L’avènement du camping en France (1900-1970) : essai de généalogie de l’habitat de plein air

ABSTRACT

The nineteenth century, faced with rising industrialization and urbanization, saw an increased sensibility regarding the return to nature, known as the outdoors. At the same time, multiple ways became apparent of dwelling natural spaces left empty by diminishing agricultural activity. These open-air playgrounds were revisited by city dwellers yearning for fresh air. With this exploration of nearby nature, a veritable poetics of dwelling was produced by daydreamers in tents, huts, cabins, caravans and other forms of recreational habitats. It is this singular experience of the self and the world which forms the perspective of oikoludens, the history of which the author attempts to trace. From the romanticized image of camping in the forest or in a cave, to standardized, industrially produced huts for leisure use, a whole spectrum is displayed of an investment in our ‘wild sides’ which only dwelling makes possible.

RÉSUMÉ

Au dix-neuvième siècle, face à la montée de l’industrialisation et de l’urbanisation se développe une sensibilité de retour à la nature que l’on baptise Plein air. Derrière ce territoire sensible, se dessinent de multiples manières d’habiter les espaces naturels laissés vacants par l’amenuisement de l’activité agricole. Ces terrains de jeu à ciel ouvert se voient revisités par des citadins en mal d’air pur. De cette exploration de la nature voisine naît une véritable poétique de l’habiter déployée par les rêveurs éveillés sous la tente, la hutte, le cabanon, la caravane et autres formes d’habitats récréatifs. C’est la singularité de l’expérience à soi et au monde qui dessine alors l’horizon d’un oikoludens dont nous tentons ici de faire la généalogie. Du bivouac sous l’arbre ou dans la grotte dont l’image est popularisée par le romantisme à l’industrie standardisée de l’abri de loisirs se déploie tout un éventail permettant d’investir la part sauvage du social que seul l’habiter rend possible.

KEYWORDS:

• Outdoors
• camping
• living
• oikoludens

MOTS-CLÉS:

• Plein air
• camping
• habiter
• oikoludens

Déclaration de divulgation

Aucun conflit d’intérêts potentiel n’a été rapporté par l’auteur.

Notes

1. La Fédération Nationale d’Hôtellerie de Plein Air tient sa première assemblée générale le 16 mars 1966 et son premier salon professionnel en 1973.

2. En 1910 le catalogue Manu France est tiré à 800 000 exemplaires. La revue le Chasseur Français assure dans ses pages la promotion de l’entreprise.

3. Le terme campisme est proposé par de nombreux auteurs afin de se démarquer de l’emprise britannique sur le plein air par son langage sportif: canoeing, climbing, scouting.

4. Comment ne pas faire le rapprochement entre ces expositions vivantes et l’engouement populaire des Occidentaux à l’égard des exhibitions coloniales où des villages entiers sont reconstitués et livrés à la curiosité du grand public.

5. Correspondance avec Louis Montange. Lettre adressée le 25 novembre 1966.

6. Les campeurs du TCF sont répertoriés au Journal Officiel du 18 janvier 1924.

7. On lui doit notamment Nus dans La forêt (1910), Les Maisons dans les arbres (1914), le Cirque (1918), L’étoile de mer (1937), Adam et Ève (1939), Les loisirs (1948), La Partie de campagne (1954) et le Campeur (1954).