Abstract
De nombreux chiens errants traversent les terrains, les récits et les paysages de Jean Rolin, écrivain reporter en maints lieux de guerre et de fracture du monde. Cette figure animale accède au premier rôle dans Un Chien mort après lui, vaste enquête intercontinentale. Mais dans les récits de cet auteur qui croise les vies et « les avis des bêtes » et des hommes, un animal en appelle souvent un autre. On ouvre ici le champ d’une lecture écocritique de l’œuvre pour observer ce qui se joue dans l’intervalle entre l’oiseau et le chien, lorsqu’ils se lient à un type de lieu récurrent chez Jean Rolin, la zone frontière : les pratiques d’espaces de l’homme et de l’animal, et les effets de suspension, de brouillage et de redistribution des sens qui résultent de leur rencontre : expérience sensible et signification du monde, orientation du vivant. Agissant sur le sujet à la jonction des espaces du monde, de l’écriture et de la lecture, la présence animale manifeste qu’il n’est pas d’anthropologie du geste littéraire sans zoologie.