Abstract
« Bandes de chiens ! » : qu’il s’agisse de disqualifier ceux que l’on martyrise ou d’insulter les bourreaux, l’invective fonctionne dans les deux sens. Cette ambivalence explique le recours préférentiel à cet animal, le chien, pour traiter des tragédies du vingtième siècle hors de tout témoignage historique direct. Au-delà de l’apologue de Franck Pavloff, Matin brun (Cheyne, 1998), cette intervention étudie l’évocation indirecte de la peste brune dans les œuvres de François Bon (Calvaire des chiens, Minuit, 1990) et de Bernard Lamarche-Vadel (Vétérinaires, Gallimard, 1993 ; Tout casse, Gallimard, 1995). Les travaux de Peter Sloterdijk sur « le parc humain » et ceux de Michel Foucault sur le « bio-pouvoir » éclairent ces récits heuristiques qui, par le truchement de l’étymologie, mettent en évidence les syndromes du cynisme totalitaire.
Notes
1. Pour une confrontation de l’œuvre de Lamarche-Vadel avec celle de Volodine, voir Mélanie Lamarre.
2. Xavier de Planhol, Le Paysage animal cité par Jean Rolin, Un Chien mort après lui.
3. Dans l’histoire d’Achab et de Jezabel.