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International Journal for Philosophy and Theology
Volume 21, 1960 - Issue 4
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Original Articles

HET SYMBOLISME VAN DE DUIF

BIJ HET DOOPSEL VAN CHRISTUS

Le symbolisme de la Colombe dans les récits du Baptême de Jésus

Pages 363-376 | Published online: 02 Jan 2013
 

SOMMAIRE

Il était généralement admis que la colombe des récits évangéliques du Baptême symbolisait le Saint Esprit. Ces derniers mois pourtant, plusieurs études d'éminente exégètes, ont ébranlé notre conviction: ce symbolisme de la colombe ne trouve pas une base assez solide dans les rares passages scripturaires, où l'esprit de Dieu est comparé à un oiseau. Nous croyons pouvoir nous en référer à l'article de A. FEUILLET (cfr. la note 4), dans lequel nous trouvons une critique suffisamment fondée de la plupart des solutions données jusqu'ici.

Il est arbritaire d'invoquer le passage de la Genèse (1, 2) et du Deutéronome (32, 11) pour prouver l'existence d'un rapport symbolique entre l'esprit et la colombe. A la rigueur on y trouverait, en comparant ces deux passages avec les Ps. 104 et 18, l'indice d'une ressemblance entre l'oiseau et l'esprit. D'une colombe il n'est pas question.

D'autre part dans la littérature rabbinique, la colombe se trouve maintes fois attestée comme le symbole courant pour désigner le peuple d'Israël. Nous ne citons que le Midrash du Cantique des Cantiques (93b et 101a) et le Quatrième Livre d'Esdras (V, 24–27).

On connaît egalement les passages de la littérature biblique (Ps. 74, 19; Ps. 56, 1; Ps. 68, 14; Osée 11, 11; Cant, passim) où chaque fois le peuple de Dieu est symbolisé par une tourterelle on une colombe. Le titre du Psaume 56 est particulièrement éloquent surtout dans une paraphrase du Targoum: „Louange pour la communauté d'Israël comparée à une colombe silencieuse…” (note 8). Le chapitre 11 du Prophète Osée nous décrit la restauration eschatologique du peuple élu. La colombe y figure comme le symbole de ce peuple en tant que choisi par Dieu.

Avec G. A. F. KNIGHT nous pouvons encore nous inspirer, pour donner plus de consistance à notre image, du petit Livre de Jonas, dans lequel nous voyons apparaître Yon a (La colombe) représentant d'Israël, envoyé pour remplir une mission parmi les gentils, mais qui donne preuve de son incapacité foncière à cause de son égoisme et de son chauvinisme étroits. C'est le peuple entier qui s'obstine et fait naufrage.

Ainsi le symbolisme de la colombe s'est façonné, trait par trait, afin de devenir le portrait parfait de ce peuple choisi de Dieu, élu comme prophète ou héraut du saint Nom de Dieu et envoyé dans le monde entier.

L'existence de ce symbolisme est généralement admise, mais reste sans influence dans l'interprétation du récit baptismal. Pourquoi l'esprit est-il descendu comme une colombe? Voilà la question qui, depuis qu'on la pose, n'a pas trouvé de réponse satisfaisante. On n'a pas suffisamment tenu compte du fait que les Evangélistes, qui étaient Juifs, n'ont pas connu la colombe comme symbole du Saint Esprit, tandis qu'il est fort probable, et même tout à fait normal, qu'ils aient connu la colombe comme symbole courant pour désigner le peuple de Dieu. Toujours est-il qu'ils se sont servi de ce symbole sans explication aucune, ce qui prouve qu'ils parlaient le langage commun en utilisant un symbolisme connu de la plupart de leurs auditeurs.

Quelle en était donc la signification? W. TELFER, G. A. F. KNIGHT et A. FEUILLET ont, chacun à leur manière, proposé une solution, partant de ce symbolisme colombe-Israël. La plus heureuse fut sûrement celle de FEUILLET que nous ne pouvons cependant pas suivre jusqu'au bout, ce qui nous oblige à rechercher une nouvelle synthèse.

En lisant les synoptiques, le lecteur est frappé par la ressemblance de style entre les trois récits. Les mêmes éléments structurels, comme l'ouverture des cieux, la descente de l'esprit et la voix d'en haut, sont visiblement apparentés à un genre littéraire fréquemment employé et qu'on retrouve un peu partout dans la littérature apocalyptique (note 17) et même dans les récits de vocation (Is. 6, 1–6; 64, 1; Ez. 1, 1–28; Jo. 1, 51; Apoc. 4, 1; 7, 56; 11, 19; 19, 11; Act. 7, 56).

La plupart de ces textes traitent de la vocation d'un prophète. Et dans la littérature apocalyptique et prophétique ce genre est devenu le schéma normal pour décrire une vocation qui, d'une manière ou d'une autre, est considérée comme surnaturelle. Les cieux ouverts évoquent, d'après V. TAYLOR (note 18), une prise de contact extraordinaire de Dieu avec l'homme.

Les Evangélistes n'ont donc pas trouvé de meilleure structure littéraire pour faire connaître la véritable physionomie et le vrai rôle de leur Maître. Ils ont situé la vision immédiatement après le baptême administré par saint Jean Baptiste, qui avait reçu la promesse de reconnaître le Messie par la descente de l'Esprit. L'Esprit vient donc, comme auparavant lors de la vocation d'un prophète, indiquer et confirmer la vocation d'un nouveau prophète: le Christ. Celui-ci n'est pourtant pas un prophète ordinaire, car il ne trouve pas son égal parmi ceux qui l'avaient précédé. Lui, il est „l'annoncé”, dans lequel une attente séculaire trouve son aboutissemnt et son achèvement. L'Esprit divin soulignera l'importance de cet événement par une apparition évidemment sans précédant: Il descendra comme une colombe parce que ce symbole est l'image la plus appropriée de ce que le prophète devra être: l'Israël nouveau. L'ancien est révolu, le nouveau commence. Dans le Christ, le peuple contemple dorénavant l'accomplissement du passé, de son passé israélite, d'où jaillira désormais la source d'une vie nouvelle, d'un peuple nouveau: l'Eglise. Le „ὡς”, fréquemment employé dans cette littérature apocalyptique, comme particule désignant une réalité soupçonnée mais moins connue, est aussi employé dans ce récit baptismal pour faire pressentir combien le chose est étrange et mystérieuse, et pour insinuer que l'on veut dire plus que l'on n'exprime.

Il est donc normal que l'Esprit Saint descend sous la forme d'une colombe et non pas d'un aigle par exemple. Car la signification de la colombe nous oriente vers deux choses: la mission spéciale et unique que le Fils de Dieu va assumer comme Israël nouveau, et la présence permanente de l'Esprit dans cette même mission: la fondation de l'Eglise. Ainsi avons nous constaté qu'au début de notre ère, la colombe était généralement représentée comme le symbole du Christ, des Apôtres et de l'Eglise. Ce n'est que plus tard, quand la théologie chrétienne, en élaborant la doctrine du Saint Esprit, peu soucieuse des traditions rabbiniques, interpréta le récit baptismal d'une façon „chrétienne”, qu'on a communément considéré la colombe comme signe du Saint Esprit. Mais de la sorte naquit un symbolisme nouveau inexistant au temps du Christ.

Enfin nous voudrions encore attirer l'attention sur l'idée centrale des premiers chapitres des évangiles synoptiques. Les allusions au peuple d'Israël, à ses rois et ses prophètes, et surtout les tentations messianiques évoquent l'idée de la continuité entre l'Ancien et le Nouveau Testament, entre Israël et le Christ: „Ex Aegypto vocavi filium meum” (Mt. 2, 15 et Osée 11, 1). Les figures de l'Ancien Testament sont donc parvenues, dans le Christ, à leur plénitude de vie et de vérité. C'est ainsi que les Evangélistes ont vu le Christ et c'est ainsi qu'ils en témoignent.

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