘résistance, algéroise, juive’, il répond encore :

Il n’y a pas eu une Résistance juive à Alger, il y a eu beaucoup de Juifs dans la Résistance. Cette révision de l’histoire été imaginée après la guerre, quand les communautés ont pris le pas sur les patries. L’ethnocentrisme, conséquence de l’holocauste et de la création de l’Etat d’Israël, a fabriqué a posteriori une Résistance spécifique juive […].Footnote181

Quant à Parker, il poursuit son engagement professionnel, redevenant, après sa démobilisation, chirurgien des expatriés de Londres et visitant des hôpitaux espagnols, polonais, italiens, américains et soviétiques pour apprendre de ses confrères.Footnote182 Ses mémoires de guerre s’achèvent sur une critique au vitriol du maccarthysme, des guerres de décolonisation et plus largement de ‘l’esprit nationaliste’, assortie de cette question lancinante, qui montre à quel point son expérience résistante l’a ébranlé : ‘Quand est-ce qu’on est un héros et, quand donc, un terroriste et un assassin ? Cela ne dépend d’aucun principe moral : la décision est affaire de chauvinisme.’Footnote183

Références

Sources non publiées

Archives de l’Ordre de la Libération, Paris, France

1A (Philippe Sassoon)

1A6 et 1A7 (José Aboulker)

Archives Nationales, Pierrefitte-sur-Seine, France (AN), séries

- 3AG2 (archives du BCRA) : liasses 192 ; 460

- 25AR (fonds Francis Crémieux) : liasse 114

- 72AJ (archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale) : liasses 80; 64

- 382AP (fonds René Cassin) : liasse 60

- F1a (ministère de l’Intérieur) : liasses 3730; 3732; 3760 (Commissariat à l’Intérieur à Londres, 1941–1944)

- F7: liasse 15,155 (Archives du Sicherheitsdienst en France (1942–1944)

Archives Nationales d’Outre-Mer, Aix-en-Provence (ANOM)

GGA8CAB187. Dossier individuel d’épuration intitulé « Affaire Oulié »

Archives privées de Dominique Sassoon

Service Historique de la Défense, Vincennes, France (SHD)

Série P (Résistance), sous-série 16P (dossiers individuels de résistants) : GR16P/1874 (José Aboulker); GR16P/536449 (Meyer Sassoon); GR16P/536449 (Philippe Sassoon)

The National Archives, Kew Gardens, UK (TNA)

- Serie HS/6 (Home Security, Special Operations Executive in France) : 594

- Série HS/9 (Home Security, Special Operations Executive: Personnel Files) : 1145/9 (Geoffrey Parker); 5/4 (José Aboulker)

Presse

Journal France Soir du 8 mars 1949, ”Sans un hasard, le frère du Docteur ‘Ben Sassen’, des bataillons du ciel, serait encore chômeur” 

Sources publiées

Guttières, Jacques. Le chemin des maquis : journal de marche d’un médecin. Paris : diffusion Raynaud, 1972.

Heslop, Richard. Xavier : The Famous British Agent’s Dramatic Account of his Work in the French Resistance. London : Rupert Hart-Davis, 1970.

Parker, Geoffrey. The Surgery of Abdominal Trauma. London : J. and A. Churchill, 1944.

Parker, Geoffrey. ”The Function and Functioning of a Surgeon in Guerrilla Warfare.” Journal of the Royal Army Medical Corps LXXXVII, n°3 (September 1946) : 101–109

Parker, Geoffrey. Parsifal, un chirurgien anglais dans les maquis de l’Ain. Paris : Flammarion, 1970 (éd. angl., 1968).

Parker, Geoffrey. Surgical Cosmopolis. London : Kimber, 1970.

Paulin, Jean. La rage au cœur : Souvenirs d’un évadé de France, parachutiste SAS de la France libre. Dijon : Damidot, 1948.

Prochiantz, Alec. La chirurgie dans la guérilla : quatre mois de chirurgie dans les maquis du Morvan. Thèse de médecine, Paris : 1946.

Romans-Petit, Henri. Les maquis de l’Ain. Paris : Hachette, 1974.

Acknowledgements

Cet article doit beaucoup aux remarques et aux conseils de Marie-Luce Desgrandchamps, Laure Humbert et Bertrand Taithe, ainsi qu’à nos discussions. Dominique Sassoon a généreusement partagé avec moi des documents et souvenirs de son père, Philippe Sassoon et de son oncle, Meyer Sassoon. Lia Brazil en a patiemment accompagné l’édition. Que toutes et tous en soient chaleureusement remercié.e.s.

Disclosure statement

No potential conflict of interest was reported by the author.

Additional information

Funding

This work was supported by the Arts and Humanities Research Council under [Grant AH/T006382/1].

Notes on contributors

Raphaële Balu

Raphaële Balu works for Sorbonne University as an editorial manager of the digital encyclopaedia of history EHNE (https://ehne.fr/en). She was previously a post-doctoral research associate at the University of Manchester (2021–22), where she contributed to the AHRC project ‘Colonial and Transnational Intimacies: Medical Humanitarianism in the French External Resistance’ (https://colonialandtransnationalintimacies.com/). Her research considers the perceptions, realities and experiences of ‘irregular warfare’ during the Second World War and she is currently investigating the history of medical care within the French resistance. In 2019, she was awarded the prize for the best PhD in Military History by the French Ministry of Defence for her thesis ‘The Maquis, Free France and the Allies: History of a Cooperation’ (University of Caen, 2018). She is preparing a monograph adaptation of this work.

Notes

1. Parker, Surgical Cosmopolis, 45.

2. SHD, GR16P/1874. Fiche manuscrite.

3. SHD, GR16P/536449. Fiche de Meyer Sassoon.

4. Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance : un succès différé.”

5. TNA, HS9/1145/9.

6. Leur ordre de mission en France les distingue des équipages et pilotes tombés étudiés dans Andrieu, Tombés du ciel.

7. Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance : un succès différé.”

8. Vergez-Chaignon, “Les Internes et anciens internes des hôpitaux de Paris de 1918 à 1945.” 

9. Kedward, À la recherche du Maquis, 162–5.

10. Sur ce point voir notamment Wieviorka, Une histoire de la résistance en Europe occidentale.

11. AN, 3AG2/192, dossier 7.

12. Voir Deacon, “Introduction” ainsi que Gildea et Tames (eds.), Fighters across Frontiers : Transnational Resistance in Europe 1936–48 et Wieviorka, “Pour une histoire transnationale de la résistance en général et des militaires.”

13. Gildea and Tames, Fighters across Frontiers, “Introduction,” 5.

14. Voir Le Gac, “Le corps expéditionnaire français et l’armée américaine en Italie (1943–1944).”

15. Wieviorka, Une histoire de la résistance en Europe occidentale.

16. Harrison, Medicine and Victory: British Military Medicine in the Second World War.

17. Ibid.

18. France Soir, 8 mars 1949, ‘Sans un hasard …’.

19. ‘José Aboulker’ : notice sur le site internet de l’Ordre de la Libération.

20. TNA, HS9/1145/9. Résumé des services.

21. Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance : un succès différé.”

22. AN, 72AJ/80, dossier 7 et F7-15,155.

23. AN, F1a/3760 et 25AR/114.

24. AN, 3AG2/192, dossier 7.

25. AN, 25AR/114 et 382AP/60. TNA, HS6/594.

26. SHD, GR16P/1874, GR16P/536449. TNA, HS9/1145/9, HS9/5/4. Archives de l’Ordre de la Libération (OL) 1A6 et 1A7 (J. Aboulker).

27. Parker, The Surgery of Abdominal Trauma.

28. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais dans les maquis de l’Ain, et Surgical Cosmopolis.

29. Merci à Dominique Sassoon de m’avoir confié des documents concernant son oncle, Meyer Sassoon, et son père, Philippe Sassoon. Des transcriptions de témoignages de la famille Aboulker sont également conservés dans le dossier de José Aboulker au musée de l’Ordre de la Libération, certains ayant par ailleurs laissé des écrits publiés.

30. AN, 25AR/114, F1A/3730 et 382AP/60.

31. Voir notamment sur la résistance Kedward, À la recherche du Maquis et The French Resistance and its Legacy ; Piketty, par exemple, Français en résistance; Gildea, Comment sont-ils devenus résistants ?; sur l’armée britannique, entre autres Houghton, The Veterans’ Tale; sur ses soignants Acton and Potter, Working in a World of Hurt.

32. Parker, Surgical Cosmopolis, 46.

33. Sur ces unités chirurgicales, voir Harrison, Medicine and Victory, 155 et suiv.

34. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais,17–24.

35. Parker, The Surgery of Abdominal Trauma.

36. Parker, Surgical Cosmopolis, 63.

37. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 30–2.

38. OL, 1A6, biographie résumée.

39. SHD, GR16P/536449. Fiches de M. Sassoon et de P. Sassoon.

40. Ibid.

41. OL, 1A: dossier personnel de P. Sassoon, ‘“Questionnaire”’ (non daté).

42. Bracha and Shneerson, “Les Juifs de Syrie et du Liban durant la Seconde Guerre mondiale.”

43. Entretien avec Dominique Sassoon, 23 mars 2022.

44. OL, 1A, biographie résumée.

45. France Soir, 8 mars 1949: “Sans un hasard.”

46. Poznanski, “Jewish, French and/or Transnational?” and Poznanski, Aleksov, and Gildea, “Transnational Perspectives on Jews in the Resistance.” Plus généralement sur les étrangers dans la France libre voir Muracciole, J.-F. “Les Français libres étrangers.”

47. Pécout, “Les chantiers de la jeunesse (1940–1944).”

48. SHD, GR16P/1874. Etat des services.

49. Renucci, “La législation antisémite en partage.”

50. Zalc, Dénaturalisés : Les retraits de nationalité sous Vichy, 191–2.

51. Nahum, “L’éviction des médecins juifs dans la France de Vichy.”

52. Zalc, Dénaturalisés, 179–80.

53. Nahum, “L’éviction des médecins juifs dans la France de Vichy” et OL, 1A7, “La Résistance algéroise et le 8 novembre 1942” par H. Aboulker.

54. ANOM, GGA8CAB187. Dossier intitulé ‘Affaire Oulié’, document intitulé ”défense du Docteur Oulié” qui mentionne ces exemptions très rares permettant d’aller au-delà du numerus clausus de 2% prévu par les lois antijuives de Vichy pour conserver un médecin hospitalier dans ses fonctions sur recommandation de ses confrères ; d’après le document, ces exemptions concernent 28 personnes pour l’ensemble de la France. Merci à Bertrand Taithe de m’avoir transmis cette référence.

55. OL, 1A7, “La Résistance algéroise et le 8 novembre 1942” par H. Aboulker.

56. SHD, GR16P/1874 : état des services et AN, 382/AP/60, “Rapport d’Aboulker sur la Résistance en AFN.”

57. SHD, GR16P/1874. Attestation, 18 juin 1979.

58. OL, 1A7, Entretien avec J. Aboulker “Alger, 9 novembre 1942 : des résistants français aux côtés du débarquement allié.” Voir aussi Roberts, “Jews, Vichy and the Algiers Insurrection of 1942.”

59. Neiberg, When France Fell.

60. Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre 1939–1945, 269–70.

61. OL, 1A7, “La Résistance algéroise et le 8 novembre 1942” par H. Aboulker.

62. Ibid. Sur ces internements voir Oliel, “Les camps de vichy en Afrique du Nord (1940–1944).”

63. OL, 1A7. Dossier individuel de résistant.

64. Ofrath, “We Shall Become French”; and Roberts, Citizenship and Antisemitism in French Colonial Algeria 1870–1962.

65. Ibid. pour le contexte algérien. Même si tout n’est pas transposable, en contexte métropolitain, voir Zalc, Dénaturalisés, 228–57 et Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, 137–8.

66. OL, 1A7. Écrits personnels : intervention de J. Aboulker.

67. Pour reprendre l’expression de Muracciole, Les Français libres, 153.

68. Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre 1939–1945, 269–70.

69. Birnbaum, Les Fous de la République et Katz, “Crémieux’s Children.”

70. OL, 1A7, extraits de travaux.

71. Pour reprendre les mots de Wieviorka, “À la recherche de l’engagement (1940–1944),” 63.

72. OL, 1A7. Entretien avec José Aboulker intitulé “Alger, 9 novembre 1942: des résistants français aux côtés du débarquement allié” [non daté].

73. Poznanski, “Jewish, French and/or Transnational?”

74. Sur les facteurs d’engagement dans la résistance de France métropolitaine, voir Wieviorka, Histoire de la Résistance 1940–1945, 102–34.

75. Zalc, Dénaturalisés, 111.

76. Sur une ‘modernité juive’ devant autant à la construction de l’État-nation qu’à l’expérience de l’impérialisme, voir Katz, Moses Leff and Mandel, “Engaging Colonial History and Jewish History.”

77. Sur le lien entre l’identité des juifs de France et leurs positions libérales en contexte colonial, voir E. Katz, “Crémieux’s Children.”

78. Pour reprendre l’analyse éclairante de Poznanski sur la France métropolitaine, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, 206.

79. OL, 1A7, “La Résistance algéroise et le 8 novembre 1942” par H. Aboulker.

80. Marcot, “Pour une sociologie de la Résistance.”

81. SHD, GR16P/536449. Fiche de Meyer Sassoon.

82. Ibid. Fiches de Meyer et Philippe Sassoon.

83. France Soir, 8 mars 1949, “Sans un hasard.”

84. Sur cette question voir Rose, Which People’s War?, 151–96.

85. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 20–42.

86. Dewerpe, Espion, une anthropologie historique du secret d’État contemporain, 213–14 et Foot, Des Anglais dans la Résistance, 117–24.

87. Heslop, Xavier, 20–41.

88. Paulin, La rage au coeur, 163.

89. Cet entraînement, quoique mixte, perpétuait les assignations de genre, voir Pattinson, Behind Enemy Lines.

90. TNA, HS9/5/4. Final certificate.

91. AN, 382/AP/60. Rapport sur l’action de la résistance à Alger les 7–8 novembre 1942.

92. OL, 1A7. Dossier de résistant.

93. SHD, GR16P/1874. Services et affectations.

94. G. Piketty, “La violence subie et infligée par les résistants français à l’ordre nazi et/ou vichyste.”

95. Parker, Parsifal, un chirurgien, 74–5.

96. Ibid., 94.

97. TNA, HS9/1145/9, 1st report.

98. Ibid. 4th report, 9/9/44.

99. Parker, Parsifal, un chirurgien, 94–150.

100. Ibid., 78–80.

101. Ibid., 104.

102. Paulin, La rage au cœur, 249.

103. Comme le montre Harrison, Medicine and Victory, 281 et suiv.

104. Par exemple Guillet, “Guérilla et Service de Santé” ou Parker, “The Function and Functioning of a Surgeon in Guerrilla Warfare.”

105. TNA, HS9/1145/9, “Radio talk” de Parker, non daté.

106. Ibid. Recommandation de Paulette Mercier.

107. Ibid. Second report, 13/8/44.

108. OL, 1A6. Correspondance d’après-guerre. Hommage à Jacques Bingen, non daté. Sur le premier, voir Pavard “Milliez Paul, Lucien, Usmar, Marie,” version mise en ligne le 8 octobre 2013, dernière modification le 19 septembre 2017. URL: https://maitron.fr/spip.php?article145623 et sur le second, Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance: un succès différé.”

109. AN, F1a/3760, Rapport du délégué sanitaire, 28 mars 1944.

110. Ibid. Rapport d’avril du délégué sanitaire.

111. AN, 72AJ/80, dossier 7, pièce 5: archives réunies pour la thèse de J. Aboulker.

112. Ibid.

113. AN, 25AR-114. Compte-rendu de mission, 10 juillet 1944.

114. Voir Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance: un succès différé” et Vergez-Chaignon, “Le comité médical de la Résistance.”

115. AN, F1a/3760, “Le Délégué pour les questions sanitaires aux Responsables Régionaux et Départementaux du CMR, 5 mai 1944.”

116. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 65 et suiv.

117. Ibid., 155.

118. Ibid., 165 et suiv.

119. TNA, HS9/1145/9. Résumé des services.

120. Ibid. 3rd report, 27/8/44 et Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 180–94.

121. TNA, HS9/1145/9. 3rd report, 27/8/44.

122. Ibid. Second Report. 13/8/44.

123. Zalc, Dénaturalisés, 173–81.

124. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 156.

125. Laborie, L’opinion française sous Vichy, 295–13.

126. Parker, Parsifal, un chirurgien anglais, 152–3.

127. SHD, GR16P/1874.

128. AN, 72AJ/80, pièce 5. Archives réunies pour la thèse de J. Aboulker.

129. AN, F1a/3760, Rapport du Délégué sanitaire au GPRF, 28 mars 1944.

130. Ibid. Dossier ‘Service de Santé de la Résistance.’

131. Ibid., Rapport du Délégué sanitaire au GPRF, 28 mars 1944.

132. TNA, HS9/1145/9. Second Report, 13/8/44.

133. AN, F1a/3760. Rapport d’avril du Délégué sanitaire.

134. Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance : un succès différé.”

135. AN, F1a/3760. Commission Nationale du Service de Santé dans la métropole au Chef des services sanitaires du CFLN à Alger, non daté.

136. Ibid. Rapport d’avril du Délégué sanitaire.

137. AN, 25AR-114 et AN, F1a/3760. Documents produits tout au long de sa première mission.

138. AN, 72AJ/80, pièce 5. Thèse de J. Aboulker.

139. AN, F1a/3760. Rapport d’avril du Délégué sanitaire.

140. Simonin, “Le Comité Médical de la Résistance : un succès différé.”

141. AN, F1a/3760, Le Délégué pour les questions sanitaires aux Responsables Régionaux et Départementaux du CMR, le 5 mai 1944.

142. Evleth, “La bataille pour l’Ordre des médecins, 1944–1950.”

143. AN, F1a/3760. Rapport du Délégué sanitaire, 28 mars 1944.

144. SHD, GR16P/1874. Ordre de mission du 25 août 1944 et courrier de J. Aboulker du 11 juillet 1979 et OL, 1A7, Dossier individuel, “Ordre de mission” du 23 août 1944 et “Note pour le commandant Schmitt,” 1er février 1945.

145. OL, 1A7, dossier personnel. Ordre de mission, 5 novembre 1944.

146. Ibid. Ordre de mission du 31 janvier 1945.

147. Ibid. Ordre de mission du 11 septembre 1945 et second ordre de mission mentionnant des dates diverses.

148. Vergez-Chaignon, “Aboulker José,” site du Maîtron.

149. OL, 1A7, Etat des services.

150. OL, 1A6, Lettre de J. Aboulker à Hettier de Boislambert, 6 mars 1978.

151. Vergez-Chaignon, “Aboulker José,” site du Maîtron.

152. OL, 1A6, Lettre de J. Aboulker à M. Hettier de Boislambert, 6 mars 1978.

153. Parker, Surgical Cosmopolis, 88.

154. TNA, HS9/1145/9. Ordre de mission.

155. Ibid. Second Report. 13/8/44.

156. Guttières, Le chemin des maquis, 84 et suiv.

157. TNA, HS9/1145/9, Second Report, 13/8/44.

158. Romans-Petit, Les maquis de l’Ain, 30.

159. AN, 72AJ/64. SG du MLN à toutes régions, tous services, 11 et 20 juin 1944.

160. AN, 3AG2/460. Résumé d’activité 3e mission (7 juin–15 septembre), 5 octobre 1944.

161. Levisse-Touzé, “‘État-major des Forces françaises de l’intérieur’.”

162. TNA, HS9/1145/9. Ordre de mission.

163. Ibid. 4th Report, 9/9/44.

164. Ibid. 3rd Report, 27/8/44.

165. Ibid. 7th Report, 9/10/44.

166. Prochiantz, La chirurgie dans la guérilla, 31–2.

167. France Soir, 8 mars 1949 “Sans un hasard.”

168. Zalc, Dénaturalisés, 179.

169. France Soir, 8 mars 1949 “Sans un hasard.”

170. Des ‘règles du clandestin’ pour Albertelli, Blanc, and Douzou, La lutte clandestine en France.

171. OL, 1A6. J. Aboulker à André Caudron, 18 juin 1990.

172. Voir notamment Andrieu, “Les résistantes. Perspectives de recherche”; Gilzmer, Levisse-Touzé, and Martens (dir.), Les femmes dans la Résistance en France; Lacour-Astol, Le genre de la Résistance; et Weitz, Les combattantes de l’ombre.

173. Comme le montrent par exemple Capdevila, Rouquet, Virgili et Voldman, Sexes, genre et guerres: France, 1914–1945; Douzou and Yusta (dir.), La Résistance à l’épreuve du genre ;Pattinson, Behind Enemy Lines; Pollack, L’armée du silence.

174. Parker, “The Function and Functioning of a Surgeon in Guerrilla Warfare.”

175. Ibid.

176. Suggérée par exemple dans Gildea et Tames (eds.), Fighters across Frontiers.

177. SHD, GR16P/1874. Courrier du Bureau central d’archives administratives de Pau, 10/11/1980.

178. Une position commune chez les juifs d’Algérie, pris entre la métropole et les revendications d’indépendance algériennes, voir C. Zytnicki, “The ‘Oriental Jews’ of the Maghreb,” 47.

179. Katz, Juifs et musulmans en France.

180. OL, 1A6. José Aboulker à André Caudron, 18 juin 1990.

181. OL, 1A7. Entretiens des 25 avril 1998 et 10 août 1999.

182. Parker, Surgical Cosmopolis.

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