Les mondes coloniaux et exotiques dans les grandes expositions parisiennes. Un demi-siècle de présences (1855-1907)

Résumé

Pendant un demi-siècle, Paris accueille le reste du monde et son Empire colonial dans plusieurs expositions universelles et coloniales. Cette mise en scène du monde, à travers des pavillons spécifiques et des présences « indigènes », attire des millions de visiteurs, fabrique un « certain regard » sur l' « Ailleurs » et l'altérité, tout en construisant le regard de la France sur le monde. Paris met aussi en scène des populations « exotiques » afin de divertir les Parisiens et les visiteurs et fabrique le regard de plusieurs générations de Français sur les populations dites « exotiques ».

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Notes on contributor

Pascal Blanchard, member and historian at CNRS - Laboratoire Communication et Politique; Co-director of the research group Achac.

Notes

1 Cet article rétrospectif s’inspire et reprend plusieurs de mes ouvrages et articles précédents, notamment la série d’ouvrages sur Paris (Le Paris arabe, Le Paris noir et Le Paris Asie) publiée au début des années 2000, plusieurs ouvrages sur les zoos humains (notamment Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Nanette Snoep (dir.), Exhibitions. L'invention du sauvage, Paris/Arles: Actes Sud/Musée du quai Branly, 2011 et Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Éric Deroo, Sandrine Lemaire (dir.), Zoos humains. De la Vénus hottentote aux reality shows, Paris: La Découverte, 2002) ; mais aussi des articles sur les présences africaines et maghrébines dans plusieurs ouvrages collectifs et revues (notamment Pascal Blanchard, « Le grand théâtre des expositions », in Driss El Yazami, Yvan Gastaut, Naïma Yahi (dir.), Générations. Un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France, Paris, Gallimard/Génériques/CNHI, 2009 ou l’ouvrage collectif Colonial Culture in France since the Revolution, Bloomington: Indiana University Press, 2014).

2 Les différents guides de l’Exposition universelle de 1855 : Plan-Guide du Palais des Beaux-Arts, n°131, 8 octobre ; Exposition Universelle de 1855. Plan-Guide du Palais de l’Industrie de Bouquillard, n°120, 27 septembre ; Plan-Guide des Galeries-Annexes du Palais de l’Industrie, Paris, E. Panis, 12 octobre, n°135, 1855. Mais aussi de Henri Édouard Tresca, Visite à l’Exposition universelle de Paris en 1855, Paris,:Hachette, 1855.

3 Voir le film documentaire Sauvages, au cœur des zoos humains, 2018, Arte (réalisé par Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet).

4 Voir pour plus de développements : Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Françoise Vergès, La République coloniale. Paris: Albin Michel, 2003.

5 En 1880, une caravane militaire française, conduite par le colonel Flatters, tente de traverser le Sahara pour assurer la liaison entre l’Algérie, le Sénégal et le Soudan, est attaquée par les Touaregs.

6 Voir sur cette question les ouvrages: Philippe David, « Le village sénégalais de Roubaix à l’Exposition internationale de 1911 », Lire à Roubaix, octobre 1999 ; Laurick Zerbini, Lyon : miroirs de l’Afrique noire ? Expositions, villages musées (1860-1960), thèse de doctorat, Université de Lyon 2, 1998.

7 Voir sur cette question l’ouvrage : Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch (dir.), Marseille, porte Sud. (Paris/Marseille:La Découverte/Jeanne Laffitte, 2006).

8 Le développement d’une immigration coloniale est notable à cette époque, puisque des travailleurs maghrébins sont présents dans au moins six régions françaises, et plus spécifiquement dans la région marseillaise, sur l’axe Rhône alpin (Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Lyon), en région parisienne et dans le Nord-Est dans les centres miniers, comme à Courrières, après la catastrophe de mars 1906, où un millier de Kabyles sera recruté.

9 Voir sur cette question l’ouvrage Anne Baldassari, « Corpus ethnicum : Picasso et la photographie coloniale », in Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Éric Deroo, Sandrine Lemaire (dir.), Zoos humains, De la Vénus hottentote aux reality shows (Paris: La Découverte, 2002); Anne Baldassari, Picasso et la photographie. À plus grande vitesse que les images.(Paris: RMN, 1995.)

10 Va se tenir alors, à Paris, le premier congrès arabe (ou arabo-syrien) en juin 1913, marquant la défiance des nationalistes arabes vis-à-vis des Jeunes-Turcs avec, en toile de fond, les attentes des réformistes au Maghreb.